Comme de lents pirates...
Chapitre 1 : Introduction trop longue !
J1 – Un grand départ
Vendredi 24 février, ça y est, c’est le grand départ. L’objectif du jour est d’aller jusqu’à Mendoza avec Fred et Anthony. Mes sacs sont prêts depuis la veille : j’ai un grand sac à dos de rando et un sac d’expé pour trimballer tout le matos. On n’a pas RDV avec Fred et Anthony et impossible de se contacter… Je porte quand même mes 30kg de bagages jusqu’au terminal de bus de Santiago (40min) et les attends… pour rien. Ils n’arrivent pas. Chemin inverse après deux heures d’attente : je n’ai pas le nom ni l’adresse de l’hôtel où on a réservé à Mendoza, indispensables si je prends le bus sans eux.
Je retourne au terminal vers 13h30, heure de départ de mon bus et là qui vois-je ? Mes deux compères autour de leur pile de bagages. Je suis bien content de les voir. La coïncidence est incroyable car il y a plusieurs dizaines de compagnies de bus qui proposent le voyage plusieurs fois par jour. Tomber sur exactement le même bus est fort !
Ils sont arrivés la veille par avion à Santiago et ont logé chez une connaissance. Fred commence le jeu avec un handicap car il a perdu un sac à l’aéroport : au moment de l’enregistrement son sac cabine s’est retrouvé sur le tapis… envolé au petit bonheur la chance… Heureusement, rien de stratégique dedans, mais quand même T-shirts techniques, appareil photo…
Le voyage en bus commence bien (les trajets en bus en Amérique du Sud feront le sujet d’un article à eux seuls) et une fois la frontière passée, Anthony monopolise les toilettes jusqu’à notre arrivée à Mendoza, soit 4h d’affilée.
Complètement malade, une espèce d’intox alimentaire semble-il, on le traîne dans la gare routière avec tous nos bagages. Mauvaise ambiance, des gens tournent autour de nos bagages, on n’arrive pas à obtenir des pesos locaux (il est 21h30 et tout est fermé)… Je finis par négocier avec un taxi de payer en pesos chiliens et je pense qu’il se trompe dans le taux : on s’en tire pour 4,5€ pour 3 personnes… Mais surtout on se casse de ce lieu malsain.
On arrive à notre auberge de jeunesse qui nous semble bien sympa : bar, pingpong, piscine… Après avoir mis Anthony au lit, avec Fred on va manger au resto en face : un italien qui fait un choix de pâtes et de sauces démentiel pour un prix concurrentiel.
J2 – Repérages
On laisse Anthony se refaire une santé et on part avec Fred faire le tour des magasins de location qui existent. Le programme à Mendoza est en effet chargé : il faut qu’on loue le matériel qui nous manque, que l’on achète le permis, que Fred rachète les quelques détails qui lui manquent, que l’on fasse un stock de nourriture pour plus de 2 semaines…
Après avoir fait plusieurs magasins, on choisit celui qui ne nous demande pas de caution ! Ça nous arrange car nous avons un problème de liquidité : aucune de nos 5 cartes de crédit ne nous permettent de retirer de l’argent. On finit par trouver 1 distributeur dans la ville qui daigne nous délivrer quelques pesos.
Nous allons ensuite avec Fred chercher les horaires pour le bus allant à Penitentes, étape suivante de notre voyage. On se perd lamentablement à la sortie du terminal et on ère deux bonnes heures dans les quartiers populaires de Mendoza. Une fois notre trajet retrouvé, on tombe sur Pauline, une française backpackeuse qui passe quelques jours ici avant de descendre sur Ushuaïa et de commencer une remontée fantastique sur le continent.
A midi on retrouve Anthony au resto italien juste à temps pour le voir rendre ses lasagnes à la ricotta (choix ô combien judicieux) et ainsi finir son assiette. On l’emmène ensuite avec nous en repérage pour localiser le bureau des permis et les bureaux de change (fermés). On va boire un coup le soir avec Pauline et on passe une soirée jeux à l’auberge, Anthony toujours dans le même état. On cogite tous sur son état qui est préoccupant : il lui est impossible d’envisager le début d’un trek dans son état. On décide d’attendre le dernier moment (la prise de permis Lundi) pour prendre une décision et on envisage des solutions de départ en décalé si besoin.
J3 – Equipe au complet
Ce jour-là, Anthony semble pouvoir avaler quelques denrées sans vouloir à tout prix les restituer à la terre nourricière. On va donc faire les courses pour 15 jours en autonomie à 3. Le volume et le poids sont tout simplement terrifiants. Voilà comment nous avons prévu les choses :
Matin : muesli, thé, café soluble, miel, raisins secs, Tang (jus de fruit en poudre)
Midi : pain de mie (nombre de tranches par personnes calculé avec 3 chiffres significatifs), un saucisson, du pâté de viande ou du thon (alternés selon les jours), du fromage.
Soir : pates ou riz et une soupe en poudre pour faire passer. Chocolat (ou « bon O bon ») en dessert. Pour tous les soirs passés en altitude (au-dessus du camp de base), nous avons prévu des lyophilisés achetés en France.
On ramène tout à l’auberge en se demandant comment on va pouvoir faire rentrer tout ça dans les sacs. On mange à notre désormais cantine italienne puis on commence à répartir la bouffe entre nous.
A 7h nous allons dans le centre où nous avons rdv avec notre 4e larron, Jean-François, qui a déjà tenté l’ascension du sommet 8 ans en arrière, ainsi qu’avec Viviana, notre contact dans l’entreprise qui gère les mules que nous avons louées jusqu’au camp de base. Viviana nous donne plein de renseignements et nous allons nous coucher tôt après un repas bière-cookies.
J4 – Le changement fait d’l’argent
On se lève tôt pour faire tout ce qu’il nous reste à faire en ce dernier jour : échanger de l’argent, prendre le permis d’ascension, louer le matos, récupérer nos affaires à l’auberge et prendre le bus pour Penitentes.
La journée commence avec une nouvelle incroyable : nous avions planifié un taux de change « classique » entre € et $ARG, mais ce dernier a subi une brutale dévaluation dans la semaine passée. On se retrouve à payer le permis d’ascension moins de 400€ alors que nous avions prévu plus de 600€ ! On se sent pétés de thune et on recalcule les prix des repas qu’on a pris : c’est le tiers monde. Cette crise économique explique peut-être le fait qu’on n’ait pas pu retirer des grosses quantités d’argent au distributeur.
On prend donc le permis avec le sourire, puis direction magasin de loc où je loue un duvet et un masque de ski tandis que les autres prennent moufles en duvet, réchaud, crampons, chaussures à coque…
Tout se passe bien et on prend le bus pour Penitentes, minuscule station de ski au milieu des Andes, toute proche de l’entrée du parc de l’Aconcagua. On y loge dans un hôtel bien confort où on prend notre dernier repas digne de ce nom : une fat côte de bœuf avec des pommes de terre pour moi.
J’ai du mal à dormir, mon esprit va vers le sommet sans cesse. Tantôt je me dis que rien ne m’arrêtera, tantôt que les risques, l’aléatoire et les difficultés liées à l’altitude me paraissent insurmontables.
Chapitre 2 : le camp Confluencia
J5 – On marche enfin !
Le matin on se lève tranquillement, on a RDV avec une voiture pour nous amener à l’entrée du parc à 9h. Je prends le plus gros petit déjeuner possible à l’hôtel en me disant que c’était le dernier vrai avant longtemps et que les suivants seraient rationnés et monotones : thé, café, gâteaux, bacon, œufs, jus d’orange… tout ce qui se mange est bon pour moi.
Nous avons laissé les gros sacs avec tout le matériel hier soir à la compagnie qui va s’occuper de leur transport. L’opération a nécessité de les refaire quasi intégralement pour la 3e fois : il faut un sac pour le premier camp du soir et pour le lendemain tandis que les autres sacs fileront directement au camp de base dans deux jours avec le gros de la nourriture et de l’équipement d’altitude. Ce transport s’effectue par convoi de mules. Ce sont ces mêmes mules qui amènent le ravitaillement aux différents camps.
La voiture fait d’abord un stop chez les Guardaparque à l’entrée du parc. Là on effectue le check in avec notre permis d’ascension. A partir de ce moment nous disposons de 20 jours dans le parc. Les Guardaparque nous donnent aussi à chacun un sac poubelle numéroté que nous nous devons d’utiliser et de descendre plein à notre sortie du parc.
On reprend la voiture sur 1,5km qui cette fois nous dépose définitivement. Commence alors enfin ce pourquoi on est venus ! Marcher !
La mise en jambe est plutôt tranquille : 6km et 400m D+ (dénivelé positif) prévus aujourd’hui pour atteindre le camp Confluencia.
On s’enfile donc dans la longue vallée du Rio Horcones en montant progressivement. Au loin, on voit déjà la face sud-ouest ainsi que le sommet ! Fred se sent mal et développe les mêmes symptômes qu’Anthony au cours des 3h de marche. On arrive au camp pour le midi. Le camp c’est un endroit bien plat où les différentes entreprises qui proposent des expéditions toutes organisées ont des grandes tentes à demeure. Chaque entreprise dispose de plusieurs tentes dans lesquelles il y a cuisine, tables pour manger, réserves de nourriture… Certaines font office de dortoir. Nous squattons une table.
Nous sommes autonomes malgré la location des mules. C’est-à-dire que nous n’utilisons pas les services d’un guide. Nous nous plaçons où nous voulons dans le camp et nous squattons les chaises et une table en extérieur et entamons le premier des 14 midis qui seront tous identiques : 5 tranches de pain de mie, 1/3 de boite de thon, 1/3 d’un petit saucisson, un morceau de fromage. Nous avons le droit de nous servir de leurs toilettes (style toilettes de chantier).
