Camptocamp.org Topoguide
Sorties
Forum Incidents et accidents Articles YETI
Contact • CGU • Licences
Camptocamp Association • Cookies
Aide
Adhérer
Ajouter une sortie
Ajouter un itinéraire Ajouter un point de passage Ajouter un article Ajouter un livre Ajouter un rapport d'incident/accident
Se connecter  
Français Italiano Deutsch English Español Català Euskara Magyar 简体中文 Slovenščina

L’appel aux dons 2025 est toujours en cours : soutenez Camptocamp !

    Pyrénées encore…

    Faites glisser des images ici ou cliquez pour les sélectionner Ces images seront diffusées sous licence Creative Commons. Si vous n'êtes pas l'auteur de l'image, vous ne pouvez pas la téléverser, à moins que l'auteur n'ait donné son accord pour qu'elle soit diffusée sous la licence Creative-Commons correspondante. Les images de plus de 2Mo sont redimensionnées par le navigateur avant d'être envoyées.
    Activités
    Catégories récits
    Type d'article individuel (CC by-nc-nd)
    Contributeur Modération Article

    Qualité du document moyen
    Versions Signaler un problème
    CC BY NC ND 3.0
    Ce contenu est sous licence Creative Commons BY-NC-ND 3.0

    J'ai de bons souvenirs des Pyrénées et de l'UCPA.

    Le Ministère de la Justice avait tenté une expérience avec des jeunes de banlieues difficiles (les jeunes et les banlieues) comme on dit maintenant. On aurait pu appeler cette expérience : "Rédemption par la montagne". En gros, il s'agissait de conduire une douzaine de jeunes, accompagnés par deux éducateurs musclés, en montagne pendant une semaine pour les sortir un temps de leur galère, leur montrer ce qu'est l'effort physique et leur apprendre la solidarité propre à la grande fraternité alpine, selon les normes en usage dans la littérature de montagne, le tout enveloppé de papillotes. Lesquels solidarité et fraternité n'empêchent pas les piolets de disparaître dans les refuges, les mousquetons de se volatiliser (entre autres), les frontales de se dissoudre dans l'atmosphère, les cordes de s'évanouir et les premiers arrivés de prendre les meilleurs places et de les défendre l'arme au poing. Les éducateurs musclés étaient là pour assurer l'ordre.

    La solidarité ? Pas de doute, ils étaient solidaires… Surtout dans les conneries. Il fallait donc orienter cette qualité vers d'autres valeurs. En ce qui concernait l'effort physique, c'était autre chose naturellement, mais on y est arrivé. Et pour l'ordre, on n'a pas eu le moindre problème et les deux musclés se sont roulés les pouces durant tout le séjour. Il faut dire qu'au train où on a mené les choses, les têtes tombaient dans les assiettes dès la fin du repas et, le soir, leur souci prioritaire était d'aller se coucher. Et les deux gardes-chiourme à l'avenant.
    Du point de vue éducatif, on leur avait distribué à chacun des tâches simples et précises. Il y a eu un peu de patinage et de coups de gueule au démarrage puis, finalement, tout a marché comme sur des roulettes

    On les a accompagnés sur un sommet de 3000m qui était, si mes souvenirs sont bons, le Turon du Néouvielle, sommet débonnaire s'il en est, mais faut marcher, se fatiguer et gagner son paradis à la sueur de son front et à la semelle de ses godasses. Et puis, bon, c'est un 3000, magie des chiffres ronds et des ribambelles de zéros. Ils étaient ravis. Je me souviens qu'on avait gravi un névé un peu gelé. Une technique très en vogue à l'époque consistait à tailler des marches dans la foulée avec la panne du piolet. Il était nécessaire d'avoir un certain "coup de main" et une bonne coordination, moyennant quoi, on évitait de chausser les crampons. Cette technique semble abandonnée… dommage. Il est vrai que les piolets actuels ne s'y prêteraient guère. On avait monté… j'avais monté, une bouteille de Champagne pour marquer l'événement, bouteille payée de ma poche avec la maigre solde que m'allouait royalement l'UCPA à la fin de chaque mois, en contrepartie des risques pris pour emmener dans la montagne des gens que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam. Qu'on se rassure, avec une bouteille pour une quinzaine, on ne risquait pas de rouler sous la table, d'ailleurs, au sommet du Turon du Néouvielle, je ne crois pas me souvenir qu'il y avait une table. Mais du Champagne dans des gobelets en plastique, ce n'est quand même pas fantastique, et les papilles ne s'y retrouvent pas. Le goût est bizarre… pas mauvais, mais bizarre… et les bulles n'ont pas la même gueule que dans des flûtes. Elles sont plus paresseuses, font moins aristocratique…

