Pourquoi les gens meurent sur l'everest?

Déjà 5 morts cette année sur l’Everest. Personne n’en parle, comme c’est business as usual…
mais cela mérite quand même un petit détour sur l’excellent blog de Alan, pour comprendre le pourquoi du comment…

http://www.alanarnette.com/blog/2016/05/23/everestlhotse-2016-people-die-everest/

Très intéressant, par contre son chiffre de 100 morts annuels dans le secteur Mt Blanc, je ne sais pas d’où il le sort, ça me parait très élevé si on parle que d’alpinisme (excluant donc les décès en ski rando l’hiver), même en additionnant France+Italie+Suisse…

Mouais, et sa petite pub aussi à la fin

[quote=« DavidL, id: 1835708, post:3, topic:165561 »]Mouais, et sa petite pub aussi à la fin

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Il n’est pas guide

Une analyse inintéressante de l’évolution de l’offre commerciale sur les pentes de l’Everest qui ne trouve plus assez de guides et de staff expérimentés pour satisfaire la demande. L’opposition " western guides" vs « Nepali guides » pourra faire grincer quelques dents.
Même remarque que herge81 au sujet des stat de l’accidentologie mortelle au Mont Blanc.
Ouais, après avoir pris un vol low cost pour rejoindre le Népal, tu prends une low cost guide company pour faire l’Everest. Nous vivons en low cost…

Bonjour,

la fin de l’article résume assez bien ces conclusions qui me paraissent fort juste. Notamment quand il dit « experience, experience,… ». Ce n’est pas le tout d’être attirée par le plus haut sommet de la terre. On peut y laisser sa vie et un 8000 c’est vraiment très très haut. Ca me rappelle ma dernière tentative d’ascension du Pic Lénine (raté cette fois-ci mais un succès deux ans avant) où j’ai du rebrousser chemin à 7030 mètres juste 100 mètres en dénivellé du sommet, un petit kilomètre au jugé dans la zone sommitale assez plate. Et bien je regrette rien, car je me suis dit que si j’avais continuer, alors que je titubais, en complète désorientation dans la tête, et ben je ne serais peut-être plus là pour vous racontez des conneries !

Tout ca pour dire que la haute altitude c’est sérieux et que l’expérience progressive (de la haute altitude) est un atout pratiquement indispensable, d’abord pour mieux connaître son corps, ses réactions et les signes avant-coureur de quand ça va pas !

Henri Lévêque

… Et on ensevelit ta dépouille dans une crevasse ou sous quelques blocs de pierre… low cost encore, l’ultime.

Hé Maurice, tu es d’humeur joyeuse , toi, ce matin :slight_smile:
Je me demande même si le reve en montagne n’est pas non plus low cost ou le fossé qu’il y a entre faire de la montagne pour devenir alpiniste et faire de la montagne pour se dire " ça c’est fait ". " Clients vs climbers comme souligné dans l’aticle

ok, mais il sait faire la petite pub pour les copains guides US

C’est peut-etre une parole de looser mais les plus belles ascensions, les plus beaux et longs souvenirs, les plus belles madeleines de Proust en quelques sortes, ce sont les montagnes que je peux et que je pourrais voir encore longtemps depuis un autres sommet ou même plus tard depuis la vallée.

Je ne sais vraiment pas si l’extrême aux antipodes et la courses aux superlatifs peuvent rendre la vie plus sereine,… si la vie dure.

On parle souvent de l’Everest comme d’une autoroute, il n’y a qu’à voir le nombre de tués au volant pour comprendre…

Au delà de l’aspect low-cost, il y a beaucoup l’effet « Mont-Blanc » qui joue je trouve.
Dès que des personnes meurent sur l’Everest ou sur une montagne connue, les médias en parlent et ne font que renforcer l’attraction du sommet « star » sur les novices (en terme de comparaison avec l’hivernale du Nanga Parbat il faut reconnaitre que la couverture médiatique est d’une toute autre ampleur).

