Kirghizstan : le massif du Fergana

Voici une petite présentation d’un massif majeur du Tien-Shan dans son extension. Des contributeurs ont déjà parlé du ski de printemps à Arslanbob. De retour du Pic Lénine je ne saurais que trop vous recommander cette halte rafraîchissante dans l’oasis d’abondance d’Arslanbob et ses forêts de noyers centenaires. Pour un trek plus que d’aventure, la partie sud-est est tout indiquée, loin des hommes, 40km avant d’arriver au fond des vallées, des 4000 à foison et des parcours glaciers de toute beauté dans une roche détritique qui vous rappellera le piémont du Pamir kirghize. Des dizaines de première en perspective entre 4000 et 4893.

Massif du Fergana

Caractéristiques générales

Le massif du Fergana est une vaste chaîne de montagne du Tien-Shan d’orientation Nord-Ouest-Sud-Est, sur une ligne partant approximativement du réservoir de Toktogul au col de Torugart. Son orientation demeure originale dans le Tien-Shan, dont les extensions sont en général est-ouest. La région au sud-est de la chaîne du Fergana comporte les sommets les plus hauts du massif. Elle est située à la jonction du Tien Shan et de l’Alaï. La zone est la rencontre orographique de l’extrémité de l’Alaï, du petit massif du Torugart-Too et du Fergana. Cette partie du Fergana est également très différente des autres parties de la crête tant par son altitude jusqu’à 4893 m (Pic Uch-Zend.) que par la conformation orographique et géologique. Le pic Uch-Zend (ou Uch-Zeid, « les trois saints »), 4905m (ou 4893m) est le point culminant de la chaîne du Fergana (Tien Shan). Le pic est situé dans la partie occidentale du glacier Ochi-Coman (n°70). La hauteur moyenne des pics dans cette région est de 4500-4700.

Le nord du Fergana est beaucoup plus accessible, et plus connu. Il a même fait l’objet d’un petit guide d’excursion et de randonnée du temps de l’Union Soviétique. Mais l’histoire alpine de la partie sud de la chaîne du Fergana n’existe pas vraiment, en tout état de cause parcellaire. Jugez-en vous même : à la recherche de photos de la zone sur Internet, je tombais sur la mention d’un commentaire affirmant que le géologue russe Dmitrij Ivanovich Mushketov avait exploré cette région en été 1910. De même je trouvais alors la mention d’une publication de bulletin de la société géogaphique impériale russe dans une liste sur les premières explorations du Pamir et ses proches régions: « Mushketov, D. Region of Glaciers in Eastern Ferghana. Ills. [en russe] Izvestyia Imp. Russian Geogr. Soc, Vol. 48, 1912, No. 1-5, pp. 281-293. » qui semblait confirmer les affirmations du commentaire. De plus ce fameux Mushketov ne pouvait être que le propre fils de l’explorateur pionnier Ivan Mushketov qui donna son nom au fameux glacier au nord de l’Engilchek. On ne peut que constater un « vide » de 90 ans dans la connaissance de cette région éloignée, jusque dans les années 2000 !

La zone fut d’abord visitée par les touristes dès les années 2000 pour ses activités d’eaux vives comme le rafting sur l’Oï-Tal, le Karakuldja et l’Arpa. Mais il y a une véritable absence d’activité d’escalade durant la période soviétique qui s’explique probablement par la proximité de la frontière chinoise, le climat pluvieux, et également l’éloignement des zones alpines depuis les villes, les villages et les routes.

Hydrographie de la partie sud-est

Les principales rivières de la partie sud-est du massif du Fergana sont du Nord au sud, l’Arpa et son affluent le Karakol (versant est), le Yassi, le Kara-Kuldja, le Kulun et le Terek (tous versant ouest). Le Karakol et l’Arpa situés sur le versant Est permettent une approche du massif depuis la région de Naryn et la route du col de Torugart. Les autres vallées sont elles atteignables depuis la vallée du Fergana et les villes d’Och et Uzgen. Le massif forme une ligne de partage des eaux entre le bassin du Fergana au sud et le bassin du Haut Naryn au Nord-Est, deux bassins qui formeront finalement le Syr-Daria en Ouzbékistan.

Géologie et orographie du sud-est du Fergana

La région sud-est est composée de roches métamorphiques, de schistes et de grès. Dans la vallée du haut-Terek et du Kara-Kuldja ce sont les schistes noirs qui dominent. En règle générale, ils sont fortement détruits par l’érosion (cette pierre s’effrite même parfois lorsque l’on marche dessus). On retrouve notamment ces roches fortement détritiques également sur le piémont du Pamir kirghize, dans le Trans-Alaï. Les itinéraires rocheux dans la zone sont donc de piètre qualité. La forte érosion des roches forme également un effet intéressant dit de «rivières noires », des ardoises broyées par les glaciers et qui colorent l’eau d’une couleur opaque et sombre. La coloration s’accentue même l’après-midi. Il est alors très difficile de traverser ces rivières car l’on ne voit pas le fond, et l’eau devient même impropre à la consommation.

Les fond des vallées sont généralement composés de conglomérat. En raison du fait que la région a connu des poussées géologiques successives en hauteur (le Tien-Shan étant très actif), de nouveaux canaux de rivière sont apparus dans la vallée en canyons parfois profonds, tandis que les anciens cours forme des terrasses surélevées. Dans les vallées étroites, les gorges présentent des parois abruptes de conglomérat, tombant directement dans la rivière, et dans lesquels il est pratiquement difficile voire impossible de se déplacer.

Dans le cours moyen des vallées on retrouve de vertes prairies alluviales fort belles. En aval on peut apercevoir quelques bosquets d’épinette du Tian-Shan, ce qui peut indiquer une plus forte pluviométrie. La hauteur maximale des fonds de vallées avoisine les 3500 m.

Climat du sud-est du Fergana

Le climat de cette zone du Fergana a ses spécificités car elle est la rencontre de plusieurs influences. Dans la saison d’été, environ la moitié des jours est pluvieux (sinon plus), et 30% des jours sous forme de précipitations prolongées. En été, la pluie peut tomber jusqu’à 4300m, mais également il peut y avoir des chutes de neige occasionnelles à partir de 3000m. L’amplitude des températures estivales est de -5°C à +25°C. La température est déterminée par l’orientation des arêtes et le mouvement général des masses d’air. Ici l’air humide provient de la vallée du Fergana, soit d’ouest en est, les montagnes de la chaîne du Fergana les retardent formant ainsi des précipitations abondantes sur ses pentes occidentales. En outre, la crête principale est un obstacle pour les masses d’air froid en hiver. Tout ceci contribue à la croissance d’une végétation luxuriante à l’ouest de la crête principale: les herbes peuvent facilement caché un homme assis. Et si un chemin n’est pas utilisé régulièrement alors il se perd vite dans la végétation envahissante en quelques années.

Les pentes orientales reçoivent également leur lot de précipitations qui demeurent sous forme neigeuse en haute altitude et viennent alimenter ses nombreux glaciers. Plus bas en aval du versant oriental, le bassin de la rivière Arpa n’est plus beaucoup arrosé. Son climat est sec, et fortement continental. C’est un désert alpin typique de hautes steppes d’altitude. Là les températures hivernales sont extrêmes et peuvent parfois atteindre -50°C.

Opportunité d’ascension au sud-est

C’est essentiellement les zones de glaciation qui créent les opportunités d’ascension. Il ne faut pas compter sur la qualité du rocher. Les routes sont courtes mais parfois techniques en neige/glace allant jusqu’à la cotation 4 (soit D). Ce sont les accès aux cols possédant des cotations 3A (AD) et des faces sommitales des glaciers sur les pentes nord-est. Les crêtes latérales du massif offrent également des petites faces glaciaires intéressantes. Les cols du secteur sont généralement unilatéraux, accessibles par le glacier sur le versant septentrional, et fermés au sud par des pentes raides de roches détritiques et de conglomérat.

Le massif semblent surtout être un terrain de jeu pour la randonnée alpine et le trekking de haute altitude avec quelques passages glaciaires techniques (cotation 1A, 2A-2B à foison). L’accès aux vallées peut prendre plusieurs jours et nécessiter l’organisation d’un groupe ayant l’habitude de l’autonomie avec des charges lourdes.

C’est ce que confirme les rapports et notamment celui de l’équipe de Dimitryi Shapovalov en 2007, partie de la vallée de la rivière Karakol sur les flancs orientaux du Fergana et qui réalisa l’ascension du Pic Xaocan Nord à 4818 m, puis se déplaça vers la vallée du plus haut pic Uch-Zend dont il réalisèrent l’ascension de la face nord glaciaire en sept longueurs d’inclinaison 70° puis un final sur une arête partiellement crevassée avant d’atteindre le sommet (4893 ou 4905) depuis leur camp d’assaut à 4350 m. Ils finirent leur périple par un trek à travers le versant occidental dans les vallées de l’Oïtal, du Kouloun et du Karakuldja.

Accès au massif sud-est du Fergana

Vallée de la rivière Yassi - cette vallée a été explorée par une équipe ukrainienne en 2008, dirigée par Bogdan Savchinskogo. Des détails sur les caractéristiques de la vallée peuvent être consultés dans son rapport publié sur les sites russophones. L’équipe d’exploration n’a pas réussi à localiser le Col Shilbeli qui permet l’accès au versant oriental du Fergana et qui est systématiquement représenté sur toutes cartes jusqu’à 1:500 000. L’accès en voiture est possible jusqu’au dernier village de la vallée. Il faut compter 40 km pour atteindre la haute vallée.

Vallée de la rivière Karakuldja - l’accès en voiture est possible jusqu’au village d’Uyallma et un peu au delà. En amont, il y a un sentier le long de la rive gauche jusqu’à sa partie supérieure. Depuis la fin de la piste routière l’accès est encore d’une longueur conséquente soit plus de 60 kilomètres, mais il existe de bons sentiers pour la montée permettant de surmonter les principaux obstacles. Dans les parties supérieures les rivières peuvent se passer à gué. En aval les populations locales de bergers entretiennent quelques ponts. La traversée du Karakuldja peut nécessiter des tyroliennes en saison estivale.

Vallée de la rivière Kulun – là encore l’accès est possible jusqu’à l’entrée du dernier village de Konduk (vallée du Tar puis de l’Oïtal, puis du Kulun). Au-dessus, un bon sentier conduit à l’extrémité ouest du lac de Konduk. Le contournement du lac est possible par un sentier sur la rive gauche, à une altitude de 400 à 500 m au-dessus du niveau de l’eau. Dans la vallée en amont du lac, il n’y a que des fragments de sentiers.

Vallée de la rivière Terek – l’accès avec un véhicule tout terrain est possible jusqu’au village de Terek mais la piste routière sur les 7 derniers kilomètres le long de la rive gauche a mauvaise réputation. Tous les conducteurs de camions lourds n’acceptent pas de vous y emmener ayant un doute sur la solidité des ponts sur la piste menant au village. Au delà du village, il y a une bonne piste sur la rive gauche du Terek, qui rejoint la confluence du Tyusdzhaylau (ou Tuyz-Djaïloo, pâturage salé). Au-dessus de cette confluence avec le Tyusdzhaylau, il existe des sentiers de chasse, mais il ne sont pas toujours sans ambiguïté sur la direction. La traversée à gué de la rivière Terek demeure difficile et déconseillée avant la confluence avec l’Ashuayryk. Ils existent des ponts plus ou moins entretenus sur le Terek, par exemple à l’approche de la confluence avec la Gupchikoy, et au-dessus de la confluence avec l’affluent du Balgandy. Les résidents locaux traversent la rivière à cheval, à de nombreux endroits, en particulier à l’embouchure de la rivière Tyuzdzhaylau, un endroit qui forme une plage plus large. Il y a également plusieurs ponts de neige en début de saison, apparemment assez fréquents plus en aval. Les deux plus importants sont cinq cents mètres au-dessous de l’embouchure de la rivière Kashka-Suu ainsi que quelques centaines de mètres en amont. Mais cela est à confirmer.

Le trajet en voiture depuis Osh pour toutes ces vallées du versant occidental est en général court (4h-6h) au delà il faut compter plusieurs jours de trek pour la remontée des vallées.

Vallée de l’Arpa-Karakol - l’accès à la partie sud de la crête principale du Fergana par son versant oriental est facilité par le large bassin de la rivière Arpa atteignable depuis la route Naryn – Col de Torugart (frontière chinoise). Il y a de nombreuses pistes de terre qui traversent et remontent la vallée de Karakol. La sécheresse du climat et l’altitude plus élevée facilite l’accès même si ce versant est plus sauvage. Depuis la fin des pistes routières, la crête principale est atteinte en 1 jour. Cette approche a été réalisée par le passé par les équipes de Bratkov et Dimitryi Shapovalov (2007, séjour combiné avec l’exploration du Djaman-Too), ainsi que par Mark Wedding (UK, 2010).

Excursions au Nord-Ouest des monts du Fergana

Là où la crête distante du Chatkal se connecte avec celle du Talas pour former l’Atoynok, entre les sources des rivières Karasu et Karakuldja commence alors vers le sud-est la chaîne du Fergana septentrional. Dans cette région, la chaîne de montagne forme des gorges étroites et profondes dont les eaux s’écoulent vers la rivière Naryn. Au bord Nord-Ouest de la montagne, la grande route Bishkek – Osh emprunte le parcours sinueux des gorges du futur Syr-Daria. C’est là que fut édifié dans le cadre du neuvième plan quinquennal dans une des gorges resserrées, le plus grand barrage actuel du Kirghizstan proche de Toktogul (large dépression entre le Suusamyr-Too au nord et le Fergana au sud). Ce haut barrage bloquant le cours du Naryn constitue maintenant un énorme réservoir d’eau.

Comme nous l’avons dit précédemment la chaîne de montagne forme une barrière puissante à la montée de l’air chaud et humide venant de la dépression du Fergana. Refroidies dans la haute atmosphère, les masses d’air humide provoquent de fortes précipitations aux élévations moyennes (à partir de 1400 m). Là le sol humide et fertile des fonds de vallée crée des conditions favorables pour un monde végétal quasi luxuriant. La générosité de la nature est ici incroyable. Sur le piémont à une altitude de 1000-1200 m, la végétation est d’abord semi-désertique. Les paysages sont parsemées de précieux arbustes fruitiers comme les pistaches. Puis à une altitude de 1200-1800 m s’étend la ceinture de forêts de feuillus: noyer, érable, pomme, prune, poire, aubépine, épine-vinette, groseille, rose sauvage. Les prairies ouvertes deviennent très pittoresques où poussent de nombreuses céréales sauvages, des fleurs mauves, la scabieuse, l’achillée mille-feuille, l’éremurus, la sauge et toutes les plantes à fleur dont raffolent les abeilles. Autant dire que le miel y est particulièrement savoureux.

Au-dessus des limites de cette zone commence les forêts de conifères et des pâturages subalpins et alpins. Les forêts de l’épinette du Tien Shan, conifères se tenant droit au ciel donnent une impression inoubliable. Ces troncs élancés, tout comme ceux du cyprès, peuvent atteindre 40 à 50 m de hauteur et se démarquent clairement entre les rochers et les pics enneigés. Les rives des torrents impétueux abritent le bouleau. Cette zone s’étend à une altitude entre 2500-2700 m Vient ensuite l’étage des prairies alpines où pousse le genévrier parmi les rochers à la frontière des neiges éternelles.

Les forêts de noyers - les ressources naturelles du Kirghizstan sont protégées par des lois de conservation. A l’époque de l’Union Soviétique, ces ressources étaient déclarées réserves de l’État et sous la responsabilité d’entreprises forestières qui protégeaient la végétation et la faune vivant dans les forêts. Souvent y étaient installés des chalets forestiers où vivait les gardes et exploitants. Actuellement ces forêts de noyers situées dans les montagnes du Sud du Kirghizstan occupent une superficie de 30 000 hectares. Dans les zones forestières autour des villages de Dashman, Gava et d’Arslanbob, ces forêts sont particulièrement denses. Les trois zones forestières sont pratiquement contiguës à une altitude moyenne de 1800 mètres, et sont réparties sur plusieurs vallons d’est en ouest. Les futaies sont touffues et les chemins qui serpentent sur les flancs des monts et des collines forment un véritable tunnel vert, où le soleil pénètre à peine à travers le feuillage. L’air y est rempli de l’arôme doux des noyers. Là pour goutter à la magie des lieux, il est nécessaire de garder le silence, brisé ici et là par le bruit des rivières, des cascades ou le babillage d’un ruisseau. Des deux côtés de la piste, entre les troncs d’arbres, de l’herbe dense peut s’élever jusqu’à 2 m. Sur les pelouses ouvertes on y trouve des groseilliers, de l’épine-vinette, de l’églantier, et des bosquets de mûre sauvage.

Excursions autour d’Arslanbob

Arslanbob est le nom d’un fameux jardinier qui planta, selon la légende, les forêts environnantes. Et depuis le village porte son nom. Il est situé à une altitude de 1400 m et depuis les temps anciens les résidents sont attirés dans cette partie nord orientale de la vallée du Fergana par son climat doux et sa beauté naturelle. Dans l’ancien temps on s’y rendait sur des chariots, charrettes, ou à cheval et avec des ânes, ou même à pied. Maintenant la route depuis le carrefour de Bazar-Korgon mène à Arslanbob par des bus quotidiens depuis Osh et Jalal-Abad. Peu à peu Arslanbob était devenu un endroit de villégiature du temps de l’Union Soviétique. Sur les bords des rivières et des ruisseaux, sous les arbres, on pouvait trouver de nombreuses infrastructures touristiques et sportives : des camps de loisirs, des camps de pionniers, de jeunesse, de comités d’entreprises et d’institutions diverses, ouzbèkes et kirghizes principalement. Cette infrastructure est tombée en désuétude et est désormais remplacée par de nombreuses chambres d’hôtes, tournées vers le tourisme local et internationale (CBT, Community Based Tourism).

Le zone habitée d’Arslanbob est large et s’étend sur près de 8-10 km, située à une altitude entre 1200 à 1800 mètres au dessus du niveau de la mer. Au dessus on aperçoit les prairies alpines et subalpines comme à portée de main dans toute leur diversité et richesse de couleurs rendues par les multitudes des fleurs sauvages. Les amoureux de paysages aquatiques et de la pêche peuvent faire une excursion dans les lacs et les nombreuses rivières de la région (Kulan-Kol, Aïna-Kol, nord du Baubash-Ata). Le village est couronné par les crêtes dentelées du Mont Baubash-Ata (4490 m), qui débutent à une altitude d’environ 3500 m. Pour peu que l’on prenne un peu de hauteur tout s’ouvre sur de jolis paysages de montagnes, de forêts et de maisons dispersées. Le sommet de Baubash-Ata est de faible altitude pour un pays qui compte beaucoup de 5000m et 6000m, mais sa position isolée fait qu’il est souvent sujet aux vents tempétueux. Par sa nature rocheuse abrupte, il faut particulièrement faire attention aux fréquentes chutes de pierres sur ses flancs. L’hiver à Arslanbob est relativement doux, avec une couverture de neige abondante, beaucoup de jours ensoleillés, ce qui crée d’excellentes conditions pour le ski de randonnée.

Arslanbob est à 114 km d’Andijan, à 90 km de Jalalabad et à 175 km d’Osh. Ce peut-être le point de départ d’excursions de randonnée sur plusieurs jours dans la chaîne du Fergana, tout comme une oasis de repos en route vers la chaîne du Chatkal au delà de la rivière Naryn et son fameux lac Sarychelek. Dans le village d’Arslanbob, se trouve justement un lieu de l’Islam local, le « mazar » du jardinier légendaire. Les dignitaires musulmans locaux l’avaient canonisé, et avaient construit une petite mosquée-mausolée en son honneur. Dès les premiers temps du sanctuaire, les pèlerins de toute l’Asie centrale se sont rassemblées en foule pour honorer la tombe du « saint homme ». Le temps fort du pèlerinage est en Août, date à laquelle viennent ici les représentants du haut clergé, qui y tiennent des cérémonies liturgiques. Hélas pour la légende, des fouilles pratiquées du temps de l’Union Soviétique ont montré qu’il n’y avait pas de sépulture dans la zone du mazar.

Non loin du mazar, à l’ombre d’un puissant arbre séculaire on peut trouver des « bazarchik » et des salon de thé. Là les habitants, les touristes et les vacanciers peuvent échanger des nouvelles autour d’un thé ou d’une tasse de koumis (lait de jument fermenté). Dans les salons de thé on peut aussi commander de délicieux risottos et toute sorte d’autres mets pour un prix modique avec l’ambiance typique en sus : des chachliks (brochettes d’agneau, mouton ou boeuf), des légumes farcis, des fruits, des petits pains, des tartes Samsa). Pour se loger il y a toujours une chambre d’hôtes libre dans le village où souvent les deux repas du matin et du soir sont inclus.

A 3 km d’Arslanbob au Nord, au pied des premiers contreforts de la montagne, se trouve la cascade du Chiltan. Le mirador domine l’eau qui tombe d’une hauteur de 30 à 35 mètres dans une gorge étroite, véritable anfractuosité dans la roche brisée qui s’échappe ensuite en quelques ressauts dans le vallon élargi en contrebas. L’air est saturé d’humidité et respire la fraîcheur. Un bon chemin monte au mirador. Les roches calcaires ont formé çà et là des grottes visibles. Cette belle cascade a longtemps attiré les gens. Même les «orthodoxes russes» l’ont une fois déclaré comme lieu de guérison des maux des femmes.

Sur le versant sud du Baubash-Ata, on trouve plusieurs cascades dont certaines tombent à pic d’une hauteur de 70 à 80 m. Partout l’on peut voir le travail de l’eau, l’érosion des roches. Une autre excursion conduit plus haut au pied du Baubash-Ata à une de ces grandes chutes d’eau que l’on devine déjà au nord dans le paysage environnant par son ruban vertical brillant de roches blanches. Elle est située à 6-7 km d’Arslanbob. Le sentier pour s’y rendre est plus en altitude. Lorsque l’on s’approche de la chute, elle devient nettement plus large, mais sa vision se réduit peu à peu pour finalement disparaître derrière un contrefort de montagne. Plus proche on n’entend plus que le grondement sourd de la chute d’eau. Près de la cascade il y a 2-3 petits bâtiments d’une centrale hydroélectrique, d’où partaient jadis des lignes électriques qui alimentaient l’installation d’un relais de communications radio, situé sur l’un des sommets des montagnes environnantes. Lui aussi visible au Nord-Est sur un petit plateau d’altitude. La centrale hydroélectrique avait une puissance de 1,5 kilowatts, assez pour l’approvisionnement en électricité des besoins domestiques du personnel de la centrale qui y vivait et du relais radio.

Depuis la centrale hydroélectrique on peut encore monter vers la naissance de la cascade. Il n’y a pas vraiment de sentier, mais quelques pistes parsemées de roches friables sous les pieds. Du sommet de la cascade, on commence à apercevoir les premières neiges au pied du Baubash-Ata, mais il faudra encore deux heures pour s’en rapprocher. Un certain nombre de rivières et de ruisseaux prennent leur source sur le versant sud de la montagne, comme la rivière Arslanbob-say et Kara-Kulak. Ces sources sont situées vers 2800 m là où demeure également des névés permanents.

A environ un demi-kilomètre de la cascade de la centrale hydroélectrique, il y a un petit canyon escarpé parsemé de petites anfractuosités où sont nichés des pigeons sauvages.

Sur la route principale 4-5 km avant Arslanbob se trouve un petit lac d’eau de source, envahi par les roseaux à proximité d’une falaise (probablement le lac Nujny sur la carte près de Gymkana). En été l’eau y est douce et particulièrement propice à la baignade. Dans ce lac on peut rencontrer des rats musqués importés depuis très longtemps et qui se sont très bien acclimatés et se reproduisent avec succès. Autour du lac il y a de grandes plantations de pommiers.

Excursion sur les rivières Karames et Kara-Unkyur

Nota-Bene : attention le Karames décrit dans l’itinéraire correspond à la rivière Sary-Tash sur la carte, affluent gauche du Kara-Unkyur qui devient le Kurobes en amont !

L’itinéraire peut se décomposer en trois sections de distances comparables : 1) en amont du Karames (Sary-Tash) vers le col Manchak (55 km); 2) col Manchak - Lac Karasu – rivière Karasu - col Kenkol (45 km); 3) col Kenkol – lac Kenkol - rivière Kara-Unkyur – Réserve forestière de Kyzyl-Unkyur – sentier de Dashman à Arslanbob (45 km).

L’excursion commence d’abord depuis Jalal-Abad par un bus public ou taxi en direction du village Charvaq (même vallée qu’Arslanbob), puis la direction en amont de la rivière Kara-Unkyur en passant par la bourgade de Kok-Alma. On parvient sur la route à la confluence de son affluent gauche principal, le Karames (ou Sary-Tash sur la carte). De là commence la première partie de l’itinéraire de marche. Le sentier bifurque de la route menant à la réserve forestière de Kyzyl-Unkyur, et grimpe immédiatement sur la pente et loin au dessus de la rivière, qui gronde en contrebas des rives escarpées. Le Karames reçoit de nombreux affluents originaires de la crête du Fergana, comme l’Ottuzart («trente-pas») et le Zindon (« donjon »). Parfois la partie aval du Karames est nommée par ce dernier affluent. Pendant 3 km le sentier traverse des forêts de feuillus et des clairières parsemées çà et là de ruchers et de cultures de pommes de terre. A la rencontre des exploitants il est possible de s’y procurer du miel et des pommes de terre. On peut même trouver à de nombreux endroits, des jeunes pousses sauvages jetées de la récolte précédente sur les bords, qui ont hiberné sous une épaisse couche de neige et germent à nouveau au printemps. Plus haut le sentier tantôt s’approche du flot impétueux de la rivière, tantôt traverse des bras de forêt, tantôt s’éloigne tant de la rivière que le son vibrant de l’eau s’estompe.

Sur la rive gauche les pentes tombes à pic dans la rivière, mais les noyers parviennent à s’y accrocher, et la pente prend une teinte vert pur, zébrée de place en place par les rayures blanches des cascades. Ici, la quasi-totalité des noix sauvages tombent au sol et rejoignent l’engrais naturel, à moins que quelques sangliers, nombreux dans la région, ne fouissent cet humus nourrissant.

Le sentier traverse également des futaies denses de bouleau. Les ravins et gorges sont envahis de mirabelles et autres fruits. Tout les ruisseaux et ruisselles de montagne déversent leurs eaux bouillonnantes dans le Karames. Les ponts sont souvent précaires, beaucoup d’entre eux sont démolis à chaque coulées de boue du printemps et chaque année restaurés à nouveau.

Lentement mais progressivement on monte en altitude. Environ 15 kilomètres en amont de l’embouchure du Karames on arrive à un grand rucher. La superficie des forêts de noyers s’est amoindrie en montant et laisse la place au bouleau, et au saule. De là, un autre sentier prend sur la gauche (dans le sens de la montée) la crête d’une faible colline menant à la vallée de l’Ottuzart, également densément boisée. De là il possible de se rendre également au col Manchak. Mais l’itinéraire de la vallée de l’Ottuzart vers le col Manchak, est connu pour être très raide, tandis que le l’itinéraire amont du Karames est beaucoup plus progressif. En amont le paysage s’élève, la robe verte des forêts devient plus clairsemée, et à certains endroits sous les falaises abruptes il y a les traces de glissements de terrain. Le fond de la rivière est parsemé d’énormes rochers. Le chemin s’en écarte vers la gauche, puis de nouveau revient près de la rivière, et parfois serpente entre les rochers et les pierres du bord. A environ 25 km de l’embouchure le sentier du Karames retrouve le fil de la rivière (attention sur la carte c’est le toponyme Kyrobes qui apparaît) et l’on se déplace le long de sa rive couverte de bouleaux. Plus haut commence à apparaître les genévriers.

Pour prendre la direction du col Manchak, on doit tourner à gauche sur un des petits affluents droits le Byrtal (peut-être le Burukchu-tal sur la carte), situé sur le parcours à peu près à 30 kilomètres de l’embouchure du Karames. Pour vous aider à trouver ce ruisseau, on peut demander aux agriculteurs locaux sur les hauts pâturages d’été. Une fois le Birtal trouvé, de là on continuera sur une dizaine de kilomètres avant d’atteindre le col. On marche sur un étroit sentier le long du lit du ruisseau aux eaux calmes, tandis qu’en contrebas le Karames rugit encore derrière vous alors qu’on l’a quitté. Puis peu à peu un silence étrange s’installe entre les majestueuses et imposantes montagnes. La montée devient plus raide. Près du col on établira un bivouac pour la nuit à une altitude d’environ 2500 m. Il y a encore suffisamment de bois mort sur les rives du ruisseau pour faire un bon feu, grâce aux coulées de boue du printemps.

Le lendemain, les premiers rayons du soleil levant sur la gauche vous saluerons le long du chemin. On monte en direction des sources du torrent, vers le col qui s’ouvre sur la vallée de l’Ottuzart que l’on devine en contrebas se tortillant dans la vallée. En amont l’Ottuzart prend sa source dans des zones de névés permanents. Sur l’autre versant du col le sentier à la descente serpente le long d’une pente raide vers le bas de la vallée de l’Ottuzart, que l’on doit traverser de part en part pour rejoindre un chemin en face qui se profile déjà. Il est à peine perceptible entre les hautes herbes et remonte la vallée de l’Ottuzart. Et l’on s’étonne même d’y trouver parfois des traces de sabots. Le sentier prend le vent des montagnes, désormais parvenu dans la zone subalpine à une altitude 2700 m.

Plus haut à côté du sentier se trouve dans un creux de vallon la neige épaisse d’un névé permanent, où s’est formé dans le bas de sa partie raide une petite grotte aux murs et plafond dégoulinant d’eau, d’où en un mince filet commence la rivière Ottuzart, alors que quelques kilomètres plus bas elle roule plusieurs mètres cube à la seconde.

Le col Manchak, non répertorié sur la carte, est aux confins de la vallée de l’Ottuzart pour basculer vers celle du Kapka-Tash et du Karasu sur l’autre versant du Fergana. Le sentier serpente à nouveau sur la pente raide qui paraît ici sans fin. Sur les côtés il y a des coquelicots jaunes alpins. A midi on atteint le col Manchak marqué d’une pyramide de pierres. On peut s’y arrêter pour se reposer et profiter d’un magnifique panorama de chaque côté. La hauteur du col est de 3300 m. L’air est pur et transparent. Tout en bas, sur les jailoo du versant nord, on aperçoit des groupes de yourtes et autour les petits points mobiles des troupeaux de chevaux et de moutons.

C’est sur le col Manchak que se termine la première partie de l’itinéraire. Le col est un emplacement idéal pour des nuitées bien que l’air y soit plus frais et que le gel soit au rendez-vous le matin. Le sentier commence à serpenter le long de la pente descendante, et vous déplace comme une navette sur un métier à tisser. La descente du col est peut-être encore plus raide que la montée et donne accès 3-4 km plus bas au lac Kapka-Tash (l’appellation kirghize locale est Kolbashi, ce qui signifie «la source, la tête du lac »). En effet, depuis le lac coule la rivière qui se jette dans le prochain grand lac du Karasu en aval.

Le versant nord du lac Kapka-Tash présente de tristes buissons épars couverts de genévriers rabougris ou encore des troncs individuels laissés comme à l’abandon. Au contraire, le versant sud est beaucoup plus pittoresque, strié par les bandes bleu-vert des épicéas du Tien-Shan, et les futaies de bouleau et feuillus, les bosquets d’aubépines sur les rives du lac. Toute cette beauté s’impose fièrement à nos yeux, le tout couronné au sud par les pentes de la chaîne de Fergana que l’on a franchi (crête appelée ici Kenkol), couvertes de neiges éternelles.

Le lac Kapka-Tash est d’origine morainique, qui dans sa partie supérieure présente un cône de déjection marécageux, de la rivière du même nom. Le sentier longe la rive sud du lac parmi les arbres de la forêt et rejoint la rivière issue du lac en aval. A peine 3-4 km plus bas, apparaît le deuxième lac, appelé Karasu. Le sentier emprunte encore la rive droite et parvient également en rive sud du lac Karasu. Les pentes au sud sont densément couvertes de roses sauvages et d’autres arbustes. Elles sont difficiles à traverser, tout comme la rive nord. Toutefois, même si la rive nord est également recouverte d’herbes et d’arbustes, on peut la traverser par un sentier suffisamment en hauteur en passant parfois par le sous-bois.

Le lac Karasu s’étend sur une étroite bande de 7 km de longueur et d’une largeur d’environ 1 km au départ plus évasé en aval (comme une poire très allongée). Le sentier qui le contourne s’étend sur près de10 km. Le lac Karasu, situé à une altitude 1938 m, a littéralement bloqué le cours de la rivière Karasu et forme en quelque sorte sa source principale par une résurgence souterraine sous les pierres. La rive nord du lac Karasu est assez abrupte en partie couverte de buissons épineux et d’herbes épaisses. Et il est peu pratique de s’y aventurer. La rive gauche est plus pittoresque, et un court sentier mène aux décombres de roches qui ont formé clairement le barrage naturel suite au glissement des pentes. L’endroit est jonché de larges blocs, d’un chaos empilé au hasard sur un bon kilomètre, avec çà et là une végétation clairsemée. On entend le bruit de la rivière qui coule sous les blocs pendant un demi-kilomètre en aval du barrage du lac.

Sur la rive sud du lac, il y a de bonnes pelouses parsemées de bosquets de bouleaux, ce qui fait de cet endroit une excellente aire de repos. Les pêcheurs partiront à la recherche d’un bon endroit, généralement à proximité de la confluence des ruisseaux de montagne avec les eaux du lac. C’est là où se rassemblent les bancs de marinkas, dans les eaux plus fraîches apportées par les affluents.

Les pentes méridionales de lac Karasu sont très pittoresques. Au centre du lac se dresse la silhouette de l’un des sommets de la chaîne du Fergana, l’Alyampasy (3754 m) dont les falaises semblent presque s’approcher du lac. Le long du rivage s’étirent des bosquets de bouleaux, espacés par des pelouses d’herbe verte luxuriante. Les ruisseaux bruyants, bondissent sur les rochers et portent leur échos lointains à travers la montagne.

La rivière en aval du lac s’appelle aussi le Karasu. C’est un affluent gauche de la rivière Naryn (Syr-Daria), dont l’embouchure est située près de la centrale hydroélectrique du lac réservoir de Toktogul 50 km en aval. A l’embouchure fut crée la cité de Kara-Kul, bourgade des constructeurs du barrage de Toktogul qui devint par la suite une petite station balnéaire estivale.

Du lac, le sentier descend le long de la rivière parmi les décombres rocheux. Sur les pentes septentrionales du Fergana on peut admirer plusieurs cascades d’eau qui tombe presque verticalement entre les escarpements, les bois et la végétation. Les rives du Karasu sont envahies par les bosquets de bouleaux, de saules de montagne et de ronces. Le sentier descend considérablement de puis la source du Karasu, puis il s’adoucit pour conduire facilement au croisement du sentier qui mène au col Kenkol (3134 m). La distance entre le lac Karasu et le col Kenkol est de 22 km. Au milieu du parcours on tourne à angle droit pour une montée raide sur les pentes du Fergana le long de la rivière Oyunkyur dont les rives sont d’abord envahies par les buissons et les herbes. Peu après on rejoint des prairies ouvertes. Au dessus se dresse la tête du Pic Kenkol (3547 ou 3564 m) et le col à gauche. On y trouve des baraquements visibles pour l’élevage. Les meilleurs pâturages sont situés sous la crête à une altitude entre 2500-3000 m. C’est un lieu où règne beaucoup d’activités.

Le sentier serpente vers le col Kenkol sur la pente raide, mais la montée est plus facile que celle du col Manchak: la piste y est large et bien foulée par tous les troupeaux. À proximité, se trouve donc à droite le pic Kenkol. On peut s’y rendre par un parcours rocheux pour admirer le magnifique panorama. Parmi les roches des crêtes c’est un vaste décor de prairies alpines et de végétation clairsemée qui s’offre à nous. Par une journée ensoleillée la montagne offre comme un oasis de fraîcheur au dessus des brouillards de la vallée du Fergana. Là s’étalent tous les étages de la végétation, les imposantes collines d’épicéas, et plus bas les lointaines forêts de noix. Tout l’horizon s’emplit de montagnes, de pics aux parois abruptes, au-delà de la rivière Karasu, le Tien-Shan entouré de nuages blancs.

Au col Kenkol s’achève la deuxième partie de notre itinéraire et commence la descente du col à travers les buissons de genévriers dispersés ici et là. Plus bas la piste sillonne entre les troncs des sapins. Le chemin descend rapidement et facilement sur six kilomètres en longeant la rivière Kenkol. On rejoint dans une forêt de bouleaux au dessus de la rive une ancienne structure d’un kolkhoze agricole estivale d’élevage. Si les lieux sont encore exploités c’est un lieu idéal pour faire un arrêt, et consommer les produits laitiers frais avant de continuer le voyage à travers la vallée plus étroite de la rivière Kenkol. Bientôt la rivière se jette dans un petit lac aussi appelé Kenkol, dont les rives sont envahies d’érable, de bouleaux et d’arbustes divers. Des touristes randonneurs viennent souvent directement d’Arslanbob par un chemin plus direct, pour venir pécher et manger de la soupe de poisson.

En aval du lac, la rivière coule maintenant sous le nom Kara-Unkyur (« La grotte noire »). Ce nom donné à un lointaine époque vient des nombreuses anfractuosités sombres qui peuplent les flancs de cette vallée. Au fond de la vallée des grottes noires les eaux de la rivière rage furieusement. Après le lac commence les forêts de noix et d’arbres fruitiers sauvages. Là le regard jeté dans les vallons latéraux s’illumine de toutes les nuances colorées des feuillages presque en toute saison. Les torrents y cascadent sauvagement à divers étages et la vapeur d’eau a rempli de mousse verte les roches glissantes. Combinée aux chaleurs de l’été c’est une végétation luxuriante qui s’y développe. Le Kara-Unkyur subi plusieurs sauts dans la pente plus forte du fond de vallée encaissée. Avec tous ses affluents et l’humidité de la région, le Kara-Unkyur devient un torrent féroce qui peut atteindre pendant les inondations printanières et la fonte des neiges un débit de près de 140 mètres cubes d’eau par seconde.

Dans la vallée du Kara-Unkyur on trouve également des ruchers, et une abondance d’arbre fruitiers comestibles comme les pruniers. D’autres buissons sont couverts de baies colorées, noir, rouge ou orange. Quelques unes de ses baies sont comestibles et collectées par les paysans pour en faire des confitures. Sur les marchés des villages environnants on trouve des confitures et compotes de prunes et de pommes.

La descente du sentier continue vers la réserve d’exploitation forestière de Kyzyl-Unkyur (Katar-Djangak sur la carte également). Au fur et à mesure de la descente la vallée s’élargit progressivement. Dans la zone de la réserve la vallée devient un large bassin où la rivière coule tranquillement. On rejoint une bonne route qui monte jusqu’à l’entreprise de bois. A l’époque de la KSSR (République Socialiste Soviétique du Kirghizstan) la zone était remplie de bondes de bois. Et les estives alimentaient en beurre, produits laitiers et viandes, le magasin de la coopérative. C’est encore un lieu de passage important vers les jailoos du Fergana et les petites entreprises agricoles du Fergana héritières dans anciens kolkozes. Dans la bourgade forestière, il y a une boutique, un restaurant et une boulangerie. Les résidents peuvent acheter du lait, de la crème des oeufs, du poulet et de la dinde. L’ancienne «manoir » central de l’exploitation a été construit en grès rouge, et porte maintenant toutes les traces des intempéries du rude climat des montagnes. Kyzyl-Unkyur se traduit en kirghize par « Grotte Rouge ».

Retour par le sentier de Dashman. De la réserve forestière on continue le chemin descendant le Kara-Unkyur. À 3 km de l’office forestier on traverse un pont sur la rivière, pour s’éloigner vers la droite en suivant l’affluent appelé le Kyzyl-Unkyur, et après 2 km, on tourne à gauche en laissant la rivière derrière. Le sentier monte parmi les fourrés denses de prunier, roses sauvages et d’épine-vinette. À sa droite, à travers le sous-bois, l’altération des grès a produit des roches aux formes insolites. Jusqu’à Arslanbob, la destination finale, il y a une distance de 20 km.

Le chalet de Dashman est connu pour être situé au centre d’une vaste forêt de noyers centenaires. En traversant la forêt, les sous-bois sont très denses et laissent peu de place aux rayons du soleil. L’air est immobile empli d’essence parfumée. Le silence est parfois rompu par le murmure d’un ruisseau, le claquement du rossignol au crépuscule, le cri aigu d’un faisan ou la fuite d’un sanglier qui se précipite dans le sous-bois en brisant les branches et les buissons sur son passage. Le sentier sillonne comme dans un tunnel végétal avec parfois à droite et à gauche les troncs centenaires des noyers moussus aux formes fantasques. La station du chalet Dashman est spécialement dédiée à l’exploitation et la récolte systématique des noix, ainsi qu’au prélèvement de l’essence de noyer comme bois de construction, principalement en finition de travaux de menuiseries. Les arbres morts servent quant à eux de bois de chauffage. A la fin de l’automne l’exploitation de Dashman effectue une des plus grandes récoltes de noix.

On traverse la bourgade de l’exploitation pour à nouveau plonger dans la profondeur de la forêt. On arrive en fin de journée à Arslanbob. Après cette longue randonnée c’est l’heure de profiter d’un bon repos dans les tables d’hôtes accueillantes d’Arslanbob. On peut même y passer 2-3 jours de détente sans même y trouver le temps long. Lors de cette dernière étape du voyage du col Kenkol à Arslanbob on recommande également de bivouaquer une nuit au bord du lac Kenkol, un lac par ailleurs assez poissonneux.

La longueur total du parcours est de 135 km, la durée estimée est de 9 jours. On peut lui attribuer la cotation II de difficulté (cotation russe de randonnée). La période pour s’y rendre s’étale de Mai à Septembre, et chacun de ses mois, à son propre intérêt. En mai et Juin, il y a encore beaucoup de neige en altitude et les nuits sont plus fraîches. En Juillet, les vallées regorgent de fruits, et les prairies subalpines sont partout fleuries. C’est aussi la période où les jailoo ont le plus d’activité. En Août, c’est encore la saison des fruits dans les villes et villages du Fergana, et dans les montagnes celle des fruits et baies sauvages comestibles. En Septembre, dans les montagnes c’est la fin des fruits sauvages, mais ils sont particulièrement mûres. La montagne commence à prendre les couleurs éclatantes de l’automne avec toutes les forêts de feuillus environnantes. L’automne le bétail descend dans la vallée en même temps que les ruchers pour prendre ses quartiers d’hiver. Après tout c’est votre choix, mais de l’avis des connaisseurs des lieux, le meilleur moment pour cette randonnée reste Août.

La traversée dorsale des Monts du Fergana

La randonnée que nous allons décrire maintenant est cotée III dans le système de randonnée russe. Elle est plus réservée à des randonneurs aguerris et demande quelques bases d’alpinisme. La longueur de l’excursion est de 155 à 160 km, dont 110 à 115 km le long de la crête du Fergana, à une altitude de plus de 3000 m. En général pour le bivouac on ne reste pas sur la crête mais on règle la progression en fonction des divers jailoos qui serviront d’étape. Les randonneurs doivent disposer de tout le matériel et de la nourriture pendant toute la durée du parcours le long de la crête de l’arête, sachant qu’il est possible de se ravitailler en quelques produits frais dans les jailoos (essentiellement viande et produits laitiers). Ces jailoos (estives) sont visibles depuis la crête entre 500 à 1000 m en contrebas. Les bergers vous y accueilleront certainement avec plaisir et même peut-être avec un certain faste.

Dans la plupart des endroits traversés, il n’y a pas de bois de chauffage mais légèrement en contrebas de la crête on retrouve partout des arbustes comme le genévrier, avec suffisamment de bois secs. Il est même possible de rencontrer à certains endroits, du genévrier rampant directement sur la crête. Prévoyez tout de même suffisamment de gaz pour la cuisine, à raison d’un cartouche standard pour 3 jours. Les nuits sont froides, mais pendant la journée il est possible de marcher en tenue légère les jours ensoleillés. Les vents sont parfois forts en altitude et rafraîchissent significativement l’atmosphère. La pluie et la neige peuvent également être au rendez-vous. Enfin le soleil ne fait pas de cadeau en altitude, alors il faut se protéger les yeux et la peau.

Le voyage commence à Jalal-Abad en prenant la route en direction du col de Kaldarma. Attention la route du col de Kaldarma (et Kugart) n’est pas mentionnée explicitement sur les cartes soviétiques au 100 000ème et 200 000ème, mais elle est présente sur la carte au 500 000ème. Il demeure également une imprécision sur son tracé empruntant une toute autre vallée plus haut nord (la vallée de l’Urumbash sur les cartes 100 000ème et 200 000ème). En tout état de cause l’itinéraire décrit semble confirmer l’existence d’une piste de 4x4 montant en direction des deux cols Kaldarma et Kugart, seule route encore actuelle qui traverse le massif du Fergana pour rejoindre la dépression du Naryn entre deux massifs de moyenne altitude le Moldo-Too au nord et l’Akshiyrak au sud. La route du col de Kugart traverse les villages d’Oktyabrskoe à la sortie de Jalal-Abad, de Dimitrovka, de Kugart dans la verte vallée du même nom. Elle traverse une région pittoresque de forêts de feuillus, de chalets, de villages et de ruchers éparses. La randonnée commence au col de Kaldarma (environ 3000m) pour 7-8 jours de marche en haute montagne.

Le col de Kaldarma est sur la crête de la chaîne du Fergana qui forme également un ligne de partage des eaux entre les bassins des deux rivières principales, le Naryn (« Soleil ») principale composante du Syr Darya au nord et le Kara-Darya (« rivière noire ») au sud dans la plaine du Fergana. Tout au long de la crête, partent de nombreux ruisseaux, de rivières, provenant des névés sommitaux. Mais tous les affluents du versant Fergana n’atteignent pas le Kara-Darya, car l’eau sert principalement à l’irrigation des champs. D’emblée on est plongé dans un décor de hautes montagnes, de ciel bleu et de nuages blancs délicatement accrochés aux sommets adjacents. Ce voyage sur la ligne du ciel nous permet d’admirer un riche panorama et toute la diversité des climats de montagne, dans la zone alpines et subalpines la végétation chétive des arbustes et des genévriers, puis plus bas les forêts d’épinette du Tien-Shan et enfin celles des feuillus. Par temps clair, on devine dans la moiteur étouffante de la plaine lointaine, les oasis urbaines d’Andijan en Ouzbékistan et d’autres grandes villes de la vallée du Fergana.

Au nord de notre ligne de parcours se succèdent comme des barrières interminables les montagnes du Tien Shan intérieur: au premier plan le Kokirim-Too (4351m) et le Moldo-Too (4100m-4185m) tranché par les gorges naissantes du Naryn, au loin le Suusamyr-Too (4048m), à l’est le petit massif de l’Akshiyrak (4036m, ne pas confondre avec le massif du même nom au sud du Terskey Ala-Too). C’est là tout le cœur du Kirghizstan, cœur de montagne, mais aussi cœur des hommes.

Alors comment ne pas évoquer les souvenirs des randonneurs du passé, et de leur nuits à ces hauteurs inoubliables. Fatigués d’une marche ardue, ils s’asseyaient devant le feu d’un campement kirghize dans l’attente affamée du repas. Sur les jailoo on entendait encore au crépuscule les voix des hommes et des moutons bêlant, le hennissement des chevaux alentour. Mais tout était redevenu plus calme à la lueur du feu, quand on entendait dans l’air le son incroyable d’une chanson kirghize et du komuz dans la montagne, et tout autour du camp luisaient les lumières scintillantes des yourtes et des tentes des bergers.

Maintenant que le feu était éteint, les yeux s’habituaient à l’obscurité et dans la nuit apparaissait la beauté magique d’un ciel noir intense piqueté de millions d’étoiles brillantes. L’esprit pouvait alors vagabondait sur ses chemins de lumière, comme celui parcouru durant la journée. Les étoiles devenaient pierres apparentes, roches et saillies et pics de montagne, d’autres des monstres cachés. Couché sur le dos pendant un long moment nul ne pouvait détacher ses yeux de cette sorcellerie céleste, et l’on devenait ainsi compagnon des étoiles.

Et la lune dans tout çà, devenait la fée de la nuit, avec pour soldat les troncs élancés des sapins tous en rang. Elle orchestrait la danse des ombres fantastiques sur les falaises et les pics, les rivières et les ruisseaux scintillant d’argent, les rives de ténèbres devenues fantasques, et le lac miroir pour s’y contempler. Le charme magique de la nuit était soudain perturbé par le grondement sourd d’un effondrement de roche, et l’écho bruyant des éboulis qui suivaient l’onde sonore initiale.

Au matin, ils se réveillaient au bruit des premiers coups dans l’alpage. En regardant attentivement hors de la tente, ils pouvaient apercevoir s’ils étaient chanceux des tétra-lyres, des lagopèdes, des bouquetins de Sibérie broutant paisiblement et le cerf qui s’aventurait hors des bois. Tout un bestiaire kirghize qui nous rappelait ceux des monts européens lointains. Inutile d’envisager la rencontre fantastique avec le léopard des neiges animal trop prudent, loin des hommes et de son bruit et hélas trop peu nombreux. Le regard qui ne percevait pas les silhouettes animales de l’aube pouvait errer vers les gorges profondes et les canyons en contrebas qui s’ôtait de la nuit, tout comme les vallées couvertes d’un voile pudique de brouillard devant le soleil levant. Maintenant les chevaux des jailoo et les moutons saluaient également l’aube de leurs sons lorsque l’énorme disque rouge du soleil se levaient déjà au-dessus des crêtes. Mais laissons là les souvenirs, pour qu’ils ne tardent à vous revenir également.

Revenons à notre randonnée. Il n’y a pas de sentier ou de piste sur la crête principale du Fergana. Il faudra donc dans certains cas éviter les ressauts rocheux trop raides par des échappatoires sur les flancs de la crête. De même la traversée de certains passages rocheux et des pics escarpés nécessite une extrême prudence et l’utilisation d’une corde d’assurance. C’est un terrain de haute montagne parfois escarpé et dans lequel la moindre erreur ne peut pas être toléré. Cette traversée est en dehors des sentiers battus et des accès aux cols traditionnels utilisés dans les jailoos. Ce n’est donc pas une randonnée commode. Sur l’itinéraire on croise un grand nombre de sentiers traversant la crête ainsi que plusieurs champs de neige (ils sont principalement situés sur le versant nord, et ils peuvent parfois être contournés au sud). Les sommets ne dépasse pas 4000 m. Il faut parfois contourner les pics les plus difficiles qui deviennent alors des objectifs de pur alpinisme. La règle de base pour l’orientation est de suivre la crête qui globalement suit une direction nord-ouest.

Depuis le col Kaldarma on suit pendant 10-12 km, le cours supérieur des rivières Kaldarma (versant est) et Kyzyl-suu est et ouest (« la rivière rouge »), d’abord en direction du nord puis de l’ouest. On parvient alors au col Kyzyl-suu (3075 m), là on rejoint un sentier long de 4,3 km qui suit la crête puis descend ensuite vers la gauche vers la rivière Urum-Bashi. On continue sur la crête au nord-ouest pendant 6-7 km pour atteindre le col Urum-Bashi (également à 3075 m). Là, la crête part en angle droit vers la gauche en direction légèrement sud-ouest pendant une douzaine de kilomètres avant de revenir à sa direction principale (nord-ouest). C’est là que l’on va rencontrer le premier obstacle, constituer par les contreforts rocheux du Pic 3741m que l’on doit contourner pendant prés de 7 kilomètres par la droite le long de pentes neigeuses sous le sommet 3741 m et ses falaises. La traversée oscille entre les altitudes 2800m et 3000m et compte plusieurs cirques montagneux orientée nord-est. Elle prend fin avec le dernier bastion rocheux qui s’efface au nord pour laisser place à une crête plus régulière. Après la traversée d’un dernier cirque neigeux on remonte pour rejoindre un sentier faîtier.

Le sentier suit désormais un direction presque plein nord sur 15 km pour rejoindre le col Karames à 3281 m (Kurobes sur la carte, rivière portant le même nom). Sur cette section le sentier est presque constamment au dessus de 3400m. Sur le chemin à gauche on aperçoit le pic de 3892m. Le col est assez fréquenté, et il est toujours possible de rencontrer des voyageurs. Puis la crête, peu après avoir quitté le col Karames, tourne à gauche et mène à un autre col, le col Manchak (3300 m) dont nous avons déjà parlé dans le précédent itinéraire. La distance entre les deux cols est d’environ 20 km. Lors de cette section du parcours, on se situe souvent au dessus de 3500m et même la côte 3625m. Près du col Manchak, on rencontre des névés sur le versant nord. La partie de la crête est appelée ici le Kenkol.

C’est maintenant la plus belle partie de l’itinéraire entre le col Manchak et le col Kenkol (environ 30 km). Immédiatement après le col Manchak la crête effectue un léger virage à gauche en direction des champs de neige faîtiers. La direction est celle de l’alignement des lacs Kapka-Tash et Karasu situés tout en bas au nord. La crête traverse le sommet de l’Alyampasy qui couronne un paysage de vertes forêts et de rivières à la teinte émeraude comme celle de la vallée du Karasu. Puis elle redescend vers le col Kumysh-Bel à 3476 m. Sur les prairies en contrebas, les jailoos sont piquetés de yourtes et de tentes des bergers.

C’est sur le col Kenkol que notre itinéraire sur la crête se termine. La distance entre les étapes est fonction des obstacles des cols traversés, selon que le parcours doit effectuer des détours ou non, mais aussi des capacités techniques et physiques de l’équipe. De toutes ses conditions dépendra le choix des lieux pour les nuitées. De même il faut tenir compte de l’exposition aux risques objectifs de la montagne comme les éboulements et les glissements de terrain qui se produisent souvent la nuit lors des changements brusques de températures entre le jour et la nuit. Il faut également prendre en compte l’exposition au vent qui peut briser les tentes au campement. Cette randonnée est possible de Juin à Septembre. Si l’itinéraire a lieu en mai ou en Octobre alors sa difficulté peut-être portée à IV. Dans tous les cas il est utile de se renseigner avec des prévisions météorologiques fiables. Mais si le mauvais temps et la neige est de la partie, surtout en mai et octobre alors il vaut mieux renoncer, car l’engagement dans la randonnée est important et nécessite une bonne orientation visuelle.

Si l’on décide de prolonger la randonnée sur la crête jusqu’au col Kumyr-Bel (3111 m, Kamyr-Bel sur la carte) alors le cotation de la difficulté passe à IV. Si au contraire la randonnée se termine au col Kenkol alors la suite de l’itinéraire de descente a été décrit dans la randonnée précédente.

Autres excursions autour d’Arslanbob, et du Pic Baubash-Ata

Combiné avec une visite du réservoir de Toktogul, la ville de Kara-Kul proche de la centrale hydroélectrique peut être le point de départ d’une randonnée entre les bassins de la rivière verte Kaindysu en remontant jusqu’à sa source, pour rejoindre le bassin versant de la rivière Kenkol (Kara-Unkyur), une excursion entre le pic Kenkol et le Baubash-Ata. Les excursions ne manquent pas autour du Baubash-Ata. Notons pas exemple, le CBT d’Arslanbob qui propose l’ascension du Baubash-Ata sur 4 jours (alpinisme de haute montagne, roches, neige et glace). Également une randonnée sur 3 ou 4 jours est possible vers les lacs d’Aïna-Kol et Kulan-Kol en passant par le col On-Tamchi (3145m, 17 km d’Arslanbob) et la remontée de la vallée du Kerets Ouest (18 km de distance entre le col On-Tamchi et les lacs). Sur cet itinéraire il n’y a pratiquement pas de forêts au départ. On peut encore continuer vers le col Kerets pour redescendre dans la vallée du Kerets Est, lui même affluent du Kara-Unkyur et rejoindre ainsi cette dernière vers le sud. Durant le parcours on admirera le Pic Chon-Kerets à 4126 m, ainsi que le versant Nord du Pic Baubash-Ata. La distance parcourue est de 20 km entre le lac Kulan-Kol et le lac Kenkol. Le retour vers Arslanbob est plus long, il passe par le cours inférieur du Kara-Unkyur et Dashman. Il compte quelque 27 km de distance.

De même une variante de l’itinéraire de randonnée décrit plus avant est possible en passant par le col Kumysh-Bel à 3476 m au pied de l’Alyampasi (3754 m).

Pour une visite des forêts de noix on peut traverser les divers vallons boisés d’est en ouest entre Arslanbob et Akterek (nord de Gava), sur une distance de 18-20 km. Il faut tout de même remarquer qu’il est difficile de trouver la bonne direction sur place, car il y a trop de chemins, et la carte n’en mentionne aucun !

Cartographie. Partie Sud-Est : Cartes 1/50000ème k43-126-1; 1/100000ème k43-113, k43-125 et k43-126 ; 1/200000ème k43-27 et k43-33 - Région Nord-Ouest, Arslanbob : 1/100000ème k43-86, k43-87 , k43-98, k43-99, k43-100 pour Kugart et le col de Kaldarma ; 1/200000ème k43-19, k43-20, k43-25 et k43-206.

Schéma orographique

Quelques liens vers des photos sur Panoramio (merci encore Diamir !)

http://www.panoramio.com/photo/11676313
http://www.panoramio.com/photo/11765326
http://www.panoramio.com/photo/11765325
http://www.panoramio.com/photo/11765323
http://www.panoramio.com/photo/11765280
http://www.panoramio.com/photo/11765269
http://www.panoramio.com/photo/11765257
http://www.panoramio.com/photo/11764952
http://www.panoramio.com/photo/11764939
http://www.panoramio.com/photo/11676346
http://www.panoramio.com/photo/11675808

les images grand format :

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Henri Lévêque

eh beh dis donc …

Le fameux Diamir sur Panoramio n’est autre que Dimitri Shapovalov, qui a exploré les deux massifs du Djaman-Too et du Fergana à partir de la vallée de l’Arpa. Il vient d’ailleurs gentiment d’accepter que certaines de ses magnifiques photos soit publiées dans le « Guide de l’Alpinisme au Kirghizstan ». Voici les liens vers sa présentation (en russe)


ce qui me donne l’occasion de vous dire que sur ce site, et d’autres sites russes, c’est une mine d’or concernant les topos que l’on peut y trouver. En recherchant négligemment je suis tombé sur un topo de 80 pages scannée d’expé au Kyulu (derrière le Terskey Ala-Too) datant de 1979, avec une toute une série de photos et de schéma commentés, et de description d’itinéraires avec les cotations. Evidemment il faut se mettre au cyrilique.

Henri Lévêque

Quand je vois le relatif peu d’info que j’ai pu mettre en ligne, je n’en suis que plus reconnaissant de la mine d’or que constitue tes posts! Je n’ai eu ni le temps ni le talent de rédiger des données aussi précises.

Dans tout les cas, tu me donnes bien envie de retourner au Kirghizstan en été, avec un sac et un piolet.

Je me disais que ça pourrait être pas mal de créer des régions dans le topo (comme pour les écrins par exemple) avec un copié collé de tes posts, ça serait plus accessible qu’un post sur le forum. Dans ce cas, je me ferais un plaisir de compléter du mieux que je peux avec des infos sur le ski de printemps.

Merci encore!
Antoine

Arslanbob

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Bonjour, et merci encore

tout ceci n’est tout de même pas le fruit de mes propres pérégrinations, « restreintes » à nos belles Alpes, la plus grande partie de l’année, un dernier séjour sur Aussois d’une semaine avec mes mômes. En fait je passe une partie de mon temps le soir à naviguer sur les sites russes pour trouver ces fameuses mines d’or, entre les topos actuels assez détaillés des explorations au Kirghizstan (dernier en date trouvé : une exploration de la vallée du Maïbash et de l’Aïransu en direction du col d’Aïransu en 2012, dans le Tien-Shan central, bien au sud de l’Engilchek et du Kaindy). Un secteur avec au sud le petit massif du Maïbash-Too qui logiquement n’a jamais été exploré et borde un territoire qui a été cédé à la chine en 1996. Donc les cartes soviétiques marquent une mauvaise frontière. De même la même équipe a exploré le secteur du glacier Komsomolets au sud de l’Engilchek vers le col Krasnoy Armiy (Armée Rouge), encore un coin où personne ne va et qui possède de belles parois glaciaires en 5000-6000 à la pelle, et facilement accessible.

Ca vaudrait d’ailleurs le coup d’évoquer dans un article plus complets les possibilités au sud du glacier Kaindy, la zone comprise entre la frontière chinoise du Kokshaal-Too, et les gorges de la rivière Sary-Djaz qui se jette plus loin dans les sables du Taklamakan.

Et on trouve aussi sur ces sites des vieux bouquins des années 70-90 fort bien rédiger sur des parcours alpins dans le Tien-Shan, je n’ai plus qu’à observer les cartes afin de rétablir une bonne vraisemblance dans la traduction. C’est faisable tant que la description n’est pas trop technique sur le déroulement de l’itinéraire et repère bien la toponymie des lieux. Je m’aide aussi de google map en relief et même de panoramio pour me faire une idée visuelle.

A bientôt

Henri Lévêque

Pour se rendre compte de ce qu’il reste à documenter, voici une liste des régions montagneuses de Kirghizie très mal documentées :

Tien-Shan du Fergana

  • Chaîne de l’Atoïnok (région nord de Tash-Komur, ouest de Toktogul)

Tian-Shan de l’intérieur

  • Chaîne du Suusamyr-Too (plutôt randonnée alpine)
  • Chaîne du Moldo-Too (plutôt randonnée alpine)
  • Chaîne du Kokkyrym-Too
  • Chaîne du Sonkul-Too (plutôt randonnée alpine)
  • Chaîne du Jumgal-Too, Oy-Kaïng (plutôt randonnée alpine, Alpinisme probable dans l’Oy-Kaïng)
  • Chaîne du Naryn-Too (mixte randonnée alpine, alpinisme)

Tian-Shan du Nord

  • Chaîne du Kungey Ala-Too (Alpinisme, randonnée alpine)
  • Chaîne du Zalaïskiy Ala-Too - frontière avec le Kazakhstan (Alpinisme, course glaciaire, randonnée alpine)

Tian-Shan Central

  • Chaîne du Maïbash-Too (plusieurs 5000), sud de la vallée du Kaïndy
  • Mont Utchat (5142m , sud du Kaïndy, Est Sarydjaz)

Alaï - sud Kirghizstan

  • Alaï de l’Est : chaîne de l’Oïbala
  • Alaï central : Kychyk-Alaï, Col Taldyk
  • Alaï de l’Ouest : Du noeud Matcha, Pic Tandykul 5544 à la Vallée du Kek-suu, glacier de l’Abramova

Henri

Bonsoir

j’en profite également pour rappeler le lien avec le guide de l’alpinisme au Kirghizstan mise à jour de toutes les nouvelles régions documentées
depuis 2013.

lien : Guide-de-l'alpinisme-au Kirghizstan-par-Komissarov.pdf - Google Drive

et de même spécifiquement pour l’ouvrage de V.N.Popov : L’ouest du Tien-Shan

lien : Tien-Shan de l'Ouest.pdf - Google Drive

Henri Lévêque

Juste au passage, et juste un mot : Merci !

Je n’y connais rien à ces régions, peut être même que je n’y mettrais jamais les pieds … mais j’ai toujours plaisir à suivre tes posts et tout autant à « découvrir » :wink:

Bravo, et encore merci pour le partage !

Michael.