Posté en tant qu’invité par Christophe:
C’est bien connu, les USA sont le pays des paradoxes. Tout y est « safe », à Yosemite le premier spit a été planté en 1946, plus récemment Chris Sharma est devenu un des meilleurs grimpeurs sportifs. Pourtant, le grimpeur américain fait toujours de la grimpe « traditionnelle ». Pourquoi ce paradoxe ?
La grimpe traditionnelle se distingue de la grimpe sportive par l’équipement minimum laissé à demeure.
C’est le rocher et l’aptitude de l’ouvreur à grimper en placeant des protections « naturelles » qui décident de l’équipement d’une voie : les fissures sont protégées avec friends et coinceurs, les spits placées au tamponnoirs étant réservé aux dalles. L’ajout d’un point sans l’accord explicite des ouvreurs est impensable. Dixit un topo : si vous n’êtes pas capable de grimper la voie avec l’équipement en place, descendez et essayez autre chose.
Ces traditions ont permis que sur les falaise se côtoient des voies non équipées, des voies équipées, des voies mixtes (spits dans les passages non protégeables), et des portions de rocher vierge.
Mais pourquoi une pratique « traditionnelle » perdure tel dans le pays de l’argent roi et des tribunaux omniprésents. Un équipement à demeure faciliterait le bussiness des professionnelles des activités « outdoors en permettant un développement de la grimpe et en réduisant les suites judiciaires des accidents.
La nature du rocher n’explique pas tout : les dalles granitiques de Tulomne Meadows ou de Big Green Mountain ne se protègent pas mieux que nos dalles de calcaire.
Le règlement des parcs nationaux interdisant l’usage de tous engins motorisés et donc des perforateurs a contribué à limiter l’équipement, mais n’a jamais empêcher l’usage des spits qui peuvent être placés au tamponnoir.
Cette présence toujours forte de la grimpe traditionnelle aux USA peut s’expliquer en partie par le rejet d’une société aseptisée par des grimpeurs préférant un style de vie différent. Mais elle provient également d’une culture « Wilderness » qui consiste à préserver des espaces sauvages et donc à privilégier un impact minimum du grimpeur, l’idéal étant pas d’équipement à demeure et pas de trace du grimpeur.
Qu’en pensez vous ? Et pensez vous que l’analyse des autres cultures grimpantes peut nous aider à comprendre notre propre culture. Pourquoi, notre culture Française actuelle se résume pour une grande partie des grimpeurs à la grimpe sportive sur spits.