Conférence : les officiers cartographes ont-ils gravi les grands sommets avant les alpinistes?

Une autre histoire des Alpes – « Alpes du Sud : les officiers cartographes ont-ils gravi les grands sommets avant les alpinistes ? »
Conférence-débat le 16 juin 2016 de 18 h à 20 h, Institut de géographie alpine, 14 avenue Marie Reynoard, Grenoble.

Depuis l’été dernier, les preuves se sont accumulées à partir notamment de la reconstitution des triangulations et des archives des communautés.

c’est vraiment intéressant !
sait-on quels sommets auraient pu être ainsi gravis d’une manière précoce ?

Récapitulatif : Une autre histoire des Alpes : Les ascensions oubliées des officiers géographes dans les Alpes du Sud

Super travail. Voilà de quoi alimenter les descriptions des sommets et les historiques des itinéraires dans Camptocamp.org !

Passionnant !!! :slight_smile:

Il faudrait donc réviser les 1ères ascensions de nombreux grands sommets, dont le Viso, la Barre des Ecrins et l’Ailefroide ?

Ce qui est intéressant, c’est que Bourcet et ses officiers sont allés faire en 1750-1751 le Viso et le Râteau ouest… Alors que je pensais qu’à cette époque, strictement personne n’allait en haute-montagne, et que les 1ers ascensionnistes du Mt Blanc étaient des avant-gardistes, considérés d’ailleurs comme des fous. Bourcet mérite bien son pic !

Au-delà, c’est stupéfiant de voir du coup tout le mythe qui a été construit autour des anglais conquérants qui n’ont en fait pas tant conquis que ça…

Après, on ne peut peut-être pas évacuer aussi l’hypothèse de gens totalement à côté de la plaque en matière de « loisirs », par rapport à leur époque, et qui se seraient amusés à grimper des sommets en des temps (XVIII-XIX) où l’alpinisme n’était pas encore un sport, un loisir…

… ou faire de l’alpinisme avant que ce soit officiellement inventé.
Un apport et des perspectives vraiment passionnants . Bon, Brenoble, c’est un peu loin sur ce coup là, dommage. A suivre…

Et chasseur de chamois/bouquetins, ce n’était (souvent) ni un sport ni un loisir… mais une série de sommets ont simplement été gravis par des anonymes au cours de leur course pour ramener de la bidoche à la maison. Quelquefois en faisant un petit crochet sur un sommet, que ce soit pour le plaisir ou pour se repérer.

Le monde actuel est manichéen, il y a d’un côté le sport et d’un autre le « non-sport »… mais pendant longtemps, le sport n’existait pas en tant que tel, il faisait simplement partie de la vie des gens (ou de leur survie), que ces gens soient agriculteurs, chasseurs… ou cartographes. Cela ne me semble pas un scoop.
Bien sûr, personne n’avait un orgueil assez démesuré pour prétendre avoir « conquis » quelque chose qui appartient à la nature. Nous ne connaîtrons donc jamais ces gens. Si ça pouvait nous donner une leçon d’humilité, ce serait peut-être pas un mal.

Les Anglais ont peut-être simplement inventé le « sport pour le sport ». Fut-ce un bien? En tout cas pas pour l’arrogance de l’humanité…

Digression terminée, désolé pour ce HS.

Balmat au mont blanc ?

[quote=« Zian, id: 1835786, post:8, topic:165306 »]

Balmat au mont blanc ?[/quote]
Ben Balmat appartient justement à cette génération qui a vu la mutation. Qui l’a peut-être initiée. Sans rien enlever au mérite de cet homme.

Bien entendu personne ne parle des troufions cartographes qui portaient tout le barda des officiers !

Tu veux dire, Comme Joffre, " le vainqueur de la marne " ?

Merci d’avoir partagé cette info.
A la lecture de l’article de Vallouise Magazine, je ne comprends pas pourquoi le titre de la conférence est une question !

Très intéressant.

Curieusement l’article ne mentionne que 2 séries d’ascensions en 1750-1751 et 1851-1853, omettant au passage l’histoire mieux connue de l’ascension du Pelvoux par le capitaine Durand en 1828 et 1830 (décrite avec pas mal de détails dans les 100 + belles de Rébuffat).

Peut-être, justement, parce que cet épisode n’a pas été « oublié » par l’Histoire officielle? Vu que c’est documenté dans le Rébuffat.

Pour rappel.

