Posté en tant qu’invité par Circus:
he he… tout comme Etienne, je la connais bien cette arête…
Faite deux fois, la première quand j’apprenais à poser pinces à sucre et boulons, en 3 heures, avec sortie sur la droite par le 6a; la seconde, quelques années après, en quarante minutes, en n’utilisant que les pitons en place, avec sortie par la gauche, dans le 5 sup originel de Fraissinet.
Je pense comme Etienne que tu t’es perdu en deuxième longueur et que tu t’es engagé dans la variante directe en gros 5 expo. A toi de confirmer.
Pour la Grande Paroi, j’y ai fait 8 itinéraires différents, sans compter les voies parcourues plusieurs fois (4 fois la classique du pilier, 3 fois la Clapas et je ne me souviens plus pour la classique du mur qui me sert de voie d’initiation pour les copains…). Je recommande en particulier la Bâtarde et la directe Fraissinet (pour sa fabuleuse seconde longueur). Heureusement, il m’en reste!! La Bien-nommée notamment, entreprise ce printemps par une chaleur déjà caniculaire (il était annoncé 27° à l’abri) : au bout de la deuxième longueur, on était complètement déhydratés, au point que nous eumes du mal à sortir la classique!!
La tour Carrée d’Aval vaut le coup je trouve aussi: pas trop loin, de belles voies dépassant les 100m, du D au TD sup. Une préférence pour la voie du fou, qui est malheureusement rééquipée maintenant. Une autre à faire absolument, l’arête Nord, qui permet de découvrir sans danger l’artif.
Le Pilier du Bosc m’est moins familier. J’y vais généralement pour l’arête Sud que je considère comme la plus belle AD du massif, plus belle que les aiguilles encore (meme si la cadre est plus quelconque). Une anecdote : lors d’un parcours avec mon père, 5 cordées devant, 2 derrières (dont une d’Allemands qui s’étaient perdus!!!), du monde à tous les relais, plusieurs grimpeurs par longueur, et des éclats de rire à chaque étage. Ma prochaine visite sera pour Les petits pas et pour refaire l’arête sud.
Au Georges Vergues, lui aussi malheureusement rééquipé, l’enchaînement dièdre, fissure Fraissinet, dièdre rouge(5 sup, 5, 5 sup)permet un superbe voyage historique en souvenir de notre grand homme qui parcourait encore en solo intégral sa fissure à 70 ans.
Alors, pourquoi le Caroux?
Parce qu’avec Pascal, mon compagnon de cordée, nous étions tous les deux Toulousains et que nous souhaitions un terrain d’entraînement à l’alpinisme pour les morte-saisons. Lui savait progresser en autonomie, moi non, et tous les deux nous ne connaissions pas le coin. On a décidé de voir là-bas. Et on est tombés amoureux du coin.
Pendant 2 ans, tous les dimanches d’automne et de printemps, levé à 5 pour départ à 6 et retour à 20h (putains de Mazamétains sur les routes). Avec en plus deux fois 5 jours à Pâques et à la Toussaint.
Depuis quelques temps, les visites s’espacent : un peu de lassitude et la découverte d’un site montagne atteignable à la journée de Toulouse (le Néouvielle)pour Pascal, une présence épisodique de ma part dans la région qui me conduit à privilégier lors des vacances les sorties en haute-montagne plutôt qu’au Caroux. Mais ce n’est qu’une parenthèse, dès que mes possibilités me le permettront j’y retournerai de manière autant assidue qu’avant. Et Pascalou devra suivre!!
Je terminerai par mon plus beau souvenir. Février 2001, un mercredi aprem’, je pars tout seul sans but précis pour les gorges d’Héric. Un froid de canard, zéro au soleil, beaucoup moins en versant nord. D’abord l’arête de la Tete de Braque, quelques flocons pour le passage de la dalle. J’hésite devant le temps puis décide de poursuivre par l’arête des charbonniers. Au beau milieu, la « castagne », comme disait Livanos, débarque: en 1/4 d’heure tout est recouvert par 5 centimètres de neige bien épaisse. Et moi sur mon arête soudainement le maître du monde: « je fais un solo hivernal… je fais un solo hivernal… » A la fois mort de rire (c’est quand même pas l’Embarradère, les charbonniers…) et en entière plénitude (l’arête demeure une belle grimpe). Le temps s’améliore, la neige commence à fondre sur les rochers, le soleil revient totalement… Je termine l’arête dans une tempête de ciel bleu limpide. Au sommet, sous les aiguilles, absolument seul au monde. A mes pieds la foret encore très blanche, tout autour des rochers vert et orange, striés du marbre de la neige.
Il ne manquait que Pascal.