Amie, ma douce amie voit comme je te nomme
Ainsi fut ma première idée.
Ainsi j'ai pris forme
en tant de souple endurance
Ainsi ai-je entrepris un si long périple
qui me vis entamer mes dernières forces
pour ruiner toutes les raisons de la volonté
Depuis ces jours brûlants
où les pas mènent aux combes,
aux dolines pierreuses,
aux roches branlantes,
à la poussière des désespoirs
Ca et là le silence est rompu
dans le bruit de la chute,
dans la fin d'un équilibre précaire
Plus rien de cette vie foisonnante,
de cette herbe nourrissant l'argalis,
de ce goût de sang vermillon
giclant sous mes crocs,
étouffant, déchirant cette chair palpitante,
encore chaude de vie
Non rien, juste le vent chaud
des heures médiriennes,
parfois croisant une épée blanche
léchée en pénitence
pour étancher la soif
Juste le vent glacé des hauteurs
qui s'abat dans le soir somptueux
et couvre la fourrure de rudes caresses.
C'est la nuit des abris précaires.
C'est la nuit des myriades laiteuses,
des sporades jetées
sur la mer des vides obscures
On entend le matin une rivière vrombir
dans la proximité des sous-bassements,
inaccessibles aux griffes,
sous les monceaux,
sous les charriages
Toute la soif l'imagine
de ses éclats sublimes,
de sa lumière aveuglante,
jaillissant plus haut,
bondissant en rio capricieux
entre les roches éparses
scellées dans leur gangue de glace
Je l'imagine, je bois ce rêve
d'un liquide irriguant le corps fatigué.
Enfin l'espoir revient.
Là-bas sur le berceau de ces neiges éternelles
fluctuantes et crémeuses comme un gateau de lait,
Ces gouttes débordantes de blancheurs
coulent le long des pics anonymes
M'approchant du plateau final
sur l'immense étendue d'altitude
au centre de tous les flots cristallins,
je feule son nom à l'horizon des crêtes ultimes
où se miroitent l'étrangeté d'un outre-monde
J'en choisis le plus altier,
de la plus fière pointe.
J'en nomme le dessein.
Je le choisis dentelles
Je le gravis de mes pattes endoloris,
de mes griffes sanglantes
brulées par le gel
J'en souffre le martyr
de ces délicates arabesques
qui déchirent mes membres
Je me romps au moindre vent des cimes
Je git resplendissant dans la lumière
en mémoire de sa multitude
Je l'ai choisis immuable
charpenté de rocs incorruptibles.
Il porte désormais ton nom
de toute sa robe dorée
comme la belle
souple et féline
Il me transporte désormais
dans sa caresse ultime
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Imprimé le 13 août 2025 04:37