L'alpinisme est-il en déclin ? En vue d'un article pour la Revue Suisse

Bonjour à toutes et tous,

Je prépare pour livraison le 21 septembre un article pour la Revue des Suisses de l’étranger. Son sujet? L’évolution de l’alpinisme.

La question centrale est la suivante: la pratique « aventureuse » de l’alpinisme, ou de alpinisme tout court, est-elle en déclin? Et si oui, qu’elles en seraient les causes?

Je me suis lancé dans ce papier après une discussion avec quelques guides (qui me disent que les cordées autonomes se font de plus en plus rares) et aussi un patron de magasin de montagne. Ce dernier m’a dit que ses clients étaient de deux types en majorité: des gens qui achètent du matériel pour de la grimpe sportive ou d’autres qui s’équipent pour un mont Blanc ou un 4000. Le pourcentage de clients pur alpinisme se serait réduit comme peau de chagrin au fil des ans. La cause en serait la « lourdeur » de ce sport, qui implique des connaissances, de l’expérience, de la patience, et d’accepter une certaine dose d’incertitude.

Qu’en pensez-vous? Vérifiez-vous un changement de ce type? Merci de vos réactions (le cas échéant, je pourrais utiliser des citations de vos réactions, dans ce cas, j’aurai besoin de citer votre nom réel. Merci de me préciser si c’est OK (et dans ce cas de me donner le dit nom). Réponse via mail privé aussi possible, à contact@stephane-herzog.com.

Cordialement

Par rapport à quand ?
Comme ça fait 20 ans que j’entends que l’alpinisme est en déclin, peut être que ça s’est stabilisé depuis (sinon au bout d’un moment la fréquentation deviendrait négative :slight_smile: ).
Sinon certains refuges sont toujours aussi blindés qu’il y a 50 ans, et d’autres ont vu leur fréquentation baissé en même temps que le glacier au pied duquel il se trouve reculait : les classiques depuis ces refuges deviennent moins attirantes pour ceux qui n’aiment pas brasser dans la caillasse, ou la difficulté a augmenté, ou la période favorable s’est raccourcie (pas trop tard en saison pour avoir assez de neige mais pas trop tôt non plus pour qu’elle porte à pied).
Ensuite, il y a 50 ans il y avait plus de monde, mais quand on enlève tous les buts à cause d’une mauvaise météo, ça donne quoi ? (but sans attaquer les difficultés, donc les gonzes n’ont pas fait de l’alpinisme ce jour là mais c’est surement compter comme une journée d’alpinisme dans les stats).

Posté en tant qu’invité par azap:

Je pense que l’attitude face aux risques dans tous les secteurs de la vie à beaucoup changé. L’alpinisme, même pratiqué prudemment et correctement implique l’acceptation d’un certain risque. En conséquence la pratique de l’alpinisme diminue.
Mes oncles faisaient des trucs vraiment craignos en montagne dans les années 50s avec une corde autour du ventre et une bouteille de rouge dans le sac, et il ne se considéraient même pas comme alpinistes, ni même randonneurs. Ils allaient juste se promener en montagne.
Le rapport au temps a aussi beaucoup changé. Dans une attitude consommatrice, il faut satisfaire nos « besoins » tout de suite. Une course d’alpinisme en général se mérite (préparation, approche souvent longue…). Une falaise équipée à 15 min du parking où on a du réseau 4G c’est plus en phase avec notre époque.
L’avis d’un vieux crouton.

Qu’est-ce que l’alpinisme? Est-ce à partir du moment où on ne doit pas tomber ?
Si oui, il y a plein de nouvelles disciplines et pratiques; par exemple en hiver mais pas seulement. Il faudrait les inclure dedans.

De nos témoignages tu ne tireras pas grand chose, une véritable étude sera plus intéréssante (consultation des reservations de refuges, nombre de sorties des CAF, nb d’inscrits dans les clubs, etc etc)

Je te donne mon témoignage sur 2 points de vue :
1- mon expérience
alors même que l’alpinisme est ce qui m’a motivé à faire de la montagne (Rébuffat, etc …) et que j’ai commencé par là avec les classiques (les rouies, miage, etc…), je n’en fais presque plus, ou alors sous des formes différentes (Goulotte, cascade de glace -> aspect plus « sportif »)

Les raisons sont assez simples pour moi :

-Pour s’entrainer, tu apprends l’escalade… et c’est très vite une drogue qui domine l’alpinisme. Plus technique, plus vertical, plus varié, je préfère désormais une grande voie à une course d’alpi (sauf evidemment les superbes courses). J’ai du mal à apprécier une course facile AD-D en alpi. A part les paysages alentours, je m’ennuie un peu. Et pourtant je n’ai pas un gros niveau…

  • Temps disponible (faut, pour les gens normaux, au moins 2 jours pour une course d’alpi). En 2 jours, tu fais 2 grandes voies… Quand tu as la famille, le travail, ca joue énormément. Sans parler du fait qu’il faille attendre les bonnes conditions, quand tu as réservé ton WE, pas facile.

-Les risques : clairement, dans une course d’alpi, il y a plus de risques objectifs qu’en grimpe : séracs, crevasses cailloux. De plus souvent tu t’assures moins qu’en escalade (notamment dans le facile) et je trouve ça plus dangereux (cf les accidents de berauhlt, loretan, etc…)

-le physique : m’entrainant moins en foncier, j’ai moins la caisse pour me taper des journées de 10-15 heures d’effort comme souvent en alpi.

-Enfin, je retrouve (un peu) les sensations et les paysages d’alpinisme dans les activités hivernales qui elles ont bien explosé et que tu sembles oublier : ski de rando, goulotte, cascade.
Ces activités peuvent se pratiquer à la journée( voire demi-journée), dans un niveau technique assez vite intéressant, dans des beaux paysages et avec (un peu) moins de risques qu’en alpi.

2- amis autour de moi

-le risque est assez fui de manière générale, la plupart abordent ces activités de manière sportive, à la recherche de plaisir et/ou de performance mais sans le coté « engagement ».
Beaucoup de gens ont le niveau pour faire de grandes courses, mais peu le font : pas envie de s’exposer.

-Mystification aussi de certaines courses/activités : Clairement, les anciens se posaient moins de questions. Aujourd’hui, on te dit que si tu fais pas du 7a en couenne, tu peux pas aller dans du 6a/b en TA… par exemple. Et ca marche, j’avoue passer parfois pour un extra terrestre quand je dis que j’ai le même niveau 6a/b en couenne ou en TA, que je n’ai pas suivi de « formation » pour poser des coinceurs ou des pitons. A voir parfois les débats dans les clubs ou C2C sur les noeuds, les manips ou je ne sais quoi, on a l’impression que pour certains grimper est ultra compliqué et nécéssite Bac +12 sous peine de mort immédiate.

Merci de ces premiers éléments. Il y a effectivement pas mal de subjectivité dans la question - ses critères - et donc dans l’analyse des faits aussi.
Depuis quand l’alpinisme aurait-il changé? Je dirais qu’une mesure intéressante pourrait être une génération, donc environ 25 ans.

Une info pour la mesure d’une génération : la durée d’activité moyenne d’un guide de haute montagne est de 10 ans environ.

???

Pour répondre à la question de départ, il faudrait une base chiffrée; les gardiens de refuge, les guides ont certainement des éléments utiles à apporter. Quelques idées vrac tout de même: l’alpinisme et sa pratique évoluent avec la société; comme le dit azap, le rapport au risque à changé. Le plaisir prend plus de place dans les pratiques sportives que la confrontation au danger. Ainsi, les courses facilement accessibles, relativement bien équipées, avec des descentes faciles sont très prisées (les courses « à la journée » à Chamonix ou ailleurs), contrairement aux courses engagées, complexes (même si il existe toujours des adeptes de cette pratique-là). L’évolution du matériel joue aussi un rôle important, diminuant notablement les risques, bien que ne les gommant pas.
Dans une discipline plus récente, comme l’escalade, le rapport au risque ou au danger a aussi évolué vers plus de sécurité. Il n’ya pas foule dans les voies difficiles et expo…
Enfin, le héros trompe-la-mort fait moins recette (si ce n’est au cinéma…).

Quand tu fait un AR sur une moraine pour renoncer avant de descendre sur le glacier, désolé mais tu n’as pas fait d’alpinisme…

Ah ben pour moi ils n’ont pas le niveau.
Le niveau pour une course d’alpi n’est pas seulement le niveau technique (passer de 6a en TA), mais aussi la maitrise des risques : maitriser suffisamment les risques pour être serein durant la course, et ne pas avoir l’impression que c’est sa dernière journée à vivre. Si durant la course on se demande ce qu’on fout là, c’est qu’on n’a pas le niveau. On peut faire des erreurs et arriver à ce genre de situations, mais si il y a cette ambiance à chaque course qu’on fait, c’est qu’on n’a pas le niveau.
Perso je n’envisage pas de prendre plus de risque en alpi qu’en couenne ! Je n’ai pas envie de me tuer en montagne.
C’est sûr que si on n’a pas compris ça, il y a un gros malentendu au départ sur ce qu’implique l’alpinisme, et des gens croient avoir le niveau, puis se font peur 2-3 fois, et arrêtent tout en disant que l’alpinisme est dangereux ou nul (mais jamais ils vont dire qu’ils n’ont pas le niveau).

Posté en tant qu’invité par matt7:

Quelques éléments en vrac qui contribuent d’après moi à la baisse du nombre de « pratiquants réguliers » en Alpinisme

  • on est sans doute beaucoup moins « mono-activité » qu’avant , on préfère picorer dans plus d’activités variées
    => c’est difficilement compatible avec l’alpinisme d’un certain niveau qui demande pas mal d’expérience, pas mal de matos, la caisse et beaucoup de disponibilité pour gérer les aléas météo.
    Je constate exactement le même phénomène dans la voile (croisière hauturière et régate) pour les mêmes raisons.
    Du coup on essaye plutôt de faire 2 ou 3 gros trucs emblématiques dans l’année et pratiquement rien le reste du temps.

  • le développement de nouvelles activités en montagne (vtt, trail, ski de rando, parapente) qu’on peut faire sur la demi-journée ou la journée. Je ne sais pas si c’est généralisable mais moi je ferais sûrement plus d’alpi si le ski de rando ne contentait pas déjà une bonne partie de mon « envie de montagne ».

  • la difficulté de pratiquer l’alpi en club (problème de responsabilité et surtout un encadrant pour seulement 1 ou 2 encadrés). Cette contrainte n’est pas nouvelle mais il y a sans doute moins d’encadrants motivés pour emmener des encadrés de niveau beaucoup plus faible qu’eux.

+1
La totalité de ton post La Baltringue est exact…

Je rajouterais :
La mode du trail… et Ski de rando Tous le monde veut imiter Kilian. Tu as l’impression de faire de la montagne alors que c’est totalement différent.

Il y aurait donc une approche plus « consommation » de la montagne: avec plus d’activités possibles dans ces lieux, mais qui seraient aussi moins gourmandes en temps et en investissement?

Et effectivement, la collecte d’infos sur la fréquentation des refuges, ou des clubs, fait partie du papier.

Moi je parlerai plus de mutation des pratiques (si on peut dire) que de déclin .

A partir d’un socle commun « l’alpinisme », basé notamment sur une logique d’exploration, d’aventures (et de compétition « le premier qui »…), la pratique s’est éclatée en de multiples activités

La première révolution fut l’escalade, du moyen d’atteindre un sommet, on en a détaché les techniques et on les a poussé au plus loin. On en a fait un sport à part entière, pour ne pas dire un art de vivre. On peut pratiquer la grimpe très indépendamment de l’alpinisme. D’ailleurs la mentalité n’est pas forcément la même.

