Vieille histoire

Bonjour tout le monde,
J’ai exhumé le récit de mon premier stage de parapente (2006)…
Si ça intéresse quelqu’un :stuck_out_tongue:

"J’ai fait un stage de 5 jours de parapente à l’école Alto, à Lans en Vercors, au dessus de Grenoble. Nico a généreusement accepté de m’héberger et même de me prêter son vélo,
et de me laisser lui voler son duvet et boire toutes ses bières.
Donc j’arrive le vendredi soir, petite soirée tranquilou, rien à signaler.

le samedi c’est parti, j’ai rendez-vous à 9h et le bus met 50 minutes pour monter + 10 minutes à pieds, il faut donc que je prenne celui de 7h45 car celui de 8h15 ben c’est trop tard.
Je me prévois une bonne marge d’erreur et donc j’arrive presque frais et quasiment dispos à 7h42 à la gare, là je me rends compte que j’ai pas un sou sur moi, je me mets à galoper autour de la gare à la recherche d’un distributeur de sioux, je le trouve, je suis trop à la bourre, je fonce chercher mon billet de car la bave aux lèvres et je me rends compte qu’en fait y’a pas de car à 7h45, je m’étais basé sur les horaires de 2002.

je prends celui de 8h15 (la montée est super jolie, on passe par des gorges bien encaissées), il arrive à 9h00, je fonce à l’office du tourisme de Lans en Vercors, on me donne un plan pour aller à La Chènevarie (là où est l’école) : c’est à 1,5 kmMtgn (le kmMtgn ou kilomètre de montagnard équivaut à 2 km, un montagnard marche en moyenne à 40 kmMtgn/hMtgn).
Donc regalopage et aidé de mon fidéle GPS ViaMichelin j’arrive à bon port, en coupant en diagonale zigzaguante par les prés à vaches. J’arrive tout suant, je m’inscris, je souscris à la responsabilité civile aérienne (la classe).

Il y’a une petite dizaine de personnes, dont les débutants (Laura, Marie, Matthieu, Chloé, Paquita, Jérôme et oim). On prend des voiles, et hop dans le fourgon. On a passé la journée sur la pente école, c’est à dire une piste de ski pas trop pentue. Le but était de réussir à installer son matos, à apprendre un peu le jargon et à lever la voile. Une fois levée il faut courir droit devant en essayant de gérer les caprices de cette connerie d’aile qui n’en fait qu’à sa tête. Heureusement que le moniteur (Lionel) est très patient avec les petits oisillons mongoliens que nous sommes.

Donc toute la journée se passe comme ça, avec une pause à midi dans la cabane de l’Aigle, un snack juste en dessous des pistes.
A la fin on est tout morts, on s’est pris des bonnes gamelles et des séances de démêlage dignes de « La Belle et le Clochard ».
Tous les autres logent à Lans en Vercors ou à Villard de Lans. Heureusement je trouve un bon gars qui veut bien me descendre à Gre à condition qu’on passe boire un verre avant.
Ayant mûrement pesé le pour et le contre et retourné cette proposition dans ma tête j’accepte, et hop on se retrouve à la cabane de l’aigle, et BIM! une tournée, et BOUM! un tournée
de la patronne Betty, et VLAN! une autre tournée. Donc voilà je suis déjà un peu saoûl, mon chauffeur me descend à Gre. En fait c’est un mec qui habite à Lyon, il est venu faire un stage d’initiation et depuis il passe tous ses week-ends et toutes ses vacances à faire du parapente dans le Vercors.

J’arrive chez Nico déjà déshydraté donc on remet ça et de fil en aiguille et de pinte en cacahuète on se retrouve dans un kékébar à 2h du Mat, avec zic de merde, pouffes et chasseurs de pouffes, et deux mecs saouls dont surtout moi.
On rentre et on discute de l’âme et de l’objectivation de la conscience de la conscience et à 4h du Mat je m’effondre dans le clic-clac.

Le lendemain j’entends pas mon réveil, je me réveille par hasard et je chope le car vraiment in extrémis. Heureusement j’ai eu la présence d’esprit d’embarquer le vélo de Nico, plus de la bouffe et de la boisson.

Arrivé là-haut je suis presque plus saoul, tout va bien, j’enfourche la machine et là « Pfuiiii » il crève.

Je l’attache à un poteau et je me retape les 8km à fond les ballons. On se refait la pente école, on court comme des lapins sous la voile mais les effets de l’alcool se font sentir, donc je fais une séance pitoyable, je m’envoie sans arrêt dans le décor ou alors ma voile tombe devant moi, je me fracasse dedans et je deviens un scoubidou humain.
pour le tout dernier essai je pars d’assez haut, je m’élance sans trop d’espoir et là la brise se lève et hop je décolle!
ça se renforce, je monte à 3 mMtgn et le moniteur me fait des signes en bas pour me dire quoi faire pour éviter les sapins, c’est trop bon même si ça dure que 20 secondes.
Après hop cabane de l’aigle et l’aprem re-pente école, un petit vol qui se termine en tapette à mouches et il faut redescendre.

