Grand Combin : Col des Maisons Blanches - Combin de Grafeneire - Combin de la Tsessette - Col des Maisons Blanches
Samedi 6 juin 2015






Description de l'itinéraire
Accès en voiture jusqu'à Cordonne - Chalet d'Amont - Col des Maisons Blanches - Couloir du Gardien - Combin de Grafereire (4250m) - Mur de la Côte - Combin de la Tsessette - Corridor - Col des Maisons Blanches - Cordonne
Météo
Grand beau, température idéale à ces heures. Cumulus bourgeonnant sur les reliefs, mais resteront innoffensifs toute la journée finalement.
Conditions
Très bonnes conditions sur tout l'itinéraire. Départ de Cordonne en basquette sur le chemin de la cabane de Valsorey sec. On se mouille un peu les pieds lors de la traversée du Torrent de la Trouye. La remontée du Torrent de la Trouye en rive gauche (à droite en montant) est également sèche sans rosée. Par contre, c'est la partie la plus exigeante physiquement vu le terrain à chamois, la raideur et tout le matériel sur le dos. De nuit, c'était bien pénible de trouver le bon cheminement. Il faut monter bien à l'aplomb du Chalet d'Amont, en aucun cas il ne faut se rapprocher du torrent, car on entre dans un terrain de caillasse super raide. On s'y est aventuré et c'était bien craignos; donc rester bien à droite et loin du torrent. On rencontre la neige vers 2600m, lorsque la pente se couche. Très bon regel dès cette altitude. On rejoint rapidement la combe de la Grande Penna. On peut remonter à ski, moyennant de multiples conversions (couteaux nécessaires), le col des Maisons Blanches jusque vers 3200m. Ensuite, c'est à pied, crampons indispensables, car la neige est bien béton jusqu'au col (environ 4 heures jusque là). Bien monter à droite les derniers 100m (moins raide et on évite ainsi la corniche du col). C'est incroyable ce col, on arrive vraiment au pied de la face nord du Combin de Valsorey de manière très efficace. On remet les skis pour monter en direction du couloir du Gardien, lui aussi en très bonnes conditions. La progression est rapide en couteau jusque vers le Pt 3764m. Là, on remet les crampons pour remonter le couloir du Gardien. Progression à nouveau rapide grâce à une neige qui cramponne super bien (pas d'enfoncement et neige pas trop dur sur la majorité du couloir, sauf les derniers 50m). Par contre, c'est bien impressionnant, les séracs sont devenus bien menaçants depuis ma dernière visite en 2011. La traversée sous les séracs pour sortir du Gardien est encore bien marquée, donc aisée. On chausse alors les skis pour monter vers le Grafeneire. Passage des crevasses sans problème (on ne s'est même pas encordé) avec cette neige bien dur. Les cumulus qui bourgeonnaient sur les reliefs au sud nous font renoncer au Grafeneire à peine à 100m (on l'a toutes les deux gravi déjà précédemment), vu que l'objectif c'est le Combin de la Tsessette. L'accès au mur de la Côte est bien plus impressionnant que le mur lui-même. D'abord une descente en neige dure entre les crevasses depuis environ 4250m, puis neige bien gelée lors de la traversée horizontale (la glace n'est pas loin sur une courte portion). On débouche alors au-dessus du mur avec pas mal de vide sous les spatules. Heureusement vu l'orientation du mur, la neige a déjà l'air décaillée en surface. Je me lance et ça passe nickel (la rimaye commence à s'ouvrir, mais pas de soucis à ski). Ensuite montée tranquille jusqu'au Tsessette, enfin un peu de plat dans cette verticalité. La descente du Corridor doit se faire par bonne visibilité dans sa partie haute, cheminement pas aisé entre de nombreuses crevasses. Après cela, suit la partie exposée aux séracs. De nombreux débris sont posés sur la neige, dont certains ont une taille énorme. L'itinéraire reste exposé sur quelques 300-400m de dénivelée. On ferme les yeux et on fonce droit en bas sans s'arrêter pour rester le moins longtemps exposé sous ces pyramides colossales. Les cuisses chauffent, mais heureusement la neige dure est facile à skier. Retour tranquille sans remettre les peaux jusqu'au col des Maisons Blanches. La pente du col est parfaitement décaillée, un vrai plaisir de pente raide. On termine par une neige ramollie, à peine collante. Suit une longue descente à pied, mais de jour les talus herbeux raide en rive gauche du Torrent de la Trouye se descendent sans trop de peine si le terrain est sec.
Durée
Départ de Cordonne 2h, Col des Maisons Blanches 6h15, sommet du couloir du Gardien 9h, Grafeneire 4250m 9h30, Combin de la Tsessette 10h30, fin du ski 12h30, arrivéee à Cordonne 14h15.
Commentaires personnels
Whouaou!!! Quel voyage, quelle bombée!!! Tout simplement magnifique, une course vraiment complète et bien exigeante. La verticalité est de mise sur quasi tout l'itinéraire et on ne peut que rarement se lâcher. On a bien avancé tout du long, poussée à mettre un pied devant l'autre par différentes craintes de chacune. Les paysage sont à couper le souffle et quel bonheur de se retrouver au sommet du couloir du Gardien à 9h du matin, complètement seules sur ma montagne préférée. Finalement, j'adore partir au milieu de la nuit, c'est assez magique. En plus, là avec la grosse lune, il ne faisait pas si sombre. Daniela a craint toute la montée, et les jours précédents la course aussi, le danger objectif lié aux séracs. C'est vrai que le risque reste majeur tant dans le couloir du Gardien que dans le Corridor. Merci à elle d'avoir quand même accepté de faire ce voyage, on fait une belle équipe. Moi j'ai craint les orages, j'avais peur qu'un vilain cumulus vienne envelopper le Grand Combin et qu'on doive renoncer à la traversée sur le Combin de la Tsessette après tous ces efforts d'être monté là-haut. Je clos ainsi l'ascension de tous les grands 4000m de Suisse (il restera le Hinter Fieschhorn et la cabane Margherita). Le mur de la Côte et la descente du Corridor restent le clou de cette ascension, l'adrénaline est bien là. Jamais je n'aurais cru être capable de monter sur cette immense montagne en un seul jour. Mais, sachant que mes petites filles m'attendent à la maison et grâce à mes grands maîtres Maurice et Laurent, on se découvre des ressources inimaginables… Merci à mon gentil mari pour la confiance qu'il m'accorde à me laisser partir là-haut.
Commentaires
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