L’ascension du Pelvoux fait partie des ascensions bien connues, même si, bien sûr, elle a été largement mythifiée, au point de lire parfois que Durand aurait découvert un autre sommet plus élevé en arrivant au sommet du Pelvoux. Les Écrins étaient bien connus depuis l’opération de 1750-1751. Bourcet les avaient notamment visés depuis La Blanche, au-dessus de Vallouise, et depuis les Trois-Evêchés, en les nommant « Montagne la plus élevée du vallon de Saint-Christophe ». En 1822, l’altitude des Écrins avaient été mesurée par les Piémontais et les Autrichiens à 4105 m lors de la mesure du parallèle moyen. Les Écrins, non seulement étaient bien connus, mais ils étaient précisément localisés en latitude et longitude bien avant l’ascension du Pelvoux.

La série d’ascensions du capitaine Durand à la fin des années 1820 (dont celle du Pelvoux) s’inscrit dans la géodésie du premier ordre, celle de Davout au début des années 1850 correspond à la géodésie du 2e ordre et celle de la série 1852-1853 appartient à la géodésie du 3e ordre. La réalisation d’une carte obéit à un protocole extrêmement précis. On commence par la géodésie du 1er ordre, rattachée aux parallèles et méridiennes, puis on décline vers la géodésie du 2e ordre, puis celle du 3e ordre, selon là encore des protocoles bien précis, chaque officier ayant un secteur déterminé à trianguler. Le capitaine Durand a d’abord mesuré le parallèle de Rodez, les Piémontais et les Autrichiens le parallèle moyen à l’est du Granier et du Grand Colombier. Les méridiennes de Paris et de Strasbourg l’avait été quelques décennies auparavant (rappelez-vous la définition du mètre). Ensuite Durand a eu la charge de la géodésie du 1er ordre dans l’espèce de quadrilatère compris ente les deux parallèles et les deux méridiennes, qui recouvre le Dauphiné.

J’ai assisté à la conférence : vraiment passionnant !

Il y a eu une (petite) controverse à la fin entre un chercheur (dont j’ai oublié le nom) et Olivier Joseph (Vallou05 ??) au sujet de la première ascension de la Barre des Ecrins. Si j’ai bien compris :

Olivier Joseph soutient que la mention « signal » figurant au sommet de la Barre, sur la carte de Bourcet, antérieure à la première ascension supposée de 1864, implique obligatoirement la présence physique d’un officier cartographe effectuant une mesure.
L’autre chercheur pense que les officiers cartographes auraient pris quelques libertés avec le protocole et n’auraient pas escaladé certains sommets jugés trop difficiles. Mais dans ce cas, comment expliquer la remarquable précision de la carte de Bourcet ?

En tous cas, un pan de l’histoire des sciences (et de l’alpinisme) captivant !

Un peu animée comme controverse quand même ! Mais j’ai bien aimé la conférence, d’abord avec la présentation qui était bien dynamique (on sent la passion sur le sujet) et ensuite le débat, bien plus intéressant que ce à quoi je m’attendais.

pas de vidéo de la conférence ?

Merci :).

Non, Olivier, c’est lui ; Vallou05, c’est moi (le 2e) :P.

[quote=« OlivierSa, id: 1842286, post:16, topic:165306 »]Olivier Joseph soutient que la mention « signal » figurant au sommet de la Barre, sur la carte de Bourcet carte de l’état-major, antérieure à la première ascension supposée de 1864, implique obligatoirement la présence physique d’un officier cartographe effectuant une mesure.
L’autre chercheur pense que les officiers cartographes auraient pris quelques libertés avec le protocole et n’auraient pas escaladé certains sommets jugés trop difficiles. Mais dans ce cas, comment expliquer la remarquable précision de la carte de Bourcet carte de l’état-major ?[/quote]
Attention, on parle des minutes au 1/40 000 de la carte de l’état-major (1854), suite aux levés de la géodésie du 2e ordre (capitaine Davout) et du 3e ordre (capitaine Meusnier pour le secteur des Écrins) réalisés en 1852 et 1853.
Sur le fond, le canevas des triangles est incontournable et constitue une preuve géométrique déterminante. Tu déplaces un sommet du triangle et tout s’effondre. D’une part, plusieurs points visés n’auraient pas pu l’être si la Barre des Écrins n’avaient pas été stationnée, et d’autre part, ses latitude, longitude et altitude n’auraient pas pu être aussi précises. D’ailleurs, cette altitude de 4103 m est explicitement indiquée comme étant l’altitude de la mire et non celle du sol. La carte n’aurait effectivement pas été aussi précise.

Non, pas de vidéo :(.