Il y a l’eau dans le camp : elle provient d’une source captée en altitude. Nous savons que cette source est extrêmement riche en magnésium et que souvent les alpinistes attrapent la chiasse en arrivant à ce camp. Hélas, il y a un souci quelque part en amont et l’eau n’arrive plus jusqu’au camp. Chacun sa solution : Je m’étais chargé d’eau en bas le matin et ai donc toujours 3L d’eau que j’utilise tandis qu’Anthony, Fred et Jean-François préfèrent l’eau minérale vendue en bouteille au camp pour épargner leur organisme. Heureusement, l’eau revient dans la soirée et je décide de la jouer « local » et de la boire malgré les risques.
On fait une mini reconnaissance hors du camp avec fred pour avoir une vue de haut tandis que Anthony et JF vont plus loin sur une petite colline.
J6 – Plaza Francia
Première journée d’acclimatation qui va nous mener au pied de la face sud de l’Aconcagua, au niveau d’un camp appelé Plaza Francia à 4100m. La face Sud est une immense paroi verticale de 3km de haut balayée par les avalanches et les chutes de pierre. Quelques voies la parcourent mais le niveau et surtout l’exposition aux risques sont incomparablement plus élevés que sur la voie normale.
Je suis en tête du groupe et j’adopte un rythme tranquille, on est partis autour de 9h, il n’y a que 900m de dénivelé et on a toute la journée. En marchant tranquillement on ne se fatigue pas et on avance quand même bien. La devise durant les deux semaines suivantes sera d’ailleurs « on ne s’essouffle pas, on ne transpire pas ». Cela a d’ailleurs l’avantage de ne pas trop souiller les vêtements que l’on va garder longtemps sur nous.
Ce pas lent me vaudra d’être immédiatement intronisé « tracteur » du groupe. Je prendrai souvent la tête de la marche par la suite avec ce pas de tortue. On ne ressent pas d’effets d’altitude. Il faut dire que l’on monte lentement depuis le départ.
On arrive à un mirador à proximité de la face. Je reste là tandis que les autres veulent aller jusqu’au camp. Je me fais une petite sieste et un poil de bloc sur un rocher à proximité. Les autres reviennent 1h plus tard, on mange et on fait une nouvelle sieste. Début de la descente peu après 14h.
Une fois au camp, on patiente deux heures avant d’aller se présenter à la visite médicale obligatoire. En effet, un médecin détermine plusieurs paramètres physiologiques (tension, fréquence cardiaque, taux d’oxygénation) et se réserve le droit d’interdire à un grimpeur de poursuivre l’ascension si ces paramètres sont mauvais (taux d’O2 < 80% par ex). On patiente pour faire redescendre un peu la pression artérielle suite à notre rando en altitude et on suit les conseils donnés par JF : bien se chauffer les mains avant de passer la consultation (les méthodes de détection sont sensibles à la température). J’y vais en premier et je passe l’épreuve sans souci ! J’ai même un très bon taux d’oxygénation : 94% ce qui montre que mon corps n’a pas de mal à s’habituer à l’altitude, c’est une bonne nouvelle ! Les trois autres passent aussi sans problèmes.
J7 – La vallée plate
Aujourd’hui, grosse journée (presque la plus grosse de l’expé). Il s’agit de terminer l’approche du Cerro (Montagne en espagnol) en reliant le camp de base Plaza de Mulas. Environ 25km de marche et 1100m de dénivelé. Il s’agit d’abord de couvrir une longue distance au fond d’une vallée désespérément plate puis s’élever progressivement jusqu’à buter sur un ressaut de 400m juste avant le camp. On peut difficilement imaginer profil plus merdique et tous les récits que l’on a lus rapportent une journée épuisante, longue avec un ressaut final éreintant.
On part assez tôt pour profiter de la douceur du matin, mais on se fait rapidement rattraper par le soleil et à 9h30 il fait déjà très chaud et on marche au fond d’une vallée plate, sans aucun abri possible. On marche séparément, parfois le chemin n’est pas net et fatigue les jambes. Heureusement tout le matos est là encore transporté par les mules (mais c’est la dernière fois dans ce sens). Autour de 11h on commence à s’élever et on attaque le ressaut final sereinement. J’applique à nouveau la technique du pas qui me semble le plus lent possible et ça fonctionne : les 400m passent sans effort avec JF derrière moi. A cette vitesse de marche, on n’est pas essoufflé par l’altitude. On arrive au camp vers 14h. Passage chez les Guardaparque pour faire le check in puis on va installer le camp à proximité de Aymara, notre compagnie de mule, après y avoir récupéré toutes nos affaires. Les Guardaparque nous donnent le fameux sacacaca : un sac plastique orange allongé, numéroté lui aussi, dont la fonction est de recueillir et transporter les déjections solides de chacun. En effet, au-delà du camp de base et donc pour environ 5j au moins, il est hors de question de chier dans les bois. Déjà parce que il n’y a pas de bois et ensuite car à cette altitude et avec ce froid, les déjections ne se dégradent pas et fossilisent… pas très ‘gustoso’ tout ça.
Dans l’aprèm, on voit arriver deux français qui descendent du sommet (enfin plutôt : ils avaient fait le sommet la veille). Ils sont montés par la voie des polonais, à peine plus dure que la voie normale et surtout bien moins fréquentée. Ils installent la tente et Christophe, l’un des deux, se couche immédiatement. Les deux sont assez mal au point (fatigue extrême, gerçures au nez, aux lèvres, peau séchée par le vent et le soleil…) mais c’est Christophe qui est le plus mal : il n’arrive presque plus à marcher (de fatigue). Il s’est arrêté à 100m sous le sommet, exténué, et des porteurs l’ont aidé à descendre tandis que son collègue portait son sac. Pour moi qui arrive juste au camp de base où on distingue le sommet « juste » au-dessus de nous, ce récit me fait grand effet. Moi qui hésitais entre « ça va passer tranquille » et « ça a l’air juste impossible », ce soir-là je me couche avec des images himalayennes en tête : vents hurlants, neige et montagne impitoyables.
JF décide de dormir en dortoir chez Aymara, il a trop mal dormi les nuits précédentes. On s’approprie plus ou moins une tente-salle à manger d’Aymara car il ne semble pas y avoir de groupe présent chez eux en ce moment. Le repas du soir est classique : riz-bouillie, soupe (pas très bonne), chocolat, tisane. Fred et Anthony commencent à en avoir marre de ce régime. Je suis pour ma part habitué à assez mal manger en rando et je me suis mis en mode « combat » : je suis là pour aller au sommet, s’il faut manger pour y arriver, je mange, je me pose pas plus de questions. Du coup il m’arrive même de manger un peu de rab.
Chapitre 3 : L’acclimatation, tout un programme !
J8 – Le repos du guerrier
Aujourd’hui, repos ! IMPOSÉ !!! Le plan d’acclimatation que nous avons créé lors de notre préparation inclut une journée de repos au camp de base et une autre au camp 1. En effet, on vient de prendre 1100m de dénivelé, on est maintenant à 4300m et le corps est soumis à une rude épreuve. Ce n’est pas tant le fait de monter à une haute altitude qui est difficile que le fait d’y rester. Pour éviter d’exploser, on ne fait rien aujourd’hui.
Le matin c’est déambulation dans le camp, sieste, lecture… On se moque (et on appréhende un peu) de ceux qui partent pour les camps supérieurs : ils ont des sacs énormes et surtout ils marchent tellement lentement ! On regarde un groupe et en 30min on a l’impression qu’ils ont fait 200m… Ça promet.
Le camp est composé de dizaines de grosses tentes tenues par les entreprises qui proposent d’organiser des expés. Elles ont de vraies réserves de nourriture, des cuisines, des dortoirs et les gens qui y travaillent sont souvent des jeunes qui aiment la montagne et qui font ça comme boulot d’été. On peut aussi trouver des restaurants, un service de douches chaudes, internet et des téléphones satellites, le tout à des prix atteignant des sommets.
L’après-midi on décide d’aller se balader à quelques centaines de mètres du camp pour visiter un champ de Pénitents. Ce sont des lames de glace sculptées par le vent dans lesquelles on peut déambuler à loisir.
Les pénitents semblent proches du camp mais comme il faut évoluer hors sentier, que nous sommes fatigués et pas encore acclimatés, ça nous prend une petite heure pour y arriver. On s’amuse un peu en grimpant et s’enfonçant dans le champ de glace.
J9 – Erable et poussière
Première journée d’acclimatation. J’avais l’idée de grimper au Cerro Bonete (5100m) qui est à proximité du camp de base, mais finalement nous décidons de nous engager sur la voie normale de l’Aconcagua et d’atteindre un petit camp intermédiaire peu usité : Canada à 5000m. Cela va nous permettre de monter un petit peu de matériel et de nourriture pour décharger le portage du lendemain qui lui passera par Canada et continuera jusqu’à Nido de Condores (5500m).
On part donc autour de 9h30, heure à laquelle le soleil atteint le camp de base et la voie d’ascension. Il ne sert à rien de partir avant, il fait trop froid. J’attaque en tête avec un pas très lent comme tout le monde nous a conseillé. Nous n’avons pas eu tous la même stratégie pour ce qu’on mettait dans le sac aujourd’hui : certains se sont bien chargés pour ne presque rien porter sur la 1ere partie demain, moi j’ai pris environ 60% de la charge du lendemain. Il me restera donc 40% à monter jusqu’à Canada puis 100% jusqu’à Nido.