Je réussis à me faire prêter une pompe à vélo et des rustines par Pierre, le big boss de l’école et je me lance dans la réparation du vélo de mes couilles. En fait la pompe marche pas donc je vais à intersport en acheter une nouvelle. Je reviens au vélo et je trouve 3 trous quand même, salaud de nico qui n’entetient pas son matos (me dis-je). En attendant que ça sèche je fais un cours sur la détection de fuite à la lèvre supérieure à un petit vieux fasciné.
Allez il est temps de redescendre, je regonfle, je remonte sul vélo, je fais un noble salut au petit vieux qui me regarde partir et là « Pfuiiii » il crève (le vélo).
Je démonte - Je trouve la fuite - je rebouche - je cherche si y’a pas des cailloux dans la jante - je regonfle - je remonte dessus et là « Pfuiiii » il crève.
Salaud de nico.
Donc je retourne à intersport et j’achète deux chambres à air, je m’installe juste devant la boutique, je démonte, je trouve la fuite, je me dis merde, et je change la chambre à air. Victoire de l’homme sur la machine et la nature hostile, quelle épopée grandiose.
je remonte dessus et là « Pfuiiii » il crève.
heureusement la fatigue et les restes de la veille me rendent étrangement zen, donc je rereredémonte le biniou sous les encouragements des vendeurs d’intersport. En fait y’avait un minuscule bout de verre coincé dans le pneu.
C’est bon, après une heure de mécano et désormais connu dans tout le village je redescends sur Gre en vélo, c’est trop bon, on peut arriver dans la vallée sans donner un seul coup de pédale.

Petite soirée tranquilou à regarder des clips de Gondry et Daft Punk, je me laisse nourrir et abreuver par Nico, la vie est belle.

Le lendemain pas dégoûté je pars avec le vélo, et aussi mon sac avec une bonne partie de mes affaires : il est possible que le rendez-vous soit avant 9 heures le lendemain donc faudra peut-être que je dorme là-haut. Si c’est le cas je pourrais avoir envie de faire de l’escalade (y’a une falaise juste au dessus de l’école) donc je me retrouve avec 20 kgMtgn sur le dos.
Arrivé là-haut en retard comme d’hab, le big boss m’appelle : ils sont déjà sur la pente pour le premier grand vol. Il y’a 3 décos sur la pente de l’aigle : 100m, 200m et 300m. Je dois me pointer d’urgence au 100m, donc j’enfourche le vélo (il crève pas) et 10 minutes plus tard j’arrive à l’aigle, je pose le vélo et mon putain de sac et j’attaque le pente avec l’aile sur le dos, les autres sont déjà en haut.

J’arrive plus mort que vif après mes 100m de dénivelé, les autres sont déjà tous partis, hop un casque sur la tête, une radio au cou, une voile au cul et des explications « ça c’est le parachute de secours, faut pas toucher, allez tu me fais une belle PTU (quoi?!), t’es prêt allez vas-y! ».

Je décolle et c’est le bonheur, c’est dur à expliquer comme sensation mais bon voilà voler c’est génial, je me fais téléguider à la radio et je me pose comme une fleur.
On replie les voiles, on monte dans le camion, on file au décollage de 200m et on revole…
On replie les voiles, on monte dans le camion, on file au décollage de 300m et on revole…
On replie les voiles, on monte dans le camion, on file au décollage du Belvédère (450 m)… Celui-là il est plus chaud, il y’a une pente en herbe mais après c’est le trou… Je rate complètement mon déco (oui on dit déco et atéro, et un atéro hors terrain = un apéro) et j’ai l’impression que je vais dire bonjour aux rochers mais en fait non, tout se passe bien…
En fait une voile de parapente de débutant avance à 30 km/h et a une finesse de 7 (tu avances de 7 m quand tu descends de 1m) donc ça fait déjà un vol de 3km, donc 6 minutes…

Le soir je dors tout crevé dans une chambre que le big boss loue au dessus de l’école (la chambre « Buse », ça ne s’invente pas).

Le lendemain on part aux aurores à un autre déco : Méaudre. C’est super beau, il y’a de la brume qui monte dans la vallée et un super paysage. Par contre les conditions ne sont pas terribles avec par moments du vent arrière. En plus je flippe car le décollage est assez technique et que c’est pas du tout mon fort. Et évidemment quand c’est mon tour je foire et je suis pas loin de faire un bisou à un poteau de téléski. Sinon voler c’est toujours aussi bien même si ça remue pas mal. Je me fais satelliser et je fais un superbe atéro en slide (car j’ai jamais compris qu’il fallait courir).

