Souvenirs Caroux

Posté en tant qu’invité par circus:

En manque de gneiss fracturé, j’en appelle à vos souvenirs pour me raconter vos plus belles balades carousiennes, vos grosses frayeurs, vos anecdotes…
Bref, tout ce qui pourra me distraire de la morosité parisienne.

Posté en tant qu’invité par xavier:

Une foais, sur l’éperon nord au Minaret, paumage sur l’arête, je passe à un endroit trop dur, bien lisse, un pas chaud.

Coincé 3 m au dessus d’un coinceur bof, collé à la paroi, j’ai vraiment flippé ; je suis passé mais ça a été limite.
Ce jour là, je me suis vraiment foutu dans un pas « irréversible ». Chouette après coup mais pas marrant sur le moment…

Sinon, comment ne pas penser à la Grande Paroi ?
Ou au Pilier du Bosc, peut être ?

Le rocher que je préfère, ça reste quand même l’école des Bassels et la Tour carrée d’Aval / Georges Vergues.

J’espère que ça te rappellera des souvenirs.

Tu venais d’où, à la base ?

Posté en tant qu’invité par Etienne:

OK, le Carro, c’est haut…
… mais le Caroux, c’est où?

Posté en tant qu’invité par Etienne:

Et oui, elle est « intéressante », la deuxième longueur ;o) En fait, la voie passe à gauche à cet endroit là. Malgré les apparences, c’est plus facile à escalader et à protéger.
Dommage tout de même d’aller au Caroux pour ne faire que de l’école :frowning:

Posté en tant qu’invité par bco4x:

Mon seule souvenir c’est de mettre perdu a la descente de nuit on a fini dans un champ de ronces bivouac improvise en short et thee shirt a la toussaint .

on a eu bien froid.

sinon le cadre est tres joli.

Posté en tant qu’invité par JFX:

Idem. Descendus trop tard apres avoir fait la godefroy par l’arête nous avons etés contraints à un bivouac dans le ravin des charbonniers avec une couverture de survie pout trois.On entendait des pierres degringoler ds le ravin mais ne sachant pas ou il était exactement on s’est vachés à des arbustes histoire de ne pas dégringoler pendant la nuit.Le matin on s’est révéillés ds un bosquet completement plat toujours vachés à nos arbustes!Apres un retour ds les gorges et un roupillon on est revennus faire L’ârete des charboniers ( Avec une frontale ds le sac et trois couvertures de survie ) Evidemment à quatre heures on était de retour au parking!!

Posté en tant qu’invité par Circus:

he he… tout comme Etienne, je la connais bien cette arête…
Faite deux fois, la première quand j’apprenais à poser pinces à sucre et boulons, en 3 heures, avec sortie sur la droite par le 6a; la seconde, quelques années après, en quarante minutes, en n’utilisant que les pitons en place, avec sortie par la gauche, dans le 5 sup originel de Fraissinet.
Je pense comme Etienne que tu t’es perdu en deuxième longueur et que tu t’es engagé dans la variante directe en gros 5 expo. A toi de confirmer.

Pour la Grande Paroi, j’y ai fait 8 itinéraires différents, sans compter les voies parcourues plusieurs fois (4 fois la classique du pilier, 3 fois la Clapas et je ne me souviens plus pour la classique du mur qui me sert de voie d’initiation pour les copains…). Je recommande en particulier la Bâtarde et la directe Fraissinet (pour sa fabuleuse seconde longueur). Heureusement, il m’en reste!! La Bien-nommée notamment, entreprise ce printemps par une chaleur déjà caniculaire (il était annoncé 27° à l’abri) : au bout de la deuxième longueur, on était complètement déhydratés, au point que nous eumes du mal à sortir la classique!!
La tour Carrée d’Aval vaut le coup je trouve aussi: pas trop loin, de belles voies dépassant les 100m, du D au TD sup. Une préférence pour la voie du fou, qui est malheureusement rééquipée maintenant. Une autre à faire absolument, l’arête Nord, qui permet de découvrir sans danger l’artif.
Le Pilier du Bosc m’est moins familier. J’y vais généralement pour l’arête Sud que je considère comme la plus belle AD du massif, plus belle que les aiguilles encore (meme si la cadre est plus quelconque). Une anecdote : lors d’un parcours avec mon père, 5 cordées devant, 2 derrières (dont une d’Allemands qui s’étaient perdus!!!), du monde à tous les relais, plusieurs grimpeurs par longueur, et des éclats de rire à chaque étage. Ma prochaine visite sera pour Les petits pas et pour refaire l’arête sud.
Au Georges Vergues, lui aussi malheureusement rééquipé, l’enchaînement dièdre, fissure Fraissinet, dièdre rouge(5 sup, 5, 5 sup)permet un superbe voyage historique en souvenir de notre grand homme qui parcourait encore en solo intégral sa fissure à 70 ans.