On dépasse mon maximum d’altitude jamais atteint autour de 10h10 (4556m). A partir de maintenant chaque pas en avant est un record pour moi ! On dépasse l’altitude du Mont Blanc (4810m) et on y fait une pause symbolique (en pleine pente). La montée se passe bien, on arrive peu après 12h au campement. La fin de la montée (100 derniers mètres) est épuisante : Je ressens réellement là les effets de l’altitude sur ma forme. On y cache les affaires sous un rocher emballées dans des sacs poubelles. On est un peu moins anxieux concernant le fait de laisser des affaires ici car il y a plein de gens qui semblent avoir fait de même tout autour du camp. Petite sieste au camp en se cachant du vent assez fort derrière une pierre. JF va faire quelques pas sur la suite du chemin que nous emprunterons demain.
La descente est hyper rapide : environ 20 minutes pour moi. La face que l’on a remontée est un gigantesque pierrier poussiéreux qui se dévale sans efforts.
J10 – Portage de la mort
Aujourd’hui le programme est simple : monter jusqu’à Canada (5000m) pour récupérer les affaires que l’on a laissées hier et poursuivre jusqu’à Nido de Condores (5500m), camp 1, pour les laisser là-haut.
On charge les sacs avant de partir : Je serai assez léger jusqu’à Canada (env 5 kg) puis je récupérerai les 8 kg laissés là-bas. Ce matin Fred n’est pas de la partie. Il souffre depuis hier assez sévèrement des cervicales. C’est à ce niveau que se déclare le mal de tête des montagnes pour certains. La descente d’hier a empiré son mal et il décide de prendre du repos aujourd’hui, quitte à monter à Nido avec un jour de décalage si besoin.
On monte donc à 3, la 1ere partie se passe très bien, je ressens que mon acclimatation s’améliore car j’ai beaucoup moins de mal à l’approche de Canada. On mange au camp puis on charge nos sacs (13kg pour moi) et on continue le chemin vers Nido de Condores. Les trois heures de montées suivantes sont un calvaire pour moi. L’altitude m’épuise, le sac est bien trop lourd, je n’arrive pas à avancer. JF ne va pas plus vite que moi, en revanche Anthony tient une super forme et courre devant nous déprimant encore plus. Je m’effondre une fois arrivé.
Le camp n’a rien à voir avec le camp de base : il est balayé par le vent et il n’y a rien. Pas de tentes d’entreprises, pas de guardaparque… il y a seulement deux tentes où des sortes de gendarmes restent et assurent un minimum de sécurité et de secours le long de la voie normale.
Notre mission puisqu’on l’accepte (et qu’on n’a pas le choix), chercher deux emplacements qui soient : plats, côte à côte, à l’abri du vent. Rapidement on fait l’impasse sur le « à l’abri du vent » car le camp est situé sur l’arrête, à une sorte de col et qu’il n’y a aucun lieu à l’abri. Le vent souffle bien, on repère un endroit et on planque la bouffe à côté.
Je n’ai pas pris la doudoune, je me pèle, il y a un sacré vent et je suis épuisé de la montée, je décide donc de descendre sans tarder et dévale en 45min ce qu’on a mis 5h à monter.
Au camp de base, avec Fred on va voir l’ermite (aussi appelé le berger, le peintre ou le hippie) : C’est un gars qui vit au camp de base et qui peint. Il expose et vend ses peintures dans une galerie (tente) dans le camp… Ce qui en fait la plus haute galerie d’art du monde… chacun son truc. Bref, pour gagner sa croûte, il vend de l’internet et du téléphone. Avec Fred on se partage 15min d’internet (10 dollars) pour envoyer un mail à nos proches. J’avais en effet promis d’envoyer un mail le jour juste avant que l’on quitte le camp de base (après, plus de communications disponibles).
Demain, on quitte le camp de base pour s’installer au camp 1 !
Chapitre 4 : une dépression me déprime
J10 – bis
Une fois les mails envoyés à nos proches avec Fred, on prend la météo auprès de l’ermite. Celui-ci nous répond sans compromis : sommet impossible pour les 5 prochains jours… Mon cœur s’arrête, le sol tourne, je me sens défaillir… Pour appuyer ses propos, il s’assoit devant un ordinateur et ouvre ses 15 onglets météo. On essaye de suivre son Castillan au rythme des graphiques et des tableaux qu’il affiche en faisant dérouler les altitudes et les données. Le constat parait en effet assez clair : entre 80 et 100km.h-1 de vent au sommet prévus pour les 5 prochains jours. Le vent est l’ennemi principal sur ce sommet. En effet, pendant la saison d’été les nuages sont plutôt rares et c’est le vent fort qui, faisant chuter drastiquement la température ressentie, qui impose de faire demi-tour.
On se regroupe donc dans notre tente, partageons l’info et déprimons ensemble. Tout d’abord, pourquoi ne pas avoir regardé la météo avant ? JF y avait pensé mais n’osait pas, les autres nous n’y avons tout simplement pas pensé, absorbés dans nos questionnements sur les portages et sur l’acclimatation. Nous savions qu’il y avait une fenêtre météo les jours précédents (c’était évidemment bien trop tôt pour nous), et nous ne nous sommes pas occupés de ce qui se passait après.
Cette nouvelle change la donne car dans cet état, il est absurde de monter au camp 1 Nido de condores. Il est situé à un col et particulièrement exposé au vent. Monter et attendre une fenêtre au camp 1 signifierait nous épuiser avec le vent, passer de mauvaises nuits, consommer plus de gaz et ne pas avoir accès à des prévisions météo précises. Nous décidons donc de rester au camp de base et d’attendre ici de nouvelles prévisions quotidiennes.
Nous finissons par décider que demain nous irons faire le Cerro Bonete (5100) pour ne pas rien faire et continuer à nous acclimater puisqu’il n’y a que ça à faire.
Je me couche frustré, mais rien n’est perdu : ce n’est que partie remise.
J11 – Cerro Bonete
Départ à 10h ce matin tous ensembles. On passe d’abord devant le refuge qui est à quelques centaines de mètres du camp de base. C’est un vieux bâtiment super grand mais à l’abandon, très froid selon les témoignages récoltés.
On remonte tranquillement la vallée en se demandant tout le long quel est notre sommet… Certains paraissent bien trop hauts, d’autres inaccessibles, les derniers trop loin…. On finit par aller au fond de la vallée en suivant le chemin, il semblerait que ce soit un de ceux qui sont « trop loin ». Là, dissension au sein du groupe : deux sommets sont éligibles au rang de « cerro bonete », mais lequel est-ce ?? Lequel est le plus haut ?? Celui de droite ou celui de gauche ?? L’assemblée est déchirée à 2 voix contre 2, les arguments et attaques fusent et restent sur un statut quo : il n’y a qu’une seule manière de savoir… Arrêter de discuter, nous sortir les doigts et poursuivre sur le chemin, on verra bien.
On remonte donc tous pour atteindre une crête puis on suit le sentier qui nous amène indubitablement sur le sommet de droite qui, au fur et à mesure de la montée, se révèle incomparablement plus haut que l’autre. Fred et JF seront forcés d’admettre leur erreur, leur mauvaise foi ne pouvant même plus être invoquée ! La fin de l’ascension se passe sur un terrain un peu rocailleux, assez différent de ce qu’on a rencontré jusque-là. Je prends à nouveau touuuuuut mon temps pour monter et arrive avec Anthony bien derrière les deux autres.
On descend jusqu’au fameux replat de la discorde pour manger au milieu de pénitents de glace. On a fait luxe ce midi : entorse au règlement, on a monté des lyophilisés (plats tout prêts déshydratés), un réchaud et du gaz. Jean-François descend sans manger pour prendre de l’avance.
Après une heure, on se bouge nous aussi et on rentre au camp. Je rattraperai JF dans la descente et on arrivera au camp ensemble.
Prise de météo conventionnelle : toujours mauvais à 5j… On est surpris, l’ermite confiant nous dit que le mauvais temps dure rarement plus de 5j consécutif.
Deux nouveaux calculs se posent alors. D’abord si vous vous souvenez bien, hier, nous avons monté la nourriture au camp 1. Ce qui signifie que l’on n’en a plus. Demain on n’a pas le choix, il faut remonter en chercher. D’autre part, il nous faut compter les jours qu’il nous reste chacun pour faire le sommet.
Pour JF ce calcul est simple : il doit prendre un avion le 10 à Mendoza, il faut 2 jours pour descendre du sommet, il y a 5 j de mauvais temps annoncés, nous sommes le 3… C’est trop tard, il ne pourra pas faire le sommet. C’est une grosse déception pour lui, il l’avait déjà tenté il y a 8 ans et déjà raté a pas grand-chose. Il va monter demain à Nido pour récupérer les affaires qu’il a laissé tandis qu’on redescendra un peu de bouffe nous.
Pour Fred et Anthony, le calcul n’est pas à appliquer tel quel, en effet ils n’ont pas vraiment de date de retour impérative : ils ont tous les deux prévu de passer plusieurs semaines en Amérique du sud après l’expé. Cependant, ils ne sont pas prêts à rester des semaines au camp de base et préfèrent aller profiter du reste du pays. Ils s’autorisent quelques jours supplémentaires.
Reste moi : Je dois accueillir Lisa le 14. En supposant que j’arrive à prendre un bus immédiatement à notre descente, je peux tenter le sommet au maximum le 11. Nous sommes le 3, on voit jusqu’au 8, il reste 3 jours à attendre.
Ce soir je suis extrêmement tenté par déménager au camp 1 demain. On y sera certes moins bien, mais on continuera notre acclimatation plus en altitude (1200m au-dessus tout de même) et serons ainsi prêts à réagir rapidement à une fenêtre météo. L’ermite ne nous le conseille pas, JF non plus, Fred et Anthony sont contre… Je m’entête un peu, d’autant qu’on a le matos pour faire deux groupe, mais je finis par me laisser convaincre.
Je vais me coucher encore plus frustré qu’hier et commence à s’installer de la peur : et si nous n’avions pas l’occasion de tenter ? Et si on restait bloqués ici, sans pouvoir au moins aller voir à quoi ça ressemble…
J12 – Un aller-retour pour vivres
Ce matin Anthony ne nous accompagne pas, il fait une petite rechute et est un peu malade.
On remonte jusqu’à Choléra, je commence à ressentir les bienfaits de l’acclim : on monte plus vite, on est moins fatigués. Pause repas à Choléra, puis direction Nido. Je galère bien moins que les fois précédentes.
Fred en revanche pour qui c’est difficile. Il arrive avec un peu de décalage mais rien de grave. On retrouve notre petite cachette, on récupère ce que l’on veut tandis que JF prend toutes ses affaires. Il n’y a que très peu de tentes au camp, ce qui confirme que la période n’est pas adéquate.
Fred et JF descendent de suite, moi je préfère traîner à 5500m pour profiter de l’altitude. Je me cale d’abord derrière un rocher à peu près à l’abri du vent, mais finalement j’opte pour la seule tente dôme présente qui appartient à une entreprise locale et qui est déserte. Je suis bien, je m’endors à moitié emmitouflé dans ma doudoune.
On ressent ici terriblement l’altitude. Alors que je suis en train de m’endormir, je me réveille dans une grande inspiration (comme après une apnée à la piscine) alors que je ne m’étais pas arrêté de respirer. Seulement le ralentissement de la respiration ne fait que le corps manque d’oxygène et force à sortir d’apnée d’un coup. C’est très déroutant la 1ere fois, puis je m’y habitue. Après avoir traîné au camp presque 4h, je prends le chemin de la descente qui sera longue car je m’arrête pour faire beaucoup de prises vidéo pour le futur film.
JF nous offre un lyoph’ tartiflette qui va se périmer et qui habille galamment notre repas. D’autre part, nous sommes invités à manger dans la tente-cuisine des employés car des groupes sont arrivés et occupent les tentes que nous squattions jusque-là. Juan, le cuistot nous offre une grosse part de hachis Parmentier chacun ainsi qu’un dessert à base de crème. Nous sommes comblés par un tel repas inattendu. On discute pas mal avec tout le monde qui est là.
Le soir, la météo n’est toujours pas bonne pour les 5j prochains, nous jouons réellement de malchance ! Même combat intérieur : j’ai envie de monter le camp à Nido, je trouve ça beaucoup plus logique et si une fenêtre se découvre nous serons vraiment très bien acclimatés. Néanmoins mes compagnons réussissent une fois de plus à m’en dissuader avec des arguments que j’oublierai plusieurs fois au cours de la nuit où je me réveillerai en me disant « il faut que je monte ».
J13 – Blockés !
Toujours au camp de base que l’on commence à bien connaitre, ce matin JF part avec tout son matériel. Il va rejoindre Mendoza et profiter des 5j qu’il lui reste avant son retour pour visiter Buenos Aires.
Pour nous, c’est matinée détente, puis Anthony me raconte qu’il a vu un endroit où on peut faire du bloc (escalade sans matériel sur des rochers peu hauts) un peu en contrebas du camp. Ni une ni deux on se motive et on va voir ça après le midi.
Effectivement il y a un champ de bloc avec une bonne 15aine de blocs exploitables. On est tous seuls, on décide donc de les explorer dans l’ordre. Au 3e, un local arrive : Il a travaillé au camp l’année précédente et maintenant il prépare le Guide en Argentine. Il commence par mettre des chaussons et à s’échauffer (nous grimpions en grosses chaussures et à froid comme des porcs). Il m’explique le bloc en question, et nous échangeons pas mal sur le métier de guide ici.
Ensuite ce sont une 30aine de personnes qui arrivent d’un coup vers 16h et qui viennent grimper. Ce sont tous des gens qui travaillent au camp : médecins, guardaparque, employé, cuisinier, guides… Il y a une bonne ambiance, le Maté tourne et ça envoie des blocs bien sévères. C’est simple, ils sont tous meilleurs que nous. On fait quelques tentatives sur les parcours qui semblent les plus simples et de temps en temps une radio grésille, quelqu’un se lève précipitamment et se met à courir vers le camp pour répondre à ses devoirs. L’altitude et l’absence de chaussons ont raison de moi et je rentre au camp après une prestation déplorable.
La météo n’annonce toujours rien de probant…. La peur de devoir quitter les lieux sans même être allé plus haut, sans même avoir eu l’occasion de me battre contre ce sommet, de voir ce que c’était là-haut m’assaille. En même temps je suis toujours tiraillé entre ces deux sentiments opposés qui se succèdent et me chuchotent tour à tour « C’est impossible ! » et « Tu vas le faire ! »
Chapitre 5 : Décollage
J14 – Ascenseur
On se lève comme des fleurs ce matin, on petit déj et on va voir le berger pour confirmer un peu les nouvelles météo de la veille. Il nous annonce alors tranquillement qu’il y a une belle fenêtre demain !....... DEMAIN ??!! Il nous demande si on est bien acclimatés, on l’est normalement : on a passé presque une semaine au camp de base et on a fait 4 montées au-dessus de 5000m. Il nous conseille alors de monter le camp aujourd’hui et de tenter le sommet à partir du camp 1 en se levant vers 3-4h demain matin… On regarde quand même les jours suivant et la fenêtre observée hier autour du 10 se confirme.
Branle-bas de combat, on replie le camp et on commence à monter vers midi. Les sacs que l’on a sont très lourds, autour de 18-20kg et on a peine à les mettre sur le dos. La marche commence très mal pour Anthony et moi : on n’arrive pas à avancer, je souffre à chaque pas alors qu’on commence juste. Heureusement à un moment j’arrive à débrancher le cerveau et ça va mieux.
Pour Anthony par contre c’est très très dur. Il supporte mal le poids du sac, on vient l’aider à la pause à Canada et il arrivera avec un bon décalage en haut à Nido. Dans la montée il y a beaucoup de monde. Pour une fois en montagne, ça nous ravit ! Cela signifie que ce n’est pas n’importe quoi de monter à ce moment-là et c’est aussi un gage qu’il y aura du monde sur la voie d’ascension et donc plus de sécurité (en cas de blessure, d’œdème cérébral ou pulmonaire…). On croise notamment notre ami apprenti guide ainsi qu’un Américain avec qui on discute un peu.
On installe notre camp à coté de nos vivres et on décide à l’unanimité que l’on ne tentera pas le sommet demain : le portage nous a bien trop fatigué, une tentative serait vouée à l’échec. De plus, nous préférerions tenter l’assaut du camp 2 à 6000m.
On va manger dans la grande tente dans laquelle je m’étais reposé il y a quelques jours, elle est toujours vide ! Cependant on se doute que cela ne durera pas : avec les fenêtres météo attendues il va surement y avoir des groupes qui vont monter. On mange nos premiers lyophs d’altitude avec délice : Parmentier de bœuf et paëlla pour moi. Fred aura les yeux plus gros que le ventre en tentant un double-purée-jambon, on apprendra à cette occasion que c’est quelque chose à ne pas tenter : impossible à finir si on ne s’appelle pas Obélix.
On sort de notre abri pour observer le coucher de soleil… Uber classe !
J15 – Pétanquista
J’ai assez bien dormi pour cette première nuit à 5500m, et les deux autres aussi. C’est assez rassurant, on se comporte bien, la suite s’annonce bonne ! Aujourd’hui c’est repos (décidément, une expé c’est plus de glande que de sport ;).
On fait pas mal de trucs à commencer par faire fondre la neige. Eh oui, ici pas d’eau liquide, on est obligés de ramasser la neige avec des sacs plastique et de la faire fondre petit à petit.
On fait le tour de nos connaissances du camp et on discute un peu avec tout le monde :
Notre petit guide argentin nous dit qu’il y a une fenêtre le 9 et le 10, ce qui confirme ce qu’on a vu la veille à la météo. Cependant il nous dit qu’il partira du camp 1 pour le sommet. Il a peur de trop mal dormir au camp 2 à 6000m.
Ensuite on va visiter les gendarmes installés là mais ils sont absents : ils sont sur la voie normale pour un secours semble-il. A la place on rencontre 2 argentins qui ont dû renoncer car leur collègue s’est senti mal. Cela nous renvoie à une discussion assez cruciale que nous avions eue entre nous : si l’un de nous a un problème que faisons-nous ? Nous étions tous d’accord pour dire que si le problème a la moindre chance de dégénérer (début d’œdème, grande fatigue, ou au-delà de 6500m), on fait demi-tour sans discussion.
Ensuite on va parler avec notre américain qui a installé son camp quelques mètres plus bas. Il nous révèle qu’il y a de l’eau liquide à quelques pas d’ici : il y a une mare gelée dont il suffit de casser la couche de glace pour atteindre l’eau.
Nous rencontrons aussi Arnaud (belge) et ???? (Moi et la mémoire des prénoms…) qui se baladent en Amérique du sud depuis quelques temps, montagnards et qui ont intégré ce sommet à leur voyage. Ils ont l’air bien sympa, on échange des conseils, des avis sur le jour du sommet : stratégie de choix de camp, d’acclimatation… Eux se sont acclimatés auparavant en allant faire un autre 6000m pas très loin. La technique est habile même si elle nécessite plus de temps.
