Disparition de Marc (Marco) Peccolo

Posté en tant qu’invité par Bernard Fumeau:

Marc, mon ami et compagnon de cordée est mort à Gavarnie le 21 avril. Un accident de rappel à la descente du Pic Rouge de Pailla. Il avait 60 ans.
Ses obsèques ont eu lieu à Angoulême en présence de sa famille et de ses amis, nombreux, qu’ils soient liés ou non à ses passions : la musique rock, la course automobile et surtout l’alpinisme.
J’étais un peu plus âgé que lui, mais dès nos premières rencontres, il y a 6 ou 7 ans, il comprit que nous pouvions faire de belle choses ensemble à mon modeste niveau. Ce qui fut fait. Ici, des images de quelques unes de nos aventures.

Je n’étais ni le premier, ni le dernier à l’accompagner en montagne. Les fréquents voyages en voiture vers les Pyrénées, les Alpes ou le Massif-Central étaient l’occasion de me raconter ses courses passées* et celles dont il rêvait encore. Je ne connais que de nom, et pas toujours, ceux qui l’ont accompagné dans de grandes courses pyrénéennes ou alpines. Je voudrais qu’à ce premier post, viennent s’ajouter des témoignages de gens qui ont eu le plaisir de le rencontrer, que ce soit lors de courses d’alpinismes quel qu’en soit le niveau, ou simplement au refuge ou dans un bar à Cham. Si vous avez des anecdotes capables de nous faire rire ou pleurer, alors ne vous gênez pas !

Pensées particulières pour Brigitte, sa compagne et Mathieu qui l’accompagnait lors de sa dernière sortie.

  • Marc était, pas seulement à mes yeux je pense, un alpiniste amateur hors-pair. Son domaine de prédilection était le mixte. Sa liste de courses est impressionnante. Je dois avouer qu’aux débuts de notre cordée, je n’étais pas très rassuré de le voir placer si peu de protections. Mais bon, c’était Marco. Il assurait. En dehors des courses de haut-niveau, c’était un initiateur dont beaucoup se souviendront longtemps en Charente. Il publiait ses photos sur Flickr. On peut en voir ici.

Nous vous avions rencontrés tous les deux au Portillon cet été avec ma copine Mylène et nous avions partagé un bout de l’arête Crabioules Lézat : de bien bons moments !
Nous vous avions vu arriver loin derrière puis de moins en moins loin, jusqu’à nous faire lamentablement doubler. Bon, vous aviez quand même sortis la corde à ce moment-là et Mylène avait du poser pour quelques photos avec le lac du portillon comme décors en faisant « comme si ça grimpait » (elle venait de mettre les chaussons…). Autant dire que quand nous sommes arrivées au sommet, vous y étiez déjà…
Comme je comprends que c’est dur de perdre un tel compagnon de cordée, si enthousiaste, tellement porté vers l’avenir, sans cesse en train de penser à de nouvelles courses.
Isabelle

Posté en tant qu’invité par Didier B:

Bonjour,
Je ne connaissais pas Marc personnellement mais en allant sur sa page Flickr (tel est marc) je me suis rendu compte que nous partagions des photos de montagne par Flickr interposé. Son humour dans le titre de chaque photo était recherché et souvent drôle. Courage à tous ses proches.

Posté en tant qu’invité par falc’hun jean-luc:

Je prends le temps d’écrire un mot pour Marco disparu trop tôt. Depuis deux ou trois je le côtoyait au Club Alpin et même si je n’ai fait aucune grande ou petite course avec lui, j’ai pu partager de bons moments avec lui. Il côtoyait le danger, avec à la fois, sérieux et bonne humeur, totalement conscient de ses limites. Je le regardais et l’admirais comme le guide et le compagnon qu’il était, fort car connaissant ses faiblesses. Marco est parti la-haut au dessus des montagnes…

Posté en tant qu’invité par respyrations.fr (Jérôme):