Alors, pourquoi le Caroux?
Parce qu’avec Pascal, mon compagnon de cordée, nous étions tous les deux Toulousains et que nous souhaitions un terrain d’entraînement à l’alpinisme pour les morte-saisons. Lui savait progresser en autonomie, moi non, et tous les deux nous ne connaissions pas le coin. On a décidé de voir là-bas. Et on est tombés amoureux du coin.
Pendant 2 ans, tous les dimanches d’automne et de printemps, levé à 5 pour départ à 6 et retour à 20h (putains de Mazamétains sur les routes). Avec en plus deux fois 5 jours à Pâques et à la Toussaint.
Depuis quelques temps, les visites s’espacent : un peu de lassitude et la découverte d’un site montagne atteignable à la journée de Toulouse (le Néouvielle)pour Pascal, une présence épisodique de ma part dans la région qui me conduit à privilégier lors des vacances les sorties en haute-montagne plutôt qu’au Caroux. Mais ce n’est qu’une parenthèse, dès que mes possibilités me le permettront j’y retournerai de manière autant assidue qu’avant. Et Pascalou devra suivre!!

Je terminerai par mon plus beau souvenir. Février 2001, un mercredi aprem’, je pars tout seul sans but précis pour les gorges d’Héric. Un froid de canard, zéro au soleil, beaucoup moins en versant nord. D’abord l’arête de la Tete de Braque, quelques flocons pour le passage de la dalle. J’hésite devant le temps puis décide de poursuivre par l’arête des charbonniers. Au beau milieu, la « castagne », comme disait Livanos, débarque: en 1/4 d’heure tout est recouvert par 5 centimètres de neige bien épaisse. Et moi sur mon arête soudainement le maître du monde: « je fais un solo hivernal… je fais un solo hivernal… » A la fois mort de rire (c’est quand même pas l’Embarradère, les charbonniers…) et en entière plénitude (l’arête demeure une belle grimpe). Le temps s’améliore, la neige commence à fondre sur les rochers, le soleil revient totalement… Je termine l’arête dans une tempête de ciel bleu limpide. Au sommet, sous les aiguilles, absolument seul au monde. A mes pieds la foret encore très blanche, tout autour des rochers vert et orange, striés du marbre de la neige.
Il ne manquait que Pascal.

Posté en tant qu’invité par Circus:

Ah ah!!!
On ne devient carousien qu’après avoir bivouaqué sans le vouloir!!!
Ca ne nous est jamais arrivé… En revanche, on a cherché une certaine Céline pendant toute une soirée, empêchant les mouflons de dormir par nos appels. Les mouflons seulement, car elle, elle dormait paisiblement sur un rocher bien plat…

Posté en tant qu’invité par Circus:

Nous au début on était plutôt du genre « on cherche une première fois la paroi, on la trouve seulement le lendemain à la seconde tentative »…
deux beaux exemples:

  • partis pour l’arête nord du Minaret, on loupe le cabalet inférieur, on arrive au sommet de Peyris, on poursuit à flanc jusqu’à nous retouver au niveau du village d’Héric, c’est-à-dire à quelques minutes de Bardou. « putain merde, ils annonçaient 20 minutes, ça fait 2h30 qu’on marche, tu penses qu’on l’a loupé? » Réponse de Pascal « Ouais… » Retour sur nos pas puis parcours de la tête de Braque. Admirez un peu : 4h30 de marche pour faire la Tête de Braque… Qui dit mieux?

Posté en tant qu’invité par Circus:

deuxième exemple:

  • on veut s’entraîner pour la saison, on décide donc d’atteindre la grande paroi en partant de Colombière pour se filer la caisse.
    On suit les vagues conseils d’un couple de briançonnais (on aurait dû se méfier, des étrangers…), on laisse la voiture à l’église et vogue la galère tout droit à travers le bartas en suivant le fil de la croupe… après deux heures de branches, ronces et épineux divers, dont pour moi une branche dans l’oeil qui nécessita des soins une fois revenu à toulouse. On débouche entre la Roque Rouge et la Bastion, au milieu de nulle part, avec une vue superbe sur la Grande Paroi, à notre niveau certes, mais malheureusment située en face, sur l’autre versant des gorges de Colombière, à un bon kilomètre à vol d’oiseau…
    Le lendemain on passa par Madale avec la voiture.

Posté en tant qu’invité par JDA:

Salut Circus,

Je fais une petite revue d’escalade et de montagne sur le Sud-Ouest, Cordée. Dans le n° du printemps, si j’ai les moyens de continuer la revue, Il y aura un article sur l’arête NE de la Tète de Braque, avec quelques belles photos couleur.

Recontacte moi à cette période.

A+

Jidé,
05 61 63 16 99

Posté en tant qu’invité par André:

Salut Circus,

Je n’ai pas de grosses galères en escalade à te raconter.
Si je suis devenu un grimpeur aujourd’hui, c’est parce qu’il y a dix ans de cela, je randonnais comme un fou au Caroux. Et quand tu as fait des randos comme la Grande Vire du Rieutord, l’angle Epaule-Godefroy (j’en passe) où tu poses presque plus les mains que les pieds, il est bien normal de devenir grimpeur un jour.
Mais sois sûr que je me suis payé de grosses galères et de grosses frayeurs aussi.
Je n’y vais plus trop souvent. C’est malheureux. Certains appellent cela le « tourbillon de la vie ». Mais il est à côté (j’habite Montpellier).
Je crois bien que j’y ai vécu les plus beaux moments en solitaire de ma vie. Je repense à ma période carousienne avec beaucoup beaucoup d’émotion. J’y suis allé par tous les temps, dans tous les états.
« Le Caroux est un monde » peut-on lire dans la préface du topo du CAF. Il est trop grand pour être apprivoisé, pour lasser. Mais il est assez petit pour qu’on puisse se prévaloir d’une connaissance intime, qu’on puisse oser le tutoyer.
Et puis cette arrivée sur le Plateau, après le bartas et les pentes dures. Ces étendues de bruyère, de landes, à peine perturbées par des petits clapas de gneiss après les chênaies inextricables et les hêtraies sombres. Le choc des extrêmes, le paradis après le purgatoire, l’ataraxie après le tumulte…
Je pourrais en parler pendant des heures parce que j’y ai sans doute vécu plus intensément que nulle part ailleurs.
Il y a quelques chose de mystique, d’ésotérique dans le Caroux.
Bon courage, circus.

Posté en tant qu’invité par le Fa:

Seulement trois anecdotes rapides qui gravèrent le Caroux comme un lieu où tout peut arriver :

Après enchainement de deux arêtes (dans les gorges d’Héric) à la suite l’une de l’autre, nous redescendons au coucher du soleil.
A mi-hauteur, nous ne trouvons pas le chemin de descente et sommes alors obligés de suivre ce chemin jusqu’au fond de la gorge (1-2 heures). Le parcours n’est pas très pénible mais en pente. C’est alors qu’au pied du rocher nous apercevons un bout de chemise. Nous découvrons en nous approchant, avec un mélange de dégoût et de curiosité, le contenu de la chemise qui, à juger de ses os peu décapés, devait être là depuis une saison ou deux. Le retour fut long et peu engageant, la nuit nous ayant rattrapés et le chemin nous étant inconnu (d’ailleurs, y avait pas de chemin et on ne savait pas si ça débouchait ou si dans un grand cri soudain nous allions finir , nous aussi, au pied de quelques barres rocheuses aussi invisibles qu’imprévisibles.

Posté en tant qu’invité par le Fa:

La deuxième anecdote concerne une voie le lendemain au même endroit :
Pour avoir été trop bon et avoir grâcement équipé une autre cordée avec nos propres dégaines, nous manquions de matériel (le mot est faible).
Les deux premières longeurs (courtes) se passent sans encombre. La troisième s’annonce plus longue.
Au sixième point, je commence à m’inquiéter : le copain en tête a mis un proussik autour d’un arbre, genre de dernière cigarette avant la fin.
Mon inquiétude se transforme en surprise au poiont suivant (un piton) : la corde est passée directement dans l’oeil du piton, je n’ai plus qu’à me décorder d’une main si je veux poursuivre (c’était en plus un passage délicat !).

Posté en tant qu’invité par le Fa:

La troisième anecdote concerne une voie dans un secteur vierge (je ne saurait le situer) et pour être vierge, c’était vierge !
(rien qu’à voir la marche d’appoche ! Quand je pense qu’il y en a qui paye des fortune pour aller en Amazonie !) :
Chaque pas de la première longueur est resté gravé dans ma mémoire. Une micro-fissure de 12 mètres ne menant à rien m’avait obligé à traverser sur rien (6c dalle à l’horizontale sans un seul point sur 5 mètres bordée par en dessous par des ronces). Et là !(je crois que si on me le racontait, je n’y croirais pas tellement le coup est classiqu !) mon second (pas l’habituel qui ne ferait jamais ça) me dit : "Attend, t’es bien là ? Parce qu’il y a un noeud sur la corde…

Quatre longueurs plus haut, le paroxisme : Sur la seule vire de relais possible m’attend un lézard… sans pattes. Comment il est venu là çui-là ? En pleine paroi ?!!
Je me rappelle vaguement avoir subitement préféré une fissure foireuse, 2 mètres à droite (on a parfois des envies soudaines) mais je me rappelle très nettement ne pas avoir quitté des yeux ce morceau de vire jadis convoité, des fois que le truc pourrait sauter ou je ne sais quoi d’autre…
On voit tellement de choses terribles dans le Caroux.
C’était en 1991 et la nature était belle.

Posté en tant qu’invité par circus:

macabre…
Y a effectivement 1 à 2 mort par an, des randonneurs surtout, pas habitués à un terrain aussi accidenté… Ce qui est triste, c’est que cette personne n’avait pas été retrouvé visiblement. Tu as signalé cette découverte?

Posté en tant qu’invité par circus:

merde, dommage que tu ne puisses pas le situer ton secteur, je serai bien aller voir : un truc de 5 longueurs encore vierge!!!
Et pour les serpents, on a toujours été chanceux, pas croisé un seul jusqu’à présent!!

Posté en tant qu’invité par le Fa:

Oui, le lendemain mais ils nous ont dit ne pas avoir eu de disparition signalée. A vrai dire, ça ne m’étonne qu’à moitié.