Enfin, on croise deux français vélocipèdes qui remontent le continent en vélo. Au passage à Mendoza, ils entendirent parler de ce sommet, ils louèrent alors tout le matos et prirent 2 semaines pour le faire… On écarquille les yeux en entendant ça sachant que l’on a mis 6 mois à nous préparer.
L’après-midi nous nous essayons à un sport localo-français : la pétanque cailloux. Idée piquée aux sherpas au camp de base, nous voilà lancés dans une partie endiablée en 13 points suivant toutes les règles de la traditionnelle pétanque marseillaise. Finalement la version « cailloux » de la pétanque présente des avantages de jeu intéressants : il n’est pas nécessaire de porter les boules jusqu’au lieu de jeu : il suffit de se baisser. Le terrain peut être en pente et avec des obstacles (Anthony se révèlera redoutable sur neige). Le choix des boules-cailloux fait partie intégrante du jeu et il est permis d’en changer en cours de partie. L’aléatoire lors du premier rebond donne lieu à des cris tout aussi aléatoires de la part du lanceur.
Petit détail amusant : à cette altitude, tous les gestes commencent à coûter et le simple fait de lever le bras pour viser nous laissera plus d’une fois essoufflés au point d’en devoir laisser retomber le bras et recommencer quelques instants plus tard après avoir repris notre souffle. Au final, ça sera Fred qui nous écrasera deux parties consécutives, sans rémission possible.
Bref, on passe le temps comme on peut : sieste et lecture aussi. On va voir un petit belvédère à quelques centaines de mètre du camp avec vue sur une grande vallée glaciaire côté argentin.
Avec toutes les informations que l’on a recueillies (dont celles des gendarmes finalement revenus le soir vers 20h), on décide de lancer l’assaut du sommet le 9 (nous sommes aujourd’hui le 7). La fenêtre annoncée sera le 9 et le 10 avec environ 40 à 60 km.h-1 de vent, on juge que l’on s’est assez acclimatés et on en a marre d’attendre, on veut attaquer le plus tôt possible. De plus, un peu de neige est annoncée sur ces deux jours et on a l’espoir qu’en y allant le 1er jour les nuages ne soient pas encore arrivés.
On va donc se coucher avec pour objectif demain de monter le camp à 6000.
J16 – Le Choléra frappe
Ce matin on se laisser réveiller tranquillement, il n’y a que 500m de dénivelé à faire, inutile de se presser.
Deux camp d’altitude sont possible, assez proches semble-t-il : Choléra (6000m) et Berlin (5950m). On n’avait pas trop d’avis mais il semble que cette année toutes les expés organisées (avec guide et porteurs et tout le tintouin) aillent à Choléra. La raison semble être qu’il est frappé plus tôt par le soleil le matin.
Ce matin Anthony se sent moyennement bien. On déplie le camp sous le vent et on décide de ne monter qu’une seule tente au camp 2 : elle est relativement spacieuse et en se serrant on devrait pouvoir rentrer à 3 pour la nuit. Comme cela, ça fait moins de travail (montage-démontage) et c’est moins lourd (on gagne 5 kg). On se partage donc le matériel : tente, réchaud, popote, nourriture… et on part en direction du camp.
La montée est suuuuuper dure. On marche de plus en plus lentement, encore pire que lors de la montée au camp 1. Les sacs sont tout aussi lourds et l’oxygène de plus en plus rare. Fred va bon train et nous dépose allègrement avec Anthony. On marche de concert avec notre américain qui a un rythme très différent du nôtre : il marche « rapidement » sur une 30aine de mètres puis fait une pause, alors que nous marchons d’un pas plus lent mais sans jamais nous arrêter. D’expérience des longues randonnées, il me semble que se méthode est plus coûteuse en énergie. A cette altitude où il ne faut surtout pas entrer dans la zone rouge, ce rythme haché me semble suicidaire, mais semble lui réussir.
Anthony tombe réellement malade. Comme lors du portage précédent, il ne supporte pas le poids du sac qui l’épuise littéralement. A presque mi-parcours il décide d’abandonner. Il ne pourra surement pas aller au sommet. J’essaie de le motiver pour continuer mais il est trop malade. Je lui conseille alors de bien se reposer au camp 1 et d’essayer de tenter l’ascension demain à partir de ce camp et nous rejoindre en route. Il me dit que s’il ne tente pas le sommet demain, il nous attendra probablement à Nido.
Il me laisse sa part de la tente (2kg en plus !) et retourne à Nido. Heureusement que nous avons laissé une tente plantée ! Moi je poursuis ma grimpette et rejoint Fred qui m’attendais plus haut en ayant suivi la scène de loin. On continue de monter avec un gros groupe en expé organisée et à quelques dizaines de mètres de Berlin on coupe drei dans l’pentu pour atteindre Choléra.
On regrette ce choix, on aurait mieux fait d’atteindre Choléra en passant par Berlin : nous voilà maintenant engagés dans une grande pente gravillonneuse instable et éreintante. On s’en mord les doigts, on prend notre temps malgré l’impatience d’arriver pour ne pas que ce choix antilogique au possible n’aie de répercussions sur notre état physique de demain.
On finit par arriver en haut de la pente où un petit ressaut rocheux nous attend. On le passe à l’aide des câbles en place et au prix d’efforts surhumains pour lever les pieds à plus de 8cm de haut.
Le camp est situé entre plusieurs éperons rocheux qui ne parviennent pas à stopper le vent. On fait le tour avec Fred mais le seul emplacement plat qui semble à peu près abrité est déjà occupé par une tente. On décide donc d’opter pour l’autre extrême et de choisir un emplacement bien large et bien plat et tant pis pour le vent.
Après avoir un peu misèré à monter la tente, on se réfugie dedans et on se repose un peu. Le vent (fort) permanent et le froid sont épuisants : le seul fait de rester dehors fatigue. Fred se colle à la première mission neige et remplit un plein sac. On s’applique tranquillement à la faire fondre à l’abri tout en discutant des conditions, de l’itinéraire, de nos sensations… on remplit ainsi nos gourdes pour le lendemain. Je me colle à la seconde expédition neige pour notre repas du soir.
Nous essayons de boire un maximum dans l’après-midi pour améliorer l’acclimatation. Nous n’avons presque pas mal à la tête et nous sommes en forme. Plus que jamais dans mon esprit c’est le bronx : vais-je pouvoir dormir ce soir ? N’avons-nous pas fait une erreur en montant si haut, n’aurait-il pas fallu mieux partir de Nido? A quel point cela va-t-il être difficile demain ? A quel point fera-t-il froid ? Serais-je capable de déterminer quand je dépasserai mes limites ?...
Cependant je suis de plus en plus confiant quant à la difficulté car jusqu’à présent je n’ai jamais été en réelle difficulté lors de la marche malgré l’altitude qui commence à être sérieuse… Nous verrons bien demain.
Quelques décisions stratégiques sont prises : Nous décidons de partir à 6h30 du matin. Lever à 5h30 donc. Cette décision est prise car le soleil est sensé se lever ici vers 7h, on ne devrait pas trop marcher dans la nuit mais cela nous laisser suffisamment de temps pour aller jusqu’au sommet. Je décide par ailleurs que je placerai des chaufferettes dans mes chaussures et mes gants dès le matin : il sera surement impossible d’enlever les chaussures pour réchauffer mes pieds en pleine ascension.
Je décide aussi de ne prendre qu’un litre d’eau plus un litre de jus d’orange avec moi. J’ai finalement laissé le coca au camp 1 : trop lourd ! Depuis le début de l’expé on nous rabâche de beaucoup boire, au moins 4 à 5L/ personnes. Au début on se chargeait d’au moins 3 L pendant la marche, puis, voyant que je ne buvais rien en marchant, j’ai fini par réduire la quantité. Au final, 2l durant la marche sont largement suffisants sachant qu’au-dessus de 5000m il fait tellement froid la nuit/matin qu’il est extrêmement difficile de boire l’eau qui approche de 0°, c’est une dépense calorifique énorme pour le corps que d’ingérer cette eau.
Après le repas, décision cruciale : avec quoi dormir ? Je dors avec ma polaire et mes habits du lendemain déjà enfilés pour réduire au max le nombre d’opérations à effectuer au réveil. Je décide de laisser les bouteilles d’eau hors du duvet car elles sont trop froides, j’ai peur de trop me refroidir avec. Je dors aussi avec mes chaussures pour qu’elles soient chaudes demain matin. Fred quant à lui laisse ses chaussures dehors mais dors avec son eau.
Coucher 21h30 …… demain le grand jour !
Chapitre 6 – Comme de lents pirates sur un vaisseau immobile
J17 – A L’ASSAUT !!!
5h30, j’entends « Vivien …. Vivien, c’est l’heure ». Oh punaise ! C’est aujourd’hui, c’est maintenant ! Je dormais tellement que je n’ai pas entendu le réveil et c’est Fred qui me sort des limbes. Comme d’habitude les réveils de grands jours, une vague d’adrénaline me parcourt et je suis à 100% environ 4 secondes après avoir ouvert les yeux.
Immédiatement je me relève, je vérifie l’heure, c’est bon, on est dans les temps.
J’ai tellement bien dormi que je ne me suis pas réveillé ce matin, incroyable ! Je me rappelle avoir somnolé jusqu’à 2h du mat, puis plus rien ! Quand je pense aux récits et conseils qui préconisent d’éviter la nuit à 6000 car on n’y dort pas… je ne regrette rien. Fred quant à lui me dit avoir passé une nuit très moyenne.
On se prépare, j’avale quelques céréales (un maximum que je peux en fait), je finis de m’habiller (sur pantalon, veste gore tex). Fred s’inquiète car le vent semble être sévère dehors. C’est vrai que je n’y ai pas fait attention jusque-là, mais la tente est bien secouée… Son inquiétude est communicative mais je décide de ne pas y prêter attention. De toute façon, on y est, on y va ! Je me concentre plutôt sur ce que j’ai à faire, ne pas faire de gestes inutiles, ne rien oublier. J’avais préparé quasiment tout mon sac la veille au soir, je n’ai donc plus qu’à le sortir.
Je mets mes chaufferettes dans mes chaussures mais au dernier moment un grand doute m’envahit : est-ce réellement une bonne idée ? Certes elles vont m’apporter de la chaleur mais d’une part elles ne vont pas « respirer » et de plus elles vont réduire l’espace libre pour mes pieds dans la chaussure. Le fait qu’elles ne respirent pas est un problème car la chaleur est produite par une réaction chimique entre les composants de la chaufferette et l’oxygène de l’air. Or si elles sont enfermées dans mes chaussures, elles risquent de chauffer 10 min puis plus rien (car plus d’oxygène). De plus il est bien connu des marcheurs du froid qu’il est vital pour ne pas avoir froid aux pieds d’avoir de l’espace dans la chaussure et ne pas avoir les pieds trop serrés… Cruel dilemme face auquel je suis confronté et auquel je dois vite répondre : Fred est déjà quasiment déjà prêt et va m’attendre. Dans la précipitation, j’apporte une solution empreinte d’absurdité : j’enlève la chaufferette d’une seule des deux chaussures. Ainsi, je suis au moins certain d’avoir la mauvaise solution à l’un des pieds…
A 6h30 on se met à marcher dans la nuit. On rejoint le chemin dont on avait repéré le départ la veille (pas dur, c’est le seul !) et on s’engage sur un bon rythme. Il fait très froid, il y a en effet pas mal de vent et on a hâte d’avoir le soleil. Je pars avec la doudoune sur moi, je l’enlèverai plus tard. Loin au-dessus de nous on voit trois frontales qui s’éloignent : ce groupe est vraiment parti très tôt.
Au bout de 30 min Fred m’arrête et me dit que je vais trop vite. En effet, je suis parti sur un rythme très différent de tous ceux que j’avais adopté jusqu’alors, quasiment un rythme alpin. Le pire c’est que je ne suis pas fatigué, mais par contre j’épuise Fred. Je me force alors à réduire significativement la cadence mais nous rattrapons tout de même 2 gros groupes guidés (d’une dizaine de personne chacun).
On fait une petite pause au lever du soleil puis on enquille. On double les deux groupes mais je fais des pauses histoire de les garder toujours plus ou moins au contact pour être certain d’être sur la bonne route. Néanmoins, petit à petit on lâche les deux groupes et en alternant les passages à l’ombre et au soleil, on finit par arriver au camp Independenza à 6300m. Cet endroit n’a de camp que le nom. C’est une sorte de col avec un replat d’une cinquantaine de mètres. Il y a un petit abri de 2m² où il manque des murs et qui est le seul abri du vent inouï qui balaye le lieu ainsi qu’un renfoncement dans la roche. Heureusement, l’endroit est au soleil.
Nous faisons une grande pause ici. Au moment où nous arrivons, le groupe de 3 qui est devant nous reprend le chemin pour la suite et on les perd quasiment immédiatement de vue. Nous savons ce qu’il y a à quelques mètres au-dessus : la Traversada. C’est une des deux difficultés de cette voie normale : une longue traversée le long d’une pente vierge totalement à l’ombre à cette heure. C’est le lieu le plus exposé au vent, sans abri possible durant presque 1km. Il nous faut nous reposer avant de se lancer dedans, nous réchauffer, puis cacher tout ce qui dépasse, rentrer la tête et y aller.
Je mange un bout, je me force à boire et surtout je tente de me réchauffer au maximum : je balance mes pieds d’avant en arrière, je bouge, je profite du soleil… D’un coup Fred me dit qu’il n’est pas certain de continuer. Il a froid aux pieds notamment et il me voit secouer mes pieds pour me réchauffer… Il a moins confiance en son matériel que moi et surtout il doute. Il me dira plus tard qu’il ne s’était jamais trop projeté dans ce genre de moments difficiles et que maintenant qu’il y est, il ne sait plus trop quoi faire et il n’a plus vraiment envie de continuer. Il décide donc de faire demi-tour. Je ne discute pas sa décision. En fait, sur le coup je ne comprends pas, mais je n’ose pas trop poser de questions.
Il me demande si ça ira tout seul, je lui dis que oui, je vais voir ce que je vais faire. Je lui demande aussi si ça lui va de descendre seul, il me répond qu’il n’y a pas de problème. Il me dit aussi qu’il m’attendra soit à Choléra soit il me laisse le camp et redescend retrouver Anthony. Et il s’en va. Partis à 4, me voilà seul sur cette montagne si proche du sommet mais avec encore quelques difficultés devant moi…
A ce moment, les deux groupes avec des guides arrivent au camp et vont se cacher dans l’alcôve de rocher pour se réchauffer comme nous. Les voyant et sachant qu’il y a des gens devant, je décide de partir. Je commence à remonter une courte pente d’une cinquantaine de mètres qui débouche sur une arrête, début de la traversée. Mais au bout d’une minute, à mi- pente, je me fais secouer terriblement par le vent : je n’arrive plus à marcher et je glisse à deux reprises. Je me dis qu’il est dangereux de continuer de la sorte et je vais me cacher sur le côté à mi- pente derrière des lames rocheuses qui m’abritent à peine.
Je décide d’attendre de voir ce que font les groupes avec les guides : s’ils y vont, j’y vais, sinon je fais demi-tour, surtout que maintenant le groupe de 3 de devant doivent être loin : inutile de compter sur eux en cas de problème. En attendant, je mange et boit un coup. L’eau est à moitié gelée dans la bouteille, il est quasiment impossible d’avaler plus d’une gorgée. Pas grave, je n’ai pas soif. Je fais quelques films avec la gopro et dans une manip, une de mes moufles en plume m’échappe.
Comme dans un film, je la vois se faire emporter en face de moi au ralentit. Je ne sais pas si la moufle s’accroche à un rocher ou si le vent la dépose, mais elle s’arrête quasiment immédiatement, à 1,5m de moi. Animé d’un réflexe, je bondis littéralement dessus, sans que ça passe par la case cerveau et m’effondre à l’emplacement où elle était il y a quelques fractions de secondes… Je me relève lentement en regardant sous moi … Miracle ! Je l’ai eue ! Je la remets précautionneusement tout en me maudissant d’avoir failli la perdre aussi bêtement. Plus de moufle, c’est à coup sur le demi-tour sous ces conditions.
Je me réinstalle à ma place et attends que les autres bougent tout en remuant consciencieusement mes orteils et mes doigts. Finalement au bout d’un bon quart d’heure, un guide lance son groupe dans ma direction, puis s’arrête et donne des indications. Je tends l’oreille pour entendre mais ne comprends rien. Les gestes étant internationaux, je comprends qu’il est temps de chausser les crampons ! Habile le guide ! Je les imite donc et me relance dans la pente. Il ne reste que 20m pour arriver à l’arrête.
Avant de déboucher je jette un coup d’œil derrière moi : c’est bon le groupe me suit. Je débouche, et là il hurle. Le vent. Il est est très fort, glacial, mais on peut avancer, d’autant qu’il frappe latéralement. Je me souviens des mots du jeune guide argentin « rentrer la tête et foncer sans perdre de temps : la sortie est vers le haut ». C’est ce que je m’applique à faire : j’adopte un rythme régulier, aussi soutenu que me le permettent l’altitude et les crampons et je ne pense à rien d’autre qu’à remuer mes extrémités. Au bout de 200m je trouve protection derrière un éperon rocheux de quelques mètres. J’y reste quelques minutes, vérifie que les autres me suivent bien car les 3 qui sont devant sont bien loin (mais je les vois désormais) puis replonge dans le vent.
Sur la suite de la traversée, pas grand-chose à dire. J’ai toujours été très concentré, observant le point où je savais que je serai à l’abri du vent. Pour moi c’était assez clair dans l’état où étaient les choses : si j’arrivais au bout de cette traversée, c’était le sommet. Je marche toujours de la même façon : de manière à ne jamais avoir à m’arrêter. Je fais de ce fait très peu de pauses. La fin de la traversée se complique car la pente se redresse et il faut marcher en dévers. Il faut faire bien attention à ses pieds et ne pas se prendre les crampons dans le pantalon.
Avec mon rythme, je gagne largement du terrain sur le groupe de trois qui est devant moi. Je les vise en délaissant le contact avec les groupes guidés derrière moi. Arrivé à la fin de la traversée, je me relâche : je me cache derrière de gros rochers, on est en plein soleil, on peut presque dire qu’il fait chaud. Je mange et je bois un peu, je suis arrivé lorsque les trois (Argentins) devant moi montaient un peu plus haut pour mieux se protéger. Il est maintenant clair que ce sont les premiers de la journée, il n’y a personne devant. Même si ce n’est pas l’objectif, je commence à me dire que ça pourrait être sympa d’arriver en premier là-haut. J’ai clairement repris beaucoup de terrain sur la traversée, on va voir ce qu’on peut faire pour la suite.
La suite justement, quoi qu’est-ce ? La Canaleta (la fameuse), 300m d’un large couloir d’éboulis de pierres plus ou moins stables. Dans tous les récits que j’ai lu, c’est là le passage le plus éprouvant physiquement : on est à 6650m, les cailloux sont casse-patte et dangereux car instables… Sauf que cette année, elle est restée en neige : une langue de neige trace en effet un chemin du bas jusqu’en haut, évitant ainsi d’enlever les crampons et de slalomer entre les pierres ! La chance, d’autant que la neige c’est mou et plat contrairement aux cailloux.
Je commence donc à remonter ce couloir dans la trace des Argentins, il faut cramponner de profil car on monte droit dans la pente et elle doit faire un bon 30°. Mais je me sens sauvé : il fait « bon », peu de vent, du soleil…. En regardant derrière moi, je vois le camp de base à plus de 2000m en dessous, minuscule, je vois le camp 1, ainsi que la traversée que j’ai effectuée…maintenant au soleil… Petite erreur de notre horaire de départ, et pourtant on nous avait averti : il ne sert à rien de partir trop tôt car la traversée est à l’ombre et il fait froid… Eh bien voilà, c’est gagné, en attenant une petite heure de plus, j’aurais plus dormi et fais la traversée au soleil au lieu de me congeler.
Je finis par rattraper les Argentins et les dépasser. Nous ne faisons pas nos pauses aux mêmes moments et nous re-dépassons ainsi plusieurs fois, mais je finis par aller bien plus vite qu’eux sur la 2de moitié de la Canaleta (entre 6750 et 6800m). J’ai l’impression qu’ils sont un peu vexés de se laisser déposer comme ça et qu’ils forcent le rythme mais ça les oblige à faire plus de pauses. Il est évident que je tiens une forme tout simplement exceptionnelle aujourd’hui, beaucoup de signes le montrent : je suis parti à fond ce matin sans le payer ensuite, nous avons rattrapé puis dépassé deux groupes avec des guides, puis j’ai rattrapé ces argentins qui devaient avoir presque 30min d’avance. De plus, je ne ressens rien des sensations décrites par les récits que j’ai pu lire : fatigue extrême, perte de la capacité de décision, abrutissement… Aucune trace de tout cela. Au contraire, je suis bien, je profite du voyage, je m’amuse à aller plus vite… Un réel plaisir. Plus tard je devrai réfléchir aux raisons de cette forme et je crois qu’elles sont triples : ma bonne dernière nuit, notre longue acclimatation (forcée) et ma motivation à aller en haut.
J’arrive en haut de la Canaleta, juste sous une arrête et je me rends compte que je ne sais pas où il faut aller… J’ai toujours pensé qu’il y aurait du monde à suivre, que ça serait évident, mais là ça monte à gauche, ça monte à droite, je ne sais pas quoi faire. Je rigole intérieurement à cette situation ridicule… J’hésite à attendre les Argentins pour voir ce qu’ils font et puis finalement je me décide à aller à gauche en suivant l’arrête: il semble que ça monte plus haut et qu’il y a une espèce de sommet ? Ou est-ce une antécime ? Après m’être élevé de quelques dizaines de mètres, je me retourne et alors je distingue ce qu’il y a de l’autre côté de l’arrête : rien. Ou plus précisément l’incroyable face sud que nous avons tant appréciée du bas il y a plus de 10 jours. La vue est sublime et vertigineuse.
Je continue à marcher mais à partir de là je ne sais pas combien de temps il me reste, je ne me suis jamais posé cette question, je ne sais pas quelle est la configuration, s’il faut que je contourne quelque chose… En fait, je ne connais pas l’itinéraire ! Pour l’instant je continue de monter en suivant l’arrête et les traces de crampons dans la neige. Mon pas est vraiment très lent mais toujours régulier, je continue d’avancer. J’arrive en dessous d’un petit dôme rocheux et commence à le contourner par la gauche. C’est là, ça doit être là. J’espère qu’il n’y a rien derrière, que c’est l’arrivée. Lorsque la neige s’arrête pour ne laisser que de la pierre, je coince mes bâtons entre deux cailloux et grimpe quelques mètres sur les pierres en m’aidant des mains. Un replat se dessine, je me relève, il n’y a plus rien. Plus rien au-dessus. Plus rien à gauche, plus rien à droite, ni derrière… j’y suis, je suis au sommet !
Ah ! Quel bonheur !
Il est très difficile de retranscrire par écrit ce que j’ai ressenti à ce moment-là, mais pour donner une idée, j’ai crié, j’ai pleuré et j’ai beaucoup parlé.
Je prends possession du lieu, je suis en effet le 1er de la journée à arriver en haut et je n’en suis pas peu fier. Le sommet est un replat d’une trentaine de mètres avec une croix couverte de drapeaux en tous genres.
Je déambule, je profite, je regarde aussi loin que je puisse, je fais quelques images, je pense à plein de monde. C’est l’accomplissement de 6 mois de préparation et surtout la réponse à toutes les questions que je me pose depuis le début : vais-je y arriver ? OUI ! Cela va-t-il être horrible ? NON ! Est-ce que ça vaut le coup ? OUI !
C’est un moment important et qui dure une éternité mais je ne parviens pas à faire ressortir cela, donc je laisse de l’espace blanc pour marquer l’émotion.
Enfin finissent par arriver les trois argentins. Ils sont très fatigués. L’un deux s’effondre sur la croix en se signant. Ils déploient diverses banderoles et se prennent en photo avec. Je leur propose de les prendre en photo ensemble et ensuite ils me prennent à mon tour (comme des touristes à la Tour Eiffel). Je leur demande l’heure car ma montre s’est arrêtée en cours de matinée : 12h25. J’estime que je suis arrivé 20 min avant eux, soit environ à 12h. Montée en 5h30, c’est vraiment pas dégueu !
Il me reste un peu de nourriture et d’eau dans mon sac, par acquis de conscience je leur en propose (persuadé qu’ils refuseraient, qu’ils avaient assez) et ils acceptent avec soulagement me semble-t-il. Du coup je leur donne tout ce qu’il me reste : 2 barres et quasiment un litre d’eau. Je conserve simplement un peu de jus d’orange pour la descente.
Et enfin, je commence à descendre. Je récupère mes bâtons et suis le chemin inverse. Je sais à ce moment que si le sommet est dans la poche, je ne suis pas encore à la maison. Il faut prendre garde à ne pas se précipiter et à ne surtout pas tomber et se blesser. Je descends donc avec précaution le haut de la Canaleta jusqu’à tomber sur le 1er groupe qui est en train de monter. Je les observe une minute et le rythme qu’ils ont est bien plus lent que celui que les Argentins et moi avions. Ils marchent 5 pas et s’arrêtent 10 secondes, ça a l’air exténuant.
Je continue ma descente et il y a beaucoup de monde sur la 1ere partie de la Canaleta. Je m’arrête au niveau d’une femme qui vient de perdre son crampon et l’aide à le remettre, je demande aux gens que je crois si ça va et s’ils ont besoin de quelque chose. En continuant à descendre, je croise Arnaud, parti de Nido avec son pote qui a été obligé de faire demi-tour exténué au début de la Canaletta. Arnaud semble bien aller, je pense qu’il ira en haut. A la base de la Canaleta, quelqu’un me demande les conditions de vent au sommet et j’ai alors l’impression d’être Mr météo : environ 30 personnes m’écoutent dire dans un anglais approximatif qu’il n’y a pas beaucoup de vent et que les conditions sont très bonnes à partir de ce point. Je croise mon américain, il termine juste la traversada, il est tout simplement épuisé ! Je crois qu’il ne sera pas allé au sommet.
Je continue à descendre en faisant moins attention désormais : j’en ai marre, je veux rentrer et retrouver les autres. Je revis déjà dans ma tête les instants au sommet. A Independenza j’enlève mes crampons et continue la folle descente. Je me demande ce que Fred a fait finalement : m’a-t-il attendu à Choléra ou est-il descendu rejoindre Anthony ? Arrivé au commencement de la traversada, le vent à encore forci, c’est incroyable : je ne m’entends même plus hurler.
Heureusement ça ne dure que quelques dizaines de mètres et une fois passé de l’autre côté de l’arrête je suis à l’abri.
Arrivé en vue du camp (Choléra), je ralentis le pas car je fatigue, je ne voudrais pas me blesser. Plus je m’approche plus je ralentis, et à 150m du camp, je suis contraint de m’arrêter et de m’assoir. Ça m’amuse d’avoir un si gros coup de mou ici et maintenant. Je me laisse même m’allonger sur le chemin pour récupérer. Puis je me dis qu’on me voit du camp et qu’on pourrait s’inquiéter si on me voyait, alors je me relève et rejoint le camp.
Quelques personnes sont là, je leur demande l’heure : 14h15, j’ai mis 1h30 à descendre tout ça. Je rentre dans la tente et je m’effondre sur mon matelas. Une certitude : Fred est parti. Il m’a laissé deux trois trucs à manger. Je n’arrive pas à dormir mais je somnole un peu ce qui me repose. Je mange aussi car j’ai très peu mangé depuis le petit déj de 6h du mat et je pense avoir dépensé quelques calories. Saucisson et chocolat, un vrai festin !
Habituellement, suite à l’ascension, les gens redescendent jusqu’à leur camp (Choléra, Berlin ou Nido, selon d’où ils sont partis le matin), s’écroulent, y passent la nuit puis redescendent au camp de base le lendemain où ils passent une nouvelle nuit avant d’attaquer la descente jusqu’en bas de la vallée.
Cependant il n’est que 15h et j’ai quand même encore du jus. Et puis surtout je n’ai pas envie d’attendre tout seul une mauvaise nuit, j’ai plutôt envie de rentrer au plus vite. Je me secoue donc les puces (gelées) et je m’applique à démonter le camp seul dans le vent. L’opération me prend quasiment une heure car la tente est extrêmement difficile à démonter seul. Je finis par y parvenir et je charge tout le matos sur mon dos. Mon sac ne ressemble à rien : il y a une tente, une casserole, et un sac à dos accrochés sur l’extérieur de mon sac qui doit approcher les 20kg.
Je descends en collant au cul d’un porteur chargé lui aussi qui fera tout pour me semer mais qui n’aura pas gain de cause (non mais !). Arrivé à l’aplomb de Nido après ces 500m de dénivelé, je cherche notre tente et les deux gars… personne … je m’approche et je traverse le camp : ils ne sont plus là, ils ont dû descendre !
Je suis fatigué mais je ne vais pas remonter la tente ici sous le vent et tout seul. J’enquille donc sans m’arrêter dans les 1200m de dénivelé suivant. Le sac est affreusement lourd, je m’enfonce dans le terrain caillouteux-sableux et je garde en ligne de mire ce camp au loin qui ne daigne pas se rapprocher.
Lorsque je suis suffisamment près, je scrute les tentes pour tenter de repérer celles des gars, mais elles sont tellement toutes identiques (The North Face : VE ou Mountain) que je ne suis sûr de rien. J’espère juste qu’il ne leur est pas pris l’idée de venir me chercher à Choléra depuis Nido tandis que je descendais en coupant par les pierriers avec le porteur.
J’arrive au camp, je me dirige là où nous avions planté le camp à la montée, et la tente est là, avec Anthony ! OUF. Je leur gueule « SUMMIT ! », ravi. Ensuite, je leur raconte rapidement mon parcours, puis je me pose, nous mangeons et je m’endors bien profondément après cette superbe journée où le vent aura été fort mais sans trace de la neige annoncée. 1000m de dénivelé positif, 2600m de descente et un sommet à presque 7000m entre les deux, je suis aux anges.
Chapitre 7 – Ça descend plus vite que ça ne monte
J18 – Civilisation
Ce matin réveil tranquille autour de 8h30. J’ai la forme pour l’instant et ne semble pas payer la redescente violente de la veille. Nous petit déjeunons, puis nous déplions rapidement le camp et rangeons toutes nos affaires, dont celles que nous avions laissées au camp de base avant de monter en altitude.
On empile tous nos sacs au lieu de rassemblement des mules, mais au moment de faire le check avec la responsable, problème : elle n’a qu’une mule réservée sur son papier pour nous… Alors que je me vois déjà descendre avec un de mes deux sacs de matériel sur le dos, Anthony ne se laisse pas faire et dégaine une armada de papier qu’il conserve depuis le début de dont l’un d’eux nous tire d’affaire, prouvant que l’on a bien payé pour deux mules.
L’esprit plus serein, on attaque la descente sachant qu’il faut avaler deux étapes de montée d’un coup : en effet, on ne s’arrêtera pas au camp Confluencia, on redescend directement dans la vallée, soit une trentaine de km de marche pour 1400m de dénivelé négatif. On commence par la partie la plus raide, puis la pente s’adoucit jusqu’à devenir totalement nulle au commencement de la vallée infinie (en vrai : vallée du rio Horcones). Jusqu’à la, je suis bien. J’ai la forme, j’avance bien, je ne suis pas trop fatigué. Cependant, progressivement, les km de plat casse-patte de cette vallée ont raison de moi et autour de 11h je commence à perdre du terrain sur les deux autres. On mange autour de 13h et on n’est toujours pas sortis de cette vallée.
On finit par rejoindre Confluencia où on s’arrête à peine pour remplir de l’eau et pour tenter d’appeler Viviana, notre contact que l’on doit prévenir de notre descente pour qu’elle vienne nous chercher au parking. Sauf qu’il est impossible de le faire, on continue donc notre route en se demandant ce qu’on va faire une fois en bas.
La dernière partie de la descente est horrible, je n’en vois pas la fin, j’en ai sacrément marre de marcher, je me retourne souvent sur le sommet que l’on délaisse derrière nous mais qui reste visible jusqu’au bout. J’ai du mal à me rendre compte que j’étais si loin et si haut la veille ! La vallée n’en finit pas et les deux autres ont vraiment plus de pêche que moi.
On finit par rejoindre le parking et une guaraparque s’occupe de nous et prévient Viviana que nous sommes arrivés. Je suis un peu tendu car j’aimerais rentrer le plus tôt possible à Santiago : Lisa arrive dans quelques jours et j’ai pas mal de choses à faire, à commencer par me remplumer avant de repartir à travers le Chili. Pour cela, d’après des renseignements pris au camp de base, il n’y qu’un seul moyen : s’adresser à Mario Gomez, d’un proche de l’entrée du parc qui a un arrangement avec une compagnie de bus et permet de redescendre directement à Santiago. Mais il faut que je me présente avant 18h. Sinon, je suis obligé de descendre côté argentin jusqu’à Mendoza (4h), puis de reprendre un bus de Mendoza pour Santiago (8h), en repassant par l’endroit exact où on est actuellement… je perdrais donc un jour.
Finalement notre chauffeur arrive, nous descendons et effectuons le check out à l’entrée du parc et nous déposons les poubelles. Ensuite on file vers le bled où tout se concentre : récupération des sacs, bus pour moi. Une fois déposés, le chauffeur nous dit qu’il part mais revient, on va voir au dépôt de sac, il n’y a pas les nôtres, ça commence (ou «ça finit ») bien cette histoire… Je vais au magasin de Mario, il n’est pas là, on le remplace, et quand j’explique mon problème, on me dit qu’il n’y a plus internet et qu’on ne peut pas acheter les billets… mon salut ne viendra pas du bus donc.
Finalement le chauffeur revient … avec nos sacs ! On comprend toujours pas trop où ils étaient, mais bon, au moins il y a tout. Anthony et Fred veulent dormir à Pénitentes, à quelques km d’ici, mais moi je veux me barrer le plus vite possible et je ne sais pas quoi faire. Je demande au chauffeur qui me déconseille le stop, relativement dangereux ici semble-t-il… même réponse de la part du gérant du stock de sacs … Je me tâte 5 min mais je finis par me dire qu’il vaut mieux ne prendre aucun risque, ça serait dommage de finir cette belle aventure sur une galère. Devant l’insistance de mes camarades et la valeur du matériel de montagne que je transporte et dont je vais encore avoir besoin durant mon séjour, je décide de prendre un bus vers Mendoza.
Le bus passe à 20h, je suis bon pour attendre 2h tandis que mes deux compagnons s’en vont avec le chauffeur vers leurs lits chauds. Je ne sais toujours pas trop ce que je vais faire une fois à Mendoza : je vais arriver à minuit et il est très probable que les officines de vente de tickets n’ouvrent pas avant 7h. Je vais donc devoir passer la nuit dans le terminal de bus, endroit qui nous avait laissé une bien mauvaise impression lors de l’aller : gens louches qui tournent autour des bagages, ambiance glauque, faits confirmés par le guide du routard…
A l’attente du bus, il y a deux jeunes Argentins qui rentrent d’un voyage de 1 mois et demi à travers le continent. Ils rentrent à Buenos Aires, et vont aussi surement passer la nuit dans le terminal. Parfait, je leur dis immédiatement que je resterai avec eux dans la nuit.
Le bus arrive, nous prend et arrive sans souci à Mendoza. Le terminal parait moins glauque aujourd’hui. On se cale sur un double banc avec mes amis de voyage, pile en face d’un garde de nuit de la sécurité du terminal, c’est rassurant. Je reste un peu éveillé mais je finis par sombrer m’en étant préalablement harnaché au mieux à mes deux sacs. Je dors par intermittence, en me réveillant souvent à cause de la position inconfortable au possible.
J19 – Délivrance
A 6h du matin, le garde fait un tour du terminal et réveille tout le monde qui dors : c’est le début de la journée, il faut sortir du mode « Sans Domicile » et paraitre présentable. Les officines de billet ouvrent dès 6h30, je prends un bus pour 7h30, m’installe dedans et me relâche complètement : ça y est, je suis sauvé !! Plus rien ne peux m’arriver.
Nous mettrons tout de même 1h à passer la frontière où j’occuperai une équipe entière de douane avec mon sac car d’un coup je me souviens que c’est moi qui ai ramené toutes les réserves de nourriture qu’il restait (et l’importation de produits - alimentaires notamment – est très contrôlée au Chili). Finalement en voyant ce qu’il y a (rien de frais ni de viande), ils sont presque « déçus » et me laissent passer sans souci.
On perdra une autre demi-heure à attendre à un feu en haut d’un col. En effet, la route de descente est en travaux et la circulation est alternée : pendant une heure c’est ceux qui montent qui passent, puis l’heure d’après c’est ceux qui descendent…
Enfin, j’arrive à Santiago, la chaleur est étouffante et je transporte tout mon paquetage à pied jusqu’à la maison. Oui, je n’ai pas encore bien saisi le fonctionnement des bus et métro et je n’ai toujours pas acheté la carte de transport.
Arrivée à la maison, heureux, je me précipite pour envoyer un mail à mes proches, ils ne savent pas en effet où j’en suis et comme je n’ai pas envoyé de mail du camp de base, ils doivent croire que je suis encore à Nido de Condorès…
Je ne regrette pas le voyage.
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Imprimé le 10 novembre 2025 22:30