Nous avions avec Marc des échanges simples… ceux auxquels on s’habitue sans s’en rendre compte… depuis 5 ans.
Un p’tit mail par ci par là, une photo, une info et toujours le mot pour rire, sourire… Humour toujours de tout type de degrés…
Pour l’anecdote second degrés justement… je me rappelle notamment de l’un d’entre eux qui m’avait particulièrement fait sourire… un jour d’Avril 2012 lors d’une période de disette en glace dans les Pyrénées. Nous attendions désespérément que le froid revienne… chacun occupant ses pioches comme il le pouvait.
Le mail était simple :
"Hello ! Tu peux (comme tu veux ! ) faire partager ce délire :
-UN NOUVEAU SPORT VIENT DE NAITRE EN CHARENTE : LE « LIERRE TOOLING »
PAS BESOIN D’ARVA, PELLE, SONDE, CHIEN D’AVALANCHE. SEUL DANGER : TU PEUX CHOPPER DES TIQUES !!!
Amitiés (quelques photos pour illustrer sur le mail à suivre)

Les photos en pj furent évidemment partagées sur respyrations… lien ici.

Dernier mail le 7 Avril dernier… un « coucou » du Vignemale et son "fantastique regel, neige béton depuis le Pont d’Espagne d’où on a fait l’aller - retour because refuge complet !"
et puis il y a eu Gavarnie, les coups de fil et la mauvaise nouvelle.

Salut Marco, ca doit être beau la-haut… passe quelques bonjours à ceux que tu as rejoins.

Posté en tant qu’invité par amar:

A mon premier de cordée, a celui avec qui j’ai chaussé pour la première fois des crampons, a celui qui m’a fait découvrir la Grave, la Bérarde, a celui avec qui j’ai réalisé mes premières courses à Chamonix, a celui avec qui j’ai partagé un bon bout de chemin, a celui qui est parti gravir un sommet qu’il n’atteindra jamais. Je pense à ses enfants, Françoise, Nathalie sa compagne depuis tant d’années. Ne pense plus à rien Marc, tu es pardonné de tout sois heureux la ou tu te trouve. Tu me manques.

Posté en tant qu’invité par Phil:

De passage sur Angoulême , j’ai eu la chance de manger avec Marc chez Nathalie, alors qu’ils revenaient juste de la Grave. Une fois de plus Marc avait fait une belle course au râteau et tandis qu’il plantait ses piolets dans une goulotte elle se baladait vers l’Aiguillon. J’entends encore leurs rires en me racontant leur départ en urgence, passer par le tunnel de Fréjus parce que route de la Grave fermée, un village western, un temps magnifique, une super soirée dans le téléphérique ou une fête était donnée dans le refuge. Un bonheur partagé. Dernière fois que j’ai pu voir mon pote de 10 ans, 5 jours avant le coup de fil terrible. Tu me manques salopard. Je vais devoir apprendre à ne plus vous voir arriver à 2 a la maison. Promis, j’irai, nous irons poser mon vieux piolet au pied de se massif que tu aimais tant. Bon voyage tiens toi bien et fais la bise à Patrick Berhault.

Comme DidierB je ne connaissais Marc que à travers Flickr où j’appréciais ses photos de montagne et ses commentaires. Bon voyage à lui et condoléances à sa famille et à ses amis sûrement nombreux.

Une fin de mois de septembre il y a quelques années. On s’est levé un peu tard et après l’ascension de la Ravier de la face Est, on termine la descente du Petit Billare (Lescun, vallée d’Aspe) versant Anaye à la frontale. Il y a de la lumière vers les cabanes. On a un peu de route à faire pour rentrer en Charente et il n’est pas prévu que nous y dormions. On entend une voix crier. Une lumière semble venir dans notre direction. Connaissant l’hospitalité des bergers, je dis à Marc que nous sommes probablement invités à boire un « café-casserole ». On met le cap vers la cabane. Effectivement, c’est une invitation. Mais pas pour le café. Dans la cabane, l’ambiance est déjà « chaude ». Un malheureux randonneur qui passait par là est déjà couché sur la table ! Demain, on descend le troupeau et ça se fête. Il n’y a pas de thé pour Marc. Je reste modéré dans la dégustation de boissons diverses. Il nous faut expliquer à quoi sert ce qui pend encore à nos baudriers. On passe un bon moment avant de s’échapper. Retour à Angoulême au petit matin.

Posté en tant qu’invité par Nicolas F:

Quel personnage ce Marc! Plus d’appels de sa part le mercredi matin avec sa voix caractéristique qui avait le don de me faire sourire! plus de plan escalade qu’il n’aimait pas tant que ça mais où il venait toujours se joindre à nous autres jeunes branleurs, plus de plans dry tooling charentais trois fois par semaine comme l’hiver dernier, plus de plan artif aux eaux claires dans le grande caverne, plus de séances ‹ tire dégaine › sur nos petites falaises… plus de petites discussions aux pieds des falaises, plus de projections de courses… plus de proposition de partir en semaine malgré le boulot… plus de sorties « originales » partagées avec toi…
Marc était notre papa de l’alpinisme, il nous a tout appris. De notre première sortie club au sancy à nos premiers pas en autonomie aux spijeoles, et ensuite notre « envol », il a toujours été là à nous soutenir et à partager avec nous. Toujours un mot sympa, toujours un petit sourire, un regard malicieux, un « enculé » lâché gracieusement, tout ce qui faisait qu’on passait avec lui de très bons moments…
Et nous qui bêtement nous amusions à lui demander quel parfum de pâtes de fruits ont pourrait lui emmener à la maison de retraite… Quel vieux il était!
« enculé », tu me manques

Posté en tant qu’invité par Nicolas F:

Rien qu’en écrivant ces quelques mots, je revois encore ces moments cet hivers dans notre petite carrière perdue … à défaut de bonnes conditions en montagne on se retrouvait là plusieurs fois par semaine à rigoler http://cafangouleme.ffcam.fr/videos-club.html
Ces voies qu’on arrivait pas à faire mais où on allait quand même pour rigoler, ces voies qu’on essayait d’ouvrir mais qu’on ne terminait pas, en se disant que tu allais revenir le lendemain pour la finir…

Posté en tant qu’invité par abim:

j aimerais savoir comment vous vous etes rencontrés avec marc et quavez vous fait ensembles ?

Posté en tant qu’invité par amar (Rama Hervé):

[quote=« abim, id: 1755321, post:12, topic:153354 »]

j aimerais savoir comment vous vous etes rencontrés avec marc et quavez vous fait ensembles ?[/quote]
Curieuse question!!!

23 avril… Un an déjà.
Allez, je publie sur C2C sans ton autorisation une peccolade parue dans la revue du CAF d’Angoulême en 2012. Gillebert, si tu te reconnais…

Face nord des Drus, voie Allain/Leininger. Août 2000.

Gilbert est originaire de l’Estaque, banlieue de Marseille chère à Guédigian qui , je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui, ne lui a jamais donné un rôle dans aucun de ses films. Je devrais dire Gillebert, car avec l’accent infernal… Gilbert est petit, la mâchoire inférieure un peu proéminente, ce qui lui donne un sourire un peu carnassier avec les dents du bas recouvrant celles du haut, maos costaud. Je le vois partir du camping avec un énorme sac à dos d’un pas sans équivoque. Sûr, ce n’est pas le poids qui va arrêter notre homme. Le soir, Gilbert raconte des histoires ponctuées de grands gestes devant un auditoire riant aux larmes. Plus tard, nous parlons montagne. Un vague membre de sa famille habitant le Valgaudemar et le récit de son ascension de la voie normale du Jocelme suffisent à former notre cordée. Objectif : la face nord des Drus par la voie ouverte en 1935 par Pierre Allain et Raymond Leininger, un des jalons de l’histoire de l’alpinisme.

Gilbert aimerait que l’on s’entraine un peu avant le grand jour. Bonne idée, mais le temps presse car ses vacances se terminent dans trois jours. Nous irons donc à la Petite Verte, course pas vraiment indiquée pour se préparer aux Drus, mais bon. L’avantage est que de là, nous pourrons descendre bivouaquer au pied des Drus et que c’est quand même plus sympa et rare de faire une approche en descente. Ce sera de la fatigue en moins. Nous étalons sur la pelouse du camping toute notre richesse en matériel : cinq sangles, six dégaines, un vieux piton rouillé, deux pares de crampons, deux baudriers, deux paires de chaussons, deux piolets, quelques mousquetons à vis, deux descendeurs et surtout deux brins de 50m paraissant indispensables à la descente en rappel. Nous décidons qu’au sommet du Petit Dru, nous franchirons le passage en Z pour atteindre le Grand Dru car il semblerait que la descente en rappel en soit plus évidente… Nous verrons. Vu l’impressionnant matériel étalé, le gardien du caming nous demande si nous allons au lac Blanc. Euh non, aux Drus. Et bien sûr Gillebert démarre : « … que pour le moment, on n’a pas les moyens d’acheter des casques, des fiends, des coinceurs, et que ce n’est pas une affaire d’argent, et que Livanos, dans les Calanques, limitait volontairement son matériel et que ça passait pareil et puis occupes-toi de ton camping, nous on s’occupe des Drus. »

Nous décidons d’un commun accord que je ferai toute la course en tête et que Gilbert portera les cordes, son camping-gaz, la bouffe, etc. Nickel, j’ai horreur du poids. C’est parti. Je redoute un peu le voyage en téléphérique car je pense que toute la benne va avoir droit au best-of des histoires marseillaises. Pas manqué, vivement la grande solitude aux pieds des Drus. Gilbert cavale malgré son gros sac. En milieu d’après-midi, nous sommes au bivouac sur le Rognon des Drus, dominé par la face ouest qui envoie son granit vers le ciel. Bivouac confortable sous un gros bloc bien que sans duvet ni matelas. Heureusement le réchaud de Gilbert ronfle plus doucement que son propriétaire.

L’avantage lorsqu’on ne dort pas est qu’on est vite en action et à 5h du matin nous empruntons un couloir « carrossable » qui nous amène sur des banquettes vers la droite de la face ouest dans des fissures et cheminées où les Drus haussent le ton. Escalade athlétique. On tire, on pousse et quand on a de nouveau de grosses prises pour les pieds, on appuie son front humide sur la paroi et c’est bon d’écouter les battements de son cœur. Nous venons buter sur une paroi lisse et verticale et les Drus, surement vexés par notre attaque surprise, cherchent à nous impressionner avec des fissures de grosse cylindrée et des râteaux de chèvres (qu’ont-elles à voir avec ça ?). Le terrain n’incite pas à la rigolade. D’ailleurs je n’entends plus Gillebert qui redevient Gilbert. Le silence et le vide n’incitent même plus à réfléchir. On trouve des pitons qui permettent de respirer et d’autres qui coupent la respiration quand ils restent dans la main.

Nous approchons de la niche des Drus et quelques coulées de glace s’amusent à boucher les fissures. Je trouve la plaisanterie très moyenne et j’en viens à regretter les vannes de Gillebert. Mais silence radio de ce côté là. Enfin la niche avec sa glace qui se deverse dans le vide. Nous ne suivons pas ce mauvais exemple et nous préférons filer discrètement vers la fissure Martinetti au pied de laquelle nous faisons un relais F2 (deux fesses). Et ça continue. Le Vsup chamoniard mets les biscotos comme les bouteilles de Chianti. Au dessus, deux ou trois surplombs se font tirer l’oreille et l’ascension devient mixte. Neige, rocher, verglas et glace ont de qui ouvrir l’appétit des plus blasés. Nous faisons une halte sur une vire pleine de quatz dont Gilbert entreprend l’extraction. Grâce à une cheminée interminable avec de la glace au fond pour se rafraichir nous arrivons tout près du sommet et au sommet.

Je passe sur les commentaires de Gillebert à propos de la vierge du sommet comme quoi elle est toute percée par les impacts de foudre… Nous nous attaquons au magnifique passage en Z qui mène au Grand Dru. Je ne vous lis pas la topo car il y en a pour une demi-page bien soporifique. Je me souviens juste d’une cheminée coudée pleine de glace et bien verticale du style qu’est-ce que je fous là-dedans en chaussons. J’ai dû finir ce truc au-dessus d’un vide sidéral et sidérant avec un ouf ! de bonheur. Tellement magnifique le passage que jamais plus on voudrait le refaire pour une série de photos d’oncle B. C’est vous dire !

Sommet du Grand Dru. Gilbert est éteint et repose son quartz sur le sommet. Voilà qui devrait intriguer le géologue qui passera par là. Nous enchaînons les rappels impeccablement jusqu’au moment où une chute de pierres nous sectionne la corde net. Heureusement, nous étions au relais et il nous manque à peu près 10m ce qui nous permet d’en terminer sans problème. Nous laisser glisser jusqu’au refuge de la Charpoua et ensuite jusqu’au Montenvers nous semble un jeu d’enfant et c’est de bonne grâce que nous répondons à ce couple qui nous demande d’où nous venons. « Du lac Blanc m’sieur dame, du lac Blanc ».