Question de vocabulaire

" Grimper une fissure dièdre à l’ancienne."

à l’ancienne, ça veut dire en dulfer?

oui et non!

pourquoi dit-on à l’ancienne?

parce que pour un ancien attaquant du bas une paroi, armé de pitons et chaussant des grosses, les fissures étaient les lignes offrant le plus de garanties!

Et comme chez nous les fissures « splitter » (regulières, perpendiculaires à la surface, qui coupent en deux une dalle compacte) sont rares, nos anciens se sont plutôt spécialisés en dulfers, oppositions et ramonages de tout genre, que dans des progressions répetitives de coincements (ce qu’on appelle des fissures à l’américaine pour des raisons similaires…)

cela vaut aussi pour le bloc: comme ils s’entrainaient sur les blocs pour aller en montagne, les bleausards ont commencé par les fissures! La Fissure Wehrlin - 3 - Cuvier Est

Merci.

Pourquoi « oui et non » en début de ton post?

Modif : ça-y-est, j’ai pigé : à l’ancienne signifie dulfer entre autres. Merci de l’info.

–’

La dulfer vient du nom de Hans Dülfer, alpiniste Allemand.
« à la Dülfer » est une technique athlétique de progression en opposition sur une fissure qui était réaliser par ce bonhomme.

A l’ancienne veut simplement dire qu’à une époque les alpinistes utilisaient les lignes de faiblesse et donc les fissures dièdres et autres renfougnes. Il n’allait jamais la ou le rocher était compact… pas de chaussons et pas de spit!

Avec l’évolution du matériel l’escalade aujourd’hui on utilise beaucoup moins ces lignes de faiblesse on peut aller plus facilement faire des voies en dalle.

Je penses donc que les mecs à l’époques était beaucoup plus fort que nous pour passer des fissures « pénibles », « horrible »…
Et que de grimper une voie à l’ancienne ou une fissure, une longueur, un passage ect veut simplement dire qu’on va réaliser des passages comme le faisait les anciens avec des techniques à l’anciennes coincement, renfougne, et pourquoi pas la dulfer.

Bref google est ton ami ^^

A l’ancienne ? Je ne vois pas ce que « à l’ancienne » vient faire là-dedans. Il n’y a pas 36 façons de gravir une fissure. C’est soit coincement, si la fissure s’y prête, soit dülfer, si la fissure s’y prête, soit ramonage si c’est une cheminée, soit un mix de tout ça. On gravit encore les fissures de cette façon aujourd’hui.
Il y a une37ième manière de gravir une fissure: c’est de ne pas la gravir. C’est la manière « moderne »: on gravit la dalle à droite ou à gauche à grand arroi de spits. Mais dans ce cas, comme j’ai dit, on ne gravit pas la fissure.

A l’ancienne peut aussi signifier qu’on la franchit en chaussures rigides et/ou avec un seul clou 20m plus bas. Anciens ou modernes, les grimpeurs s’adaptent au rocher en fonction de leur niveau ou de leur préférence, certains étant plus attirés par l’adhérence ou le grattonnage fin (dalle) d’autres par l’escalade athlétique (dulfer) si le passage laisse le choix entre ces deux options.

Pas con :slight_smile:

On peut aussi adapter le rocher en fonction de son niveau ou de ses préférences. Par exemple, forer des trous au marteau-piqueur pour placer des spits.
Ça se fait, m’a-t-on dit.

[quote=« Francois, id: 1872838, post:8, topic:171503 »]On peut aussi adapter le rocher en fonction de son niveau ou de ses préférences. Par exemple, forer des trous au marteau-piqueur pour placer des spits.
Ça se fait, m’a-t-on dit.[/quote]

Oui mais alors c’est plus à l’ancienne, enfin ça dépend où on place le curseur.

C’est la fissure dièdre qui est à l’ancienne, pas la manière de la grimper, c’est tout^^

Comme dit plusieurs fois les anciens grimpaient quasi exclusivement dans de la fissure/cheminée ou de la fissure/dièdre, parce qu’ils n’avaient pas le choix (en oppo, avoir des grosses est moins problématique).

Maintenant c’est catalogué comme un truc « d’anciens » parce que les grimpeurs modernes ça les emm**** (ya qu’a voir la tête des gens à Ailefroide quand tu leur propose d’aller faire la Fissure)

Et quand on n’a pas ce grand arroi de spits, on se trouve tout d’un coup dans un grand désarroi. Normal.

[quote=« icetea, id: 1872860, post:10, topic:171503 »]C’est la fissure dièdre qui est à l’ancienne, pas la manière de la grimper, c’est tout^^

Comme dit plusieurs fois les anciens grimpaient quasi exclusivement dans de la fissure/cheminée ou de la fissure/dièdre, parce qu’ils n’avaient pas le choix (en oppo, avoir des grosses est moins problématique).

Maintenant c’est catalogué comme un truc « d’anciens » parce que les grimpeurs modernes ça les emm**** (ya qu’a voir la tête des gens à Ailefroide quand tu leur propose d’aller faire la Fissure)[/quote]

Une fissure-dièdre est intemporelle. Elle est là, figée. C’est le grimpeur qui lui donne un sens. L’escalade, elle, est à l’ancienne ou contemporaine selon les modes ou l’évolution du matériel mais aussi en fonction de la nature du rocher: on ne grimpe pas sur du granit comme on le fait en calcaire. Le grimpeur doit s’adapter.
Enfin, les anciens n’ont pas grimpé qu’en grosses. Ils ont aussi utilisé des espadrilles, pour l’adhérence.

mais en large majorité des grosses ou chaussures « assimilables » (semelle crantée, assez rigides) pour une longue périodes non?

il me semble de rappeler que:

  • jusqu’aux années 30 les espadrilles dont tu parles étaient la norme: semelles en chanvre ou feutre, essais de semelles cloutées. Elles devaient être très sensibles mais j’ai du mal à imaginer une grande adhérence, et je ne veux pas penser au grattonage. Il y a une vidéo d’Emilio Comici qui montre la « bonne technique » de l’époque: semelle bien écrasée, corps voûté, loin du rocher… ses pompes devaient marcher uniquement en dulfer et opposition , autrement pourquoi grimper tout le temps de cette façon?

  • à l’apparition des semelles Vibram, les espadrilles tombent dans l’oubli: généralisation de la « grosse ». Si la semelle Vibram a fait tant d’adeptes, c’est qu’elle devait marcher mieux que le chanvre?

  • parallèlement Pierre Allain développe ses chaussons, dès 1935, mais elles se démocratisent assez tard? Est que quelqu’un sait précisément en quelle décennie tout le monde a réellement commencé à les utiliser en France, en dehors du cercle restreint des parisiens? De mon coté je peux dire qu’en Italie, ça date des années '70…et encore, localement (Finale Ligure en particulier) les premiers « chaussons d’escalade » furent plutôt des chaussures de sport tige basse parfois bricolées avec une gomme appellée « Airlite » (notamment en Val di Mello…cette gomme marchait très bien sur les dalles lisses en pure adhérence, mais était nulle ailleurs!)

Idem en France, j’ai vu des grimpeurs dans les Calanques utiliser des PA (mon souvenir le plus ancien remonte à 1973), sorte de « Converse » de couleur rouge et noir si mes souvenirs sont bons. Je fais partie de cette génération qui a connu l’accélération de la transition entre chaussures rigides en usage dans les calanques (modèle de montagne emblématique « RD Super Guide » ou modèle « Lionel Terray », mais aussi modèle « RD Super Calcaire » dont personnellement j’étais équipé, sorte de Super Guide allégée, couleur beige, revêtement peau, extrêmement confortable, semelle vibram très performante, pour les marches d’approche c’était parfait) et chaussons (modèle PA puis ultérieurement modèle EB Super Grattons (blanche et bleu) que j’ai adoptés pour faire le grand saut dans la chaussure souple.
Outre la couleur, par rapport à la PA, la EB avait aussi une pointe plus effilée, plus profilée.

Abandonner la RD Super Calcaire a été un déchirement: outre son confort, il fallait aussi abandonner des réflexes, des postures et des techniques…

Mon père est décédé en février 1962, au Baou de 4 ouro… quelques années après j’ai trouvé dans sa cantine une paire de «  » Chausson «  » noir avec des coutures rouge, la semelles était lisse avec quelques stries.
alors …

[quote=« restaud, id: 1872989, post:14, topic:171503 »]Idem en France, j’ai vu des grimpeurs dans les Calanques utiliser des PA (mon souvenir le plus ancien remonte à 1973), sorte de « Converse » de couleur rouge et noir si mes souvenirs sont bons. Je fais partie de cette génération qui a connu l’accélération de la transition entre chaussures rigides en usage dans les calanques (modèle de montagne emblématique « RD Super Guide » ou modèle « Lionel Terray », mais aussi modèle « RD Super Calcaire » dont personnellement j’étais équipé, sorte de Super Guide allégée, couleur beige, revêtement peau, extrêmement confortable, semelle vibram très performante, pour les marches d’approche c’était parfait) et chaussons (modèle PA puis ultérieurement modèle EB Super Grattons (blanche et bleu) que j’ai adoptés pour faire le grand saut dans la chaussure souple.
Outre la couleur, par rapport à la PA, la EB avait aussi une pointe plus effilée, plus profilée.[/quote]
La première PA était blanche et bleue (avant la V2 en rouge et noir).

[quote=« Francois, id: 1872838, post:8, topic:171503 »]

On peut aussi adapter le rocher en fonction de son niveau ou de ses préférences. Par exemple, forer des trous au marteau-piqueur pour placer des spits.
Ça se fait, m’a-t-on dit.[/quote]
Grimper une fissure à l’ancienne pourrait être en grosses avec pitons, cornières et gros coup de marteau. Et moderne en chaussons et camalots ?

Edmond BOURDONNEAU, maître bottier, rachète l’affaire de P.ALLAIN
c’est expliqué ici http://www.eb-escalade.com/chausson-escalade/histoire-eb/
L’idée du chausson c’est Pierre Allain et la production à grande échelle c’est Edmond Bourdonneau.
D’où

  1. PA
  2. EB
  3. RD (devinez les initiales)

[quote=« icetea, id: 1872860, post:10, topic:171503 »]C’est la fissure dièdre qui est à l’ancienne, pas la manière de la grimper, c’est tout^^

Comme dit plusieurs fois les anciens grimpaient quasi exclusivement dans de la fissure/cheminée ou de la fissure/dièdre, parce qu’ils n’avaient pas le choix (en oppo, avoir des grosses est moins problématique).

Maintenant c’est catalogué comme un truc « d’anciens » parce que les grimpeurs modernes ça les emm**** (ya qu’a voir la tête des gens à Ailefroide quand tu leur propose d’aller faire la Fissure)[/quote]

exactement.

Pour voir ce qu’est de l’escalade à l’ancienne, on peut s’inspirer de Comici
https://www.youtube.com/watch?v=cVNS8xSfwCc
et constater que :
-ils ne faisaient pas que de la fissure. D’ailleurs si on grimpe dans les Dolomites, on est surpris parfois de l’audace de ces pionniers qui partaient en pleine dalle ou mur, sans vrai fissure. Car n’oublions pas que les pitons étaient réservés aux relais et à l’artif. Sinon, quand ca passait en libre, les anciens jugeaient souvent inutiles de s’assurer…Donc une dalle facile, on y va !
Evidemment le rocher des Dolos est assez prisu en général et donc faut pas imaginer de la dalle comme aujourd’hui dans nos falaises ecoles…

  • en effet leur espadrilles, nulles pour grattoner et pas top pour l’adhérence, les oblgeait à des positions « cul en arrière » pas très recommandées…
    Et plus en arrière, quand c’était très dur, Tita Piaz parle dans son bouquin de grimpe pied nus !!