Si tu commences à parler d’un truc un peu plus sérieux et couillu du style « Snow Leopard Award » beaucoup de pseudo-alpinistes internationaux n’en auront rien à carrer.
Les motivations pour réaliser un 8000 c’est de l’ordre de la psychologie sociale pour 3/4 des summiters; ego, légitimité, reconnaissance, …

Le chiffre mentionné dans l’étude Accidentologie des Sports de Montagne - Decembre 2014 - Fondation Petzl est de 26 décès en moyenne par an dans le massif du Mont-Blanc entre 2003 et 2012. Je suppose que le chiffre de 100 inclut les autres sports mais aussi les randonneurs victimes de crise cardiaque etc…
Sur le fond, cinq morts sur une saison à l’Everest, à mon avis, ce n’est pas tellement élevé en tenant compte des risques objectifs importants sur ce sommet, le risque physique lié à l’altitude et du manque d’expérience de nombreux prétendants. Par le Népal, aller au camp 1, c’est un peu l’équivalent de grimper le glacier des Bossons à Chamonix en intégralité. Aucun intérêt bien sûr mais si c’était la seule voie accessible pour aller au Mont-Blanc, est ce que beaucoup d’alpinistes (et de guides) passerait par là ?
Par rapport aux sommets alpins, l’utilisation répandue de la corde fixe sur les sommets himalayens réduit considérablement le risque lié à l’erreur technique. Mais à partir de là, ce n’est plus le même sport. C’est un autre alpinisme (est ce de l’alpinisme d’ailleurs ?..) dont l’aspect essentiel est la performance physique et les capacités morales de tenir la durée d’une expédition. La technique joue peu, elle permet (et c’est beaucoup) de moins se fatiguer en cramponnant correctement. Pour les mains, c’est plus simple… juste tirer sur le jumar… Sans corde fixe, il n’y aurait pas 10% des grimpeurs actuels et le taux d’accidents serait considérablement plus élevé, même avec des alpinistes confirmés.

Ca, ce n’est pas sûr ! Il peut aussi y avoir un taux de buts bien plus grand sans que le taux d’accident augmente.
En tout cas il y aurait 10 ou 100 fois moins de prétendants, ce qui diminuerait beaucoup le nb d’accidents (ce qui est différent du taux : on peut avoir un taux de 50% avec 2 tentatives en 20 ans, donc un seul accident en 20 ans).

Moi je dirais « Trophée du Léopard des Neiges » (pourquoi pas), et sinon au moins trois ascensions de sommets se passent en Kirghizie, et notamment la pus dure, le Pic Pobeda 7439, qu’on se le dise !

C’est une digression pour la promo du Kirghizstan. Sinon Egalement au Pobeda, il y a pas mal d’accidents tragiques et le taux de mortalité ramené au nombre d’ascension et de tentative également doit être hélas important.

Henri Lévêque

Je ne suis pas alpiniste, mais je randonne sur les sentiers nepalais depuis quelques temps, mon avis vaut ce qu’il vaut…

L’Everest concentre beaucoup de frustrations…Entre les avis divergents des alpinistes « du dimanche » (pour ne pas dire « ceux qui sont sponsorises ou ont l’argent suffisant pour s’offrir la grimpette »), et les alpinistes « a l’ancienne » (les vrais, les durs, les purs), il y a un monde.
Ce que j’en retiens, pour ma part, c’est la course au fric et le detournement moral que les compagnies occidentales (australiennes et US) qui se partagent le camp de base font peser sur les sherpas (dans leur entierete, je parle ici de la population locale), forces de prendre des risques dingues parfois pour poser les cordes fixes a temps pour les « precieux clients » qui viennent du monde entier.
Course au fric aussi pour les nepalais eux-memes qui se tirent dans les pattes pour toucher des sommes d’argent importantes en prenant toujours plus de risques…Et malheur a celui qui se blesse, toute sa famille en patira !

Bref…je trouve que tout ce qui gravite autour de l’Everest a quelque chose de pourri, de malsain meme (j’exagere sans doute).
La region des Annapurnas me semble bien plus « saine », plus sauvegardee (pour l’alpinisme hein, je ne parle pas de l’autoroute a touristes qu’est le tour des Annapurnas pour les randonneurs).

Question
Y a t-il le même genre de comportement de la part des compagnies sud-coréene ou japonaises?
Ou russes?

Bref ce détournement moral c’est l’occident ou des compagnies thunés tout court?

Bon ok on pourrait longtemps débatre pour savoir si la Russie c’est l’occident où pas!

Les Russes font plutot le sommet du cote chinois, il me semble.
Quant aux japonais, je ne sais meme pas s’ils ont leur propre agence sur place, je les ai toujours vu integrer des groupes dans les compagnies US et australiennes.

Le detournement moral (toujours selon moi), c’est tout le fric qui gravite autour, qu’il vienne de l’occident ou d’ailleurs. Mais c’est les occidentaux (US) qui ont, amha, engage le mouvement.

amha?

a mon humble avis*

Pour répondre à pier_yv, je ne suis pas du tout d’accord sur tes propos concernant cette question de « détournement moral que les compagnies occidentales (australiennes et US) qui se partagent le camp de base font peser sur les sherpas ».
Il est vrai que l’Everest concentre un nombre important de clients qui n’ont rien à faire là de par leur manque total d’expérience en haute montagne. Par contre, les grosses compagnies occidentales sont celles qui payent le mieux les sherpas et de loin. Les meilleurs sherpas travaillent pour ces boites car elles veulent avoir le plus de compétence possible pour accompagner les clients (et éventuellement les secourir). Les sherpas s’affirment de plus en plus et ce sont eux les véritables décisionnaires : ils décident quand poser les cordes fixes et ce sont les plus expérimentés qui gèrent le sujet. De par ma petite expérience, je n’ai pas vu de pression des guides occidentaux pour faire poser des cordes fixes aux sherpas, j’ai plutôt vu le contraire : les guides demandant aux sherpas d’être prudents. La question de l’argent et de l’incitation à grimper malgré les risques existe partout : Il y a toujours des guides à Chamonix pour aller au Mont Blanc en passant sous les séracs du Tacul.
Là où tu as un point, c’est la course au fric. Et le problème est principalement du côté des sherpas avec la prolifération d’expés low cost menées par des népalais et il n’y a pas de secrets… L’économie se réalise en partie sur le coût des sherpas et donc le recrutement de sherpas non qualifiés avec une expérience très limitée en haute montagne. Il ne manque pas de candidats malheureusement. C’est souvent avec ces sherpas qu’il y a des accidents. Par contre, certains sherpas ont monté des boites sérieuses qui rivalisent tout à fait avec les expés occidentales et c’est très bien. C’est au client de faire le bon choix : le mien est de passer par une boite népalaise avec des guides UAIGM.
Devenir sherpa de bon niveau signifie un excellent niveau de vie au Népal : une rémunération annuelle d’environ 15.000 US$ (Everest + saison d’automne avec Cho Oyu/Manaslu + Ama Dablam) soit plus de 20 fois le salaire moyen de 700 $ (ratio de 15.000/700 = 21,4). Si un guide français était payé proportionnellement au niveau de vie moyen, il gagnerait plus de 500.000 euros par an bruts (salaire moyen français de 23.000 euros x 21,4 converti en $). Il y aurait beaucoup de guides…
Il faut bien voir aussi que sur les sommets himalayens le paiement de la totalité de l’expé est effectué à l’avance. Si on ne peut pas grimper par suite de mauvaises conditions, il n’y a pas de remboursement et donc les sherpas sont payés, sommet ou pas sommet. Seul le summit bonus est perdu mais certaines companies considère que ce bonus doit être payé par le client même si le sommet n’est pas atteint : ils appellent cela le Safety Bonus et je trouve que c’est une très bonne idée. Dans les Alpes, si les conditions ne sont pas bonnes, tu ne pars pas avec ton guide et tu ne lui dois rien (sauf forfait payé à l’avance). Dans un sens, c’est une incitation pour un guide à partir grimper même si les conditions ne sont pas réunies.
Il faut arrêter avec cette question du fric qui « pollue ». Je suis très content pour les népalais que les « alpinistes du dimanche » leur ait permis d’envoyer leurs enfants faire des études à Kathmandu et de changer fondamentalement leur niveau de vie même si celui-ci reste précaire. Ce n’est certainement pas l’argent des « alpinistes purs et durs » qui leur aurait permis cette évolution. Et par ailleurs, le monde des alpinistes purs et durs n’est pas aussi « pur » que l’air des cimes : la pression du résultat est extrême avec les sponsors et la presse avec une implication directe sur les sherpas. Je reste très marqué par l’incident entre Simore Moro et les sherpas sur l’Everest en 2013. Pour moi, le respect des gens et de la montagne est primordial et ce respect n’est pas une question d’argent mais une question de personnalité.