Puis il y a eu la cascade de glace, les via-ferrata, le VTT de montagne, l’endurance trail, le kilomètre vertical, le skyrunning, le paralpinisme, le base jump, le wingsuit, la slackline…Les canyons aussi, bien que d’origine assez différente, il y a toujours cette logique d’exploration et d’aventure, qu’on parle de voies, de parcours, de tracé, de spot etc…

Des pratiques jugées moins engageantes sur le papier, mais c’est pas si simple : tu peux faire une escalade très engagée, un canyon très engagé, une slackline qui nécessite d’équiper un site en grimpe etc… la différence avec l’alpinisme c’est surement la capacité à moduler plus facilement ton temps. Fini les WE à rallonge en haute montagne, c’est bien pratique quant tu n’as qu’un samedi après-midi pour grimper, avant le dimanche gigot-fayots cuisiné par la belle mère !
C’est socialement plus acceptable, plus facile.

Avec ceci l’essor du ludique : fini l’esprit de sérieux de pépé Gaston, aujourd’hui nous vivons dans une époque anxiogène, avec une crise des représentations…Les bouquins sur le bien être pullulent. Plus le contexte est angoissant, plus c’est la dictature du bonheur : dans une société de loisir, on est là pour se faire plaisir. Une chose est sûre, tu trimbaleras plus facilement ta petite bouteille de pinard au pied d’une couenne qu’au sommet de l’Aiguille du Moine…

Attaché à cela, l’essor du léger : l 'émotion directe, sans toute cette logistique casse c****** de l’alpinisme. Tu passes ta semaine à t’organiser, à t’énerver de devoir penser à des tas de considérations matérielles fastidieuses, et faudrait encore recommencer le WE ? Et rependre ensuite la semaine de taf, illico ?

Après dire qu’il y a un recul de l’engagement, c’est discutable. A chaque activité, tu peux fortement engager selon le curseur que tu mets. Ce que les gens veulent, c’est la liberté. Quitte à entrer dans la société du zapping.

On cherche une adrénaline plus directe, plus brute de décoffrage, plus à l’emporte pièce (comme dirait Yoda « Do it or do not, there is no try ») que l’alpinisme : on va faire du base jump, de la wingsuit ou du skyrunning par exemple. Quitte à une pratique relevant de l’ « ordalie » : ça passe (t’es entier) ou ça casse (en mille morceaux).

L’engagement se fonde aussi plus sur l’endurance, tu le retrouves dans l’essor fulgurant du trail, un vrai phénomène qui agit la société des sportifs…surtout l’essor des ultras. Il y a un besoin irrépressible à aller au bout de soi, quitte à se faire mal (ou pas)

Et on cherche aussi l’émulation de la compétition, pourvoyeuse d’émotions sportives, on recite le trail, il y a le KV qui, c’est le cas de le dire, est une activité « montante », mais on peut parler aussi du ski-alpinisme. On aime le léger et la vitesse, compensant ainsi la relative monotonie (si on peut dire) des sentiers battus empruntés par 95% des compétitions.

d’accord avec toi sur tout ton message, sauf sur ce plan. L’engagement dans un trail (fut il ultra) n’a rien à voir avec l’engament en alpinisme. le terme même d’engagement n’a pas de sens, en trail tu peux t’arreter quand tu veux, t’es jamais seul, etc.

Là où tu touches un point, c’est que dans les années 50-70, faire de l’alpi engagé était une pratique reconnue socialement et très valorisé. Des mecs, des vrais.
Aujourd’hui, c’est au contraire plutôt mal vu ou incompris. Des tarés, débiles. Et aujourd’hui, la pratique très valorisée (qui a, dans ce sens, peut etre en partie remplacé l’alpinisme engagé) est celle des ultra, tu mets ton T shirt finisher à la machine à café et t’es un demi-dieu.

Bonjour,

Tout à fait d’accord avec la Baltringue sur l’intérêt d’avoir des éléments plus objectifs comme la réservation des refuges.

Je ne suis pas qualifié pour juger si l’alpinisme sérieux, au delà d’un certain niveau de difficulté et d’engagement, se porte plus mal aujourd’hui qu’hier. Par contre, il me semble incontestable qu’il y a eu sur vingt à trente ans une diminution de la pratique de base, celle qui concerne les courses d’alpi classiques de cotation facile, peu difficile voir assez difficile qui étaient (sont) à la portée de tout le monde.
Ce qui me semble aussi, c’est que cette diminution va de pair avec une diminution de la pratique de la randonnée pédestre au delà de la promenade à la journée (parcours de GR par ex) et se situe dans un contexte général de baisse de la fréquentation des refuges et gites d’étape.

Je suis aussi d’accord avec ce qui a été dit dans d’autres posts. Non seulement la fréquentation de la montagne est en baisse, mais on constate de plus un changement des pratiques avec une explosion des activités qui peuvent se faire à la journée comme le ski de rando,la cascade, le trail. Donc sans passer obligatoirement par des refuges.

C’est peut-être la conséquence d’un changement dans la façon dont on prend ses vacances. L’alpinisme classique était assez compatible avec un séjour long sur un même lieu. Plus difficile quand on ne dispose que de périodes courtes qui ne correspondront pas obligatoirement au bon créneau météo. Qui aujourd’hui reste un mois complet à Chamonix ou à Ailefroide?

[quote=« La Baltringue, id: 1762087, post:15, topic:156679 »]

d’accord avec toi sur tout ton message, sauf sur ce plan. L’engagement dans un trail (fut il ultra) n’a rien à voir avec l’engament en alpinisme. le terme même d’engagement n’a pas de sens, en trail tu peux t’arreter quand tu veux, t’es jamais seul, etc.
.[/quote]

Bah oui le sens de l’engagement a changé. Mais ce sens c’est bien celui que les pratiquants veulent lui donner. C’est eux qui mettent le curseur.

On n’a jamais vraiment gravé dans le marbre ce que veut dire l’engagement, mais si on part de l’idée un peu enfantine que c’est l’impossibilité de dire « pouce », ou encore le « on ne peut plus reculer » cette représentation, il est vrai, n’est pas socialement très acceptable. Parallèlement notre société s’est beaucoup judiciarisée, la montagne n’échappe pas aux droits civil et pénal, c’est tout à fait banal de faire une action en responsabilité etc… La montagne s’est grevée d’une armada de jurisprudences qui enfle d’année en année.

Beaucoup ont espéré naïvement que « l’engagement » échapperait au droit, ou serait traduit d’une manière ou d’une autre dans le droit, mais c’est mal connaître la nature humaine…Le droit, il est comme la nature, il n’aime pas le vide. Surtout pas le vide de la montagne, sans faire de mauvais jeux de mots.

Donc la notion d’engagement, elle s’est retrouvée quelque peu dilapidée dans le tourbillon des pratiques, de représentations, du droit…etc…

Mais bon, mise à part toute considération relative à la nostalgie (qu’en l’occurrence, je ne partage pas) c’est le propre des mots qui de voir leur sens muter, évoluer, s’interpréter différemment. D’autant plus vite dans une époque d’instabilité des représentations.

[quote=« La Baltringue, id: 1762087, post:15, topic:156679 »]Là où tu touches un point, c’est que dans les années 50-70, faire de l’alpi engagé était une pratique reconnue socialement et très valorisé. Des mecs, des vrais.
Aujourd’hui, c’est au contraire plutôt mal vu ou incompris. Des tarés, débiles. Et aujourd’hui, la pratique très valorisée (qui a, dans ce sens, peut etre en partie remplacé l’alpinisme engagé) est celle des ultra, tu mets ton T shirt finisher à la machine à café et t’es un demi-dieu.[/quote]
Oh ben si c’est juste ça, on peut faire des t-shirt « j’ai passé 3 jours dans la face N du Pic Sans Nom » :slight_smile:
(alors qu’en fait ça passe à la journée mais faut pas le dire)

Euh, pour faire un premier saut en base jump, il faut bien plus d’entrainement que pour faire une première course en alpi !
Ca demande un peu plus de motive (et d’argent, car les XX sauts en chute libre depuis un avion ce n’est pas gratos).

Posté en tant qu’invité par Alp/__:

Moi je dirai que non!

Pour l’alpinisme tout court, je trouve qu’il y a de plus en plus de pratiquants, dont beaucoup de « cordées autonomes » (sans guide). Des pratiquants qui se diversifient, par exemple, il y a 15 ans les gens étaient surpris de voir des cordées de filles, maintenant, c’est beaucoup plus courant. Cela est surtout jusque vers le niveau AD.

Pour la pratique « aventureuse » de l’alpinisme, j’ai l’impression que cette notion à « migré » de niveau. Car maintenant, avec les connaissances, le matériel, les descriptions des itinéraires, une même course peut être bien moins aventureuse aujourd’hui qu’elle ne l’était une génération en arrière. Par contre, il me parait toujours y avoir une certaine quantité de personne dans la notion de pratique « aventureuse ». Il y a encore bien des gens pour qui la montagne c’est le « centre de la vie », sans pour autant être guide. Après je ne sais pas si le rapport au risque a évolué, il est déjà tellement variable d’une personne à l’autre, et les problématiques du danger ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’avant.

Il me semble claire qu’il y a des évolutions de mentalité du genre « tout, tout de suite » qui, dans le domaine de la montagne rend les choses compliquées… Savoir si ça ne convient pas à certains qui préfèrent changer d’activités, je ne sais pas. Par contre, ça me semble une des raisons qui poussent certains à justement se mettre dans des situations aventureuses. Il y a aussi, lié à l’évolution des média et de certaines pubs, le besoin d’activités à sensation d’une partie des pratiquants… et ceux-là, soit ils ne trouvent pas ce qu’ils cherchent et ils arrêtent, soit ils se lancent dans des pratiques qualifiées de sports extrêmes… pente raides, voies difficiles, solo, vitesse, base jump,… on peut peut-être y voir une sorte d’évolution de la pratique « aventureuse » de l’alpinisme… s’adaptant aux progrès.

Ce serait intéressant d’avoir l’avis de différents magasins dans différentes régions…
A mon sens c’est vrai que l’escalade a plus évolué que l’alpinisme. Par contre, qu’il y ait surtout des alpinistes qui veulent faire un Mont-Blanc ou un 4000, je serai pas surprise que cela corresponde à des magasins en station… Perso, quand je vais au magasin de montagne de ma région, j’y croise d’autres alpinistes réguliers…

pratiques bling-bling ? :wink:

exact
c’est aussi moins difficile à maitriser: moins de paramètres simultanés
c’est un peu comme les maths, la complexité apparente rebute les jeunes
la soif et la joie de comprendre ont un peu disparu

[quote=« kiki_74, id: 1762079, post:11, topic:156679 »]Je rajouterais :
La mode du trail… et Ski de rando Tous le monde veut imiter Kilian. Tu as l’impression de faire de la montagne alors que c’est totalement différent.[/quote]

pas d’accord
je ne crois pas que ceux qui pratiquent ces activités auraient pu (en majorité) se passionner pour l’alpinisme
déja à mes débuts (années 60), certains pratiquaient le ski de rando sans jamais aller en montagne en été
par contre, les organismes formateurs (clubs, organisateurs de vacances, …) se dispersent beaucoup sur une foule d’activités, alors qu’autrefois les moyens (qui n’ont pas vraiment augmentés) étaient concentrés sur l’alpinisme

je ne crois pas
c’est plutôt que l’on ne trouve plus son plaisir avec les mêmes activités/éléments
et puis la multiplications et la sophistication des matériels
pour certains, les maitriser devient un but en soi, même s’ils n’apportent pas grand chose