    On les a menés aussi au petit Vignemale, par la voie normale, hein ! eh, oh, pas fou quand même ! La voie normale du petit Vignemale est une course pour papy, tout à fait tranquille et qui se fait les mains dans les poches. Mais évidemment, tout dépendait de la façon de présenter les choses : en leur expliquant que c'était du vrai alpinisme avec des glaciers tous blancs - vous m'écoutez, oui ? - et de la neige en plein mois de juillet et des rochers très vertigineux et de la glace et du vide et un vaste paysage de haute montagne bien majestueux et bien grandiose, vous avez déjà vu des cartes postales ? ben là c'est la même chose mais en vrai dans la vraie vie, c'est vachement mieux, non ? C'est comme à Chamonix sauf qu'on est dans les Pyrénées mais autrement c'est pareil. Regardez si on voit loin. Ho ! les gars, vous entendez ce que je raconte ? et tous les sommets là autour, vous les connaissez ? non, bien sûr. Vous vous en foutez ? bon. Et une corde (absolument inutile mais cependant indispensable) et, au retour, le regard respectueux et admiratif des randonneuses qui passaient au pied de l'arrête. Examen de virilité réussi. "Vous êtes de vrais hommes, les gars. Vous avez bravé les dangers de la montagne. Faut en avoir, pour ça ! Vous allez voir, elles vont vous tomber toutes chaudes dans les bras". Ben, euh… ça fait un moment que je crapahute mais je n'ai jamais remarqué. Mais je ne leur ai pas dit, hein ! faut pas leur casser la baraque, j'ai gardé ça pour moi, bon je dois pas savoir y faire (pourtant, bon, merde, prestige du moniteur, bronzage play-boy, yeux bleus et sourire dentifrice… alors quoi ? ou bien j'ai pas les yeux en face des trous ? Il y a quelque chose qui m'échappe…)
    Bref, le soir, ils étaient tout fiérots, roulaient des mécaniques, parlaient haut et fort avec force commentaires, en un mot comme en cent, ils faisaient partie de la confrérie et ils en redemandaient.

    Le petit Vignemale n'était pas prévu au programme. On en a pris à notre aise avec le règlement qui disait qu'il ne fallait s'écarter sous aucun prétexte de l'itinéraire déposé, sauf cas de force majeure. Ma foi, ce jour-là, la joie et la satisfaction de quelques jeunes galopins de banlieue nous ont semblé un cas de force majeure. Cette entorse au règlement n'a d'ailleurs pas eu de suite, le chef de centre étant un homme grincheux mais compréhensif.

    A la fin du séjour, quand on s'est séparé, tout le monde avait la larme à l'œil, snif, snif ! On s'écrira ? Echange d'adresses qui sont restées quinze jours dans le fond des poches puis ont disparu dans le temps. Et voilà. Ainsi va la vie.

    Commentaires

    Se connecter pour poster un commentaire

    Ce contenu est sous licence Creative Commons BY-NC-ND 3.0

    Les images associées à cette page sont disponibles sous la licence spécifiée sur le document d'origine de chaque image.

    Imprimé le 27 juillet 2025 06:29

    Camptocamp.org

    Contrôlez l'utilisation de vos données personnelles

    Notre site Web utilise des cookies fournis par nous et par des tiers. Certains cookies sont nécessaires au fonctionnement du site Web, tandis que d'autres peuvent être ajustés par vous à tout moment, en particulier ceux qui nous permettent de comprendre les performances de notre site Web et de vous fournir des fonctionnalités de médias sociaux. Vous pouvez les accepter ou les refuser tous ou bien paramétrer vos choix.
    Paramétrage des cookies

    Cookies nécessaires

    Les cookies nécessaires sont indispensables au bon fonctionnement de notre site Web et ne peuvent pas être désactivés. Ils sont envoyés à votre ordinateur ou à votre appareil lorsque vous demandez une action ou un service spécifiques, par exemple lorsque vous vous connectez, remplissez un formulaire ou définissez vos préférences en matière de cookies. Si vous configurez votre navigateur de façon à bloquer ces cookies ou à vous avertir de l'existence de ces derniers, notre site Web ne fonctionnera pas intégralement.

    Cookies statistiques

    Grâce aux cookies statistiques ou analytiques, fournis par nous et d'autres sociétés, nous pouvons compter les visites sur notre site Web et connaître les sources de trafic. Les données que nous obtenons nous aident à comprendre ce que les visiteurs aiment et améliorer le site Web. Si vous ne les acceptez pas, nous ne pourrons pas améliorer votre expérience.

    Cookies sociaux

    Ces cookies permettent d’interagir depuis le site camptocamp.org avec les modules sociaux et de partager les contenus du site avec d’autres personnes ou de les informer de votre consultation ou opinion sur celui-ci, lorsque vous cliquez sur le module "Partager" par exemple. En désactivant ces cookies, vous ne pourrez plus partager les contenus de camptocamp.org depuis le site camptocamp.org sur les réseaux sociaux.