Un des moniteurs (Martial) décolle pour tester les conditions mais ça remue trop donc on repart au Belvédère et on refait un vol de là haut, je flippe pas mal car je commence à fatiguer nerveusement. En fait j’ai du mal à gérer l’instabilité de la voile : tu voles donc tu subis les mouvements de la masse d’air, ça parait con à dire mais quand tu prends un cachou à gauche, un tampon à droite, un coup sur la tête et un coup de pied au cul, le tout suspendu à quelques petites ficelles à 400 m du sol, si tu es d’un naturel inquiet tu peux facilement psychoter. D’autant qu’il n’y a pas moyen de descendre vraiment vite, à part faire une série de 360 bien appuyés. Or la seule figure que j’ai réussi à faire c’est le serrage de fesses.

Voilà fin de la journée mais le rendez-vous le lendemain est à 7h15 donc je dois dormir à la Buse. Or le lendemain je prends le train avant que Nico ne revienne du taf, donc il faut que je redescende chercher mes affaires et lui rendre son vélo. Et le car que je prends pour descendre à Grenoble croise le dernier car qui monte, et il commence à faire nuit et il pleut comme vache qui pisse.

Qu’à cela ne tienne je descends, je mange un kebab au chiens et chats du quartier, et je prends une petite bière avec Nico.

J’aime pas me vanter mais pour le remercier de son hospitalité je lui ai offert un cadeau de rêve : un mirifique bâton de ski en plastique de 20 cmMtgn qui fait aussi briquet (mais ça Nico ne l’a pas vu car à peine sorti de la boutique il marchait déjà plus). Je peux donc partir le coeur en paix, Nico n’a pas eu affaire à un ingrat. Il me trouve un bus pour aller en bas des gorges qui montent sur le plateau du Vercors, il me restera plus que 20 km à faire de nuit sous la pluie. Même pas peur, je m’en vais escorté par Nico et son parapluie et hop je prends le bus.

Donc j’arrive à un rond-point désert et je me prépare à un bon trip entre Singing in the Rain, le Projet Blair Witch et Mad Max. Je lève le pouce et hop! une BMW Z3 s’arrête et le conducteur m’amène jusqu’à la porte de la Buse :smiley:
Finch 1 - Looze 0.

Le lendemain réveil aux aurores et on part à un décollage au dessus de Crolles (là où bosse Nico), mais on

(* INSEREZ ICI DEUX APEROS *)

a pris un but (comprendre « les conditions ne se prêtaient pas au vol »). Donc on est allés sur un autre site, un 600 m je crois. C’était bien et cerise sur le gâteau on a eu droit à une démonstration de Lionel (notre coach), qui est aussi 5ème français en voltige. Donc il nous a fait un vol tout droit, chiant comme c’est pas permis, et on commençait à douter quand il nous a sorti un enchaînement tumbling - mac twist et d’autres figures dont j’ai oublié le nom, suivi d’un vol fer à repasser qui s’arrête miraculeusement à deux mètres du sol, et là un 360° avec le bout de l’aile qui touche par terre, et un posage en douceur.

Et enfin dernier vol du dernier jour, un 1200 mètres! ça commence dans une combe bien boisée, on ne voit pas l’aterrissage. Un petit décollage tranquilou, et ensuite il faut suivre le relief de la combe, et on a l’impression de se faire un balade en montagne, mais à 50 m du sol. Ensuite on arrive à une crête qui détourne le vent et on se fait satelliser au dessus de la vallée. Là on fait des S pendant des plombes jusqu’à être assez bas pour pouvoir atterrir. Problème, le champ de maïs juste avant l’atéro générait une bonne ascendance, donc après quelques tours de machine à laver je me suis retrouvé trop loin du terrain. J’ai fait un sprint pour essayer de rentrer (sinon c’était l’apéro), j’ai grindé le maïs et j’ai terminé en sac dans le champ, mais avec les pieds sur le terrain.

J’ai quand même dû payer l’apéro vu que j’avais préparé mon décollage comme une banane (le tour de sellette, comme quand on fait faire un 360 vers l’avant à une balançoire avant de s’asseoir dessus)

et ensuite un petit repas bien sympathique et hop dans le train vers Paris :frowning:

en plus j’avais gardé la clé de la buse, donc elle est repartie en collissimo le lendemain.

mais je reviendrai au printemps prochain, c’était trop bien!

voilà maintenant je vais faire une bonne sieste en attendant que la journée se finisse…

bonne nuit!"

Sympa et super marrant ton récit :smiley:
Merci!

Posté en tant qu’invité par Para:

Beau texte, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire.

Je te conseillerais de ne pas te mettre au wingsuit

« BREF » !
Vraiment agréable à lire

me suis bien marré aussi…

Je me suis bien fait plaisir à lire aussi cette aventure, mais j’ai eu peur pour finchou !
En tous cas, belle ténacité et bonne humeur dans l’adversité :stuck_out_tongue:

Merci à tous!
Depuis j’ai passé le niveau vert, acheté ma voile, volé un peu, déménagé en Bretagne, troqué la bière pour les biberons et rangé ladite voile dans un placard…
En attendant que les enfants grandissent un peu et me laissent le temps de revoler :slight_smile: