Kirghizstan : les massifs du Kekkya et du Sary-Beles, une présention

Les massifs du Kekkya et du Sary-Beles

Courte histoire du massif

Apparemment ce n’est que très récemment que des groupes d’alpinistes et randonneurs portent un intérêt à ces deux petits massifs à l’écart des grands défis contemporains. Peut-être que la Kirghizie offre encore cette part de rêve pour nos âmes exploratrices, à la recherche de la « tache blanche » sur une carte, d’un monde perdu, d’un inconnu que nos pas dessinerons bientôt. Longtemps l’extrême sud de la région de Naryn sur la frontière avec la Chine est resté inaccessible au voyageur durant l’ère soviétique du fait des relations sino-soviétiques plutôt délicates. De même cette partie pratiquement aux confins du Kokshaal-Too, l’une des chaînes les plus longues et les plus élevés du Tien-Shan, n’est pas aussi élevée que vers l’est. Elle est elle-même plus à l’ouest que la partie dénommée du « Kokshaal-Too occidental ». Elle s’insère dans la zone plutôt indistincte qui « s’abaisse » doucement vers le col de Torugart, point de passage routier entre le Kirghizstan et la Chine. Mais à y regarder de plus près, carte à l’appui, cette zone présente des altitudes comparables aux massifs proches de l’At-Bashi ou même du Janyjer en face du Kokshaal-Too, de même qu’un système glaciaire qui mérite peut-être le détour.

Pour ce qui est des activités d’alpinisme, la zone était encore « introuvable » tant dans les anciennes listes soviétiques de cols que dans les bases contemporaines sur Internet jusqu’en 2001. Année durant laquelle fut organisée une première expédition de britannique (dirigé par D.Gerrard) au cours de laquelle 7 sommets faciles autour de 4200-4500 (F-PD) furent gravis. L’année suivante le même D.Gerrard réitère avec l’appui d’ITMC dans une pénétration plus avancée du massif du Kekkya vers les crêtes plus frontalières avec la chine avec 6 nouvelles ascensions de sommets autour de 4400-4700 (PD-AD). Les deux articles se trouve aisément dans les archives de « l’American Alpine Journal », hélas ils ne donnent pas d’emplacement très précis des sommets gravis, ni des situations toponymiques de rivières, et ne semblent pas se rapporter aux altitudes reportées sur les cartes soviétiques.

D’autres témoignages d’exploration sont également publiés dans les années 2004-2006 par un groupe de randonneurs moscovites sous forme d’expéditions plus modestes et informelles, mais tout autant méritantes dont le but fut le repérage des passages et des difficultés. La région n’est pourtant par exempte d’activités humaines puisqu’elles restent une région de pâture privilégiée, rudes mais fertiles pour la saison d’été. En témoigne la subsistance des anciennes structures kolkoziennes le long des vallées steppiques. Ces petites expéditions combinèrent la randonnée, le kayak et l’escalade pour améliorer l’exploration des lieux au delà du lac de Kelsu.

Pour autant on semble remarquer que les plus hauts sommets des deux massifs n’ont pas été gravis, ainsi que ceux de la ligne proprement frontière du Kokshaal-Too. C’est donc au propre comme au figuré, un champ de neige encore vierge sans autre ligne que vos prochains pas vers l’aventure.

Situation géographique

Les massifs du Kekkya et du Sary-Beles sont situés en face du massif de l’At-Bashi proche de la frontière Chinoise. Pour situer ces deux formations montagneuses, reprenons la longue ligne de l’At-Bashi (orientation sud-ouest, nord-est), où se situe au sud la très large dépression de la rivière Ak-say.

L’Ak-Say est un rude vallée de montagne. Dans sa partie sud-occidentale, à une altitude de 3530 m, dans un immense plateau de haute montagne se trouve le pays du lac Chatyr-Kol et le col de Torugart. Le massif se situe bien sur une même ligne latitudinale partant du lac Chatyr-Kol bien plus à l’est. Ce dernier lac bien que plus éloigné de notre massif forme probablement le quatrième plus grand lac de la Kirghizie après l’Issyk-Kul, le Song-Kul et le réservoir de Toktogul. A ce titre le Chatyr Kol présente une biodiversité intéressante dont nous reparlerons, et vaut certainement le détour puisque qu’il se situe sur le parcours d’accès vers le Kekkya.

Au Nord-Est on retrouve le Kokshaal-Too occidental baigné par la rivière Miudiuryum. Tous les bassins versants de cette large dépression débouche sur la rivière Kokshaal qui vient littéralement trancher le Tien-Shan frontalier pour s’écouler vers la Chine. Parmi les affluents du Kokshaal citons le Miudiuryum à l’est qui provient des longs glaciers du Kokshaal-Too occidental. Juste avant les profondes gorges du Kokshaal vient se jeter l’affluent, le Kekkya, qui donne son nom à ce massif en partie frontalier. Dans la partie orientale de l’Ak-Say, dans le secteur du village de Kagaliachap se trouve le plateau des sïrt, de longues élévations plates, steppes de haute altitude fortement dénudées. Ce sont des reliefs de pénéplaine, résultat de l’action d’anciens glaciers, de l’érosion des vents et de l’eau. Les vallées fluviales sont plates et peu profondes et de larges dépressions alluviales alternent avec des collines lisses et de faibles hauteurs. Le pergélisol est, ici aussi, le résidu d’ancienne glaciation, il est répandu à une altitude de plus de 3400 mètres.

L’accès des Kekkya et Sary-Beles est « facilité » en partie par la route qui longe les versants sud de l’At-Bashi et parvient au village de Chatyr-Tash, au delà vers le sud-est c’est le domaine des vastes paturages steppiques sur le piémont jalonné de pistes empruntées par les éleveurs, comprenant les accès ancestraux par les divers cols de la région principalement au sud du massif : cols Uruashtash, Sumsary et Chon-Uru (frontière sino-kirghize). Les anciennes structures kolkoziennes d’élevage susbiste dans cette région dévolue aux pâturages (sur la carte "Kultur Center). Cette région est encore souvent dénommée localement sous le nom générique de « Sïrt » (pacage de haute altitude dans l’inter-région entre le Terskey Ala-Too et le Kokshaal-Too occidental).

Présentation générale des massifs

La chaîne du Kekkya est un éperon ouest de l’arête du Kokshaal-Too. La hauteur moyenne de la crête de 4500 m. Le point le plus haut de la crête du Kekkya est de 4848 m, bien que la partie directement attenante du Kokshaal d’où elle part comporte des sommets à plus de 4900 m. La crête est délimitée au sud et à l’ouest par la rivière Aksayuru et au nord par la rivière Kokshaal et son affluent le Kekkya. De la dépression de l’Ak-Say, en direction du sud apparaissent de puissantes parois rocheuses, qui s’étendent sur 20 kilomètres d’est en ouest (depuis le Kokshaal Too). Les contreforts méridionaux du massif ne sont pas plus étendus que 2 km, abruptes et réguliers. Tandis que les contreforts septentrionaux, contrairement au sud, forment des reliefs fortement disloqués. Leur longueur est d’environ 12 km. Le relief est caractérisé par des vallées relativement plates sur l’ensemble de la chaîne, ce qui n’exclue pas de nets soulèvements formant des pics pointus en bordure. Les bassins versants plats atteignent une hauteur moyenne de 4300m, et quelques pics s’élevent proches de 4900m. La glaciation, dans toute cette région, n’est présente que sur le versant nord du massif. Dans la zone des crêtes à une altitude d’environ 4300m, on rencontre les premières neiges sous la forme de champs de neige et de glaciers « plats » de sommet. Ils occupent la plupart du temps les parties supérieures des vallées : le Kuneksaldy (avec 12 glaciers), le Karator (19 glaciers), l’Aksayuru (6 glaciers). Ainsi 73% des surfaces glaciaires sont des plateaux. Il convient de noter que la plupart des glaciers des sommets de la crête sont souvent recouverts de neige. Les sommets plats, qui sont situés à une altitude de 4400m ont un effet particulier sur la formation des champs de neige et des glaciers. Tout d’abord, ils ne sont pas favorables à l’accumulation de la neige en hiver, emportée par les vents violents. Ce phénomène est répandu dans presque tous les sommets de ce type au Tien-Shan, ainsi que dans le Pamir Alai. Les précipitations s’accumulent alors principalement sur certaines pentes, dans des gorges étroites en formant des champs de neige et des glaciers très denses. La hauteur de la ligne de névé est de 4000-4200, fonction de l’exposition. L’accumulation poudreuse peut former des vastes zones de congères, obstacles non négligeables dans la progression et l’exploration du massif. Les langues glaciaires sont situées à une altitude de 3900 m.

Les principales vallées du massif du Kekkya sont celles de la rivière Kekkya à l’ouest, puis dans l’ordre vers l’est, de ses affluents l’Aksayuru et le Karator, de la rivière Kuneksaldy affluent du Kokshaal ainsi que le Shabeto courte rivière longeant la frontière avant de se jeter dans le Kokshaal une poignée de kilomètres en amont de la frontière. Le point culminant du Kokshaal-Too occidental d’où part le Kekkya est situé à 4960 m d’altitude. De nombreux sommets sur la crête frontière dépassent les 4800, et sur les éperons latéraux, formant le Kekkya proprement dit, les arêtes se situent entre 4500 m et 4800 m.

Les vallées inter-montagneuses du Kekkya sont assez profondes, par exemple la hauteur de la vallée dans la partie centrale de la rivière Karator est de 3100m. Les dénivelés vers les cols peuvent donc atteindre plus de 1 km. Il n’y a pas beaucoup de cols d’accès facile, bien que quelques uns soit de catégorie 1A, 1B dans les parties ouest et nord du massif. Fondamentalement les cols sont rocheux, en glace ou de roches délitées, selon le degré d’exposition aux éléments. Pour des itinéraires plus techniques, le massif est pourvu d’un bon système glaciaire dont de nombreuses parois abruptes peuvent offrir à certaines saisons (plutôt l’automne), des itinéraires en glace propre à satisfaire toutes les intrépides alpinistes contemporains. Mais la prédominance du massif est plutôt rocheuse.

Sur la crête principale, d’après les estimations de quelques alpinistes rendus sur place, les cols ne semblent pas pouvoir être cotés à moins de 2a (PD/PD+). Dans la partie ouest de la crête, plus plate à cet égard, il y a effectivement un col coté 2a. Il convient de noter encore une fois que la région est très rocheuses. Les éperons rocheux sont particulièrement dentelés et présentent une grande variété de relief (murs, marches, vires). L’abord immédiat de la plupart des cols est rocheux, souvent sur une hauteur allant de 50 m à 300 m. Pour les alpinistes et les grimpeurs, ce massif présente donc un grand intérêt diversifié. Le seul et le plus grand inconvénient c’est son éloignement de la civilisation, bien que toutefois le massif soit moins inaccessible que le Borkoldoy ou même le Kokshaal-Too occidental.

La chaîne du Sary-Beles forme un éperon de la chaîne du Kekkya déployé vers l’ouest. Elle se compose de deux parties - l’occidentale et l’orientale (aussi appelée la montagne Keltan). Entre les deux parties, se trouve la gorge profonde de la rivière Kelsu, formant un canyon et une retenue d’eau remarquable, le lac Kelsu. La partie occidentale se prolonge un peu vers le sud-est en vallées étroites mais plutôt au nord-ouest en de multiples éperons dont la longueur est en moyenne de 12 km. La hauteur moyenne de la crête est de 4000m. Son point le plus élevé est le pic coté « 4726 » sur la carte. Les bassins versants sont plutôt plats et quelques plateaux d’altitudes sont souvent combinés avec des pentes abruptes. Ces dernières forment des obstacles insurmontables. Le versant sud de cette chaîne est également extrêmement raide et rocheux. Un trait caractéristique de la plupart des vallées du Sary-Beles est la présence d’une transition nette entre les pré-pentes herbeuses des vallées et les parois rocheuses abruptes. Des vallées douces mènent au cirque montagneux terminaux et les cols sont souvent des marches rocheuses, qui peuvent nécessiter l’utilisation d’un équipement d’escalade pour y parvenir.

Sur le versant nord-ouest dans la vallée de la rivière Kuldzhabashi se situe le plus grand glacier de la crête ouest du Sary-Beles. Ce glacier forme un cirque typique composé de deux branches, la fusion dans la zone d’ablation. La branche droite est deux fois plus grande que la gauche. La longueur de la branche de droite est 2,8km et sa surface est de 6,0km2. Sur le versant nord de la crête du Sary-Beles on décompte 11 glaciers, dont trois glaciers appartiennent au bassin Kelsu, 6 glaciers au bassin du Kuldzhabashi et 2 glaciers au bassin du Tekelik. La superficie totale des glaciers de la pente atteint 22km2.

La partie orientale de la crête du Sary-Beles, appelée Montagne Keltan est nettement isolée. Elle s’étend sur 7 km d’est en ouest avec des pics prononcés. Le point culminant du sommet de la crête est à la côte de « 4613 m ». Les contreforts septentrionaux ont une longueur allant jusqu’à 5 km. Les glaciers sont également situé versant nord et appartiennent au bassin de la rivière Kelsu. Le versant sud de la crête principale se brise en une puissante paroi rocheuse. L’exposition sud est défavorable au développement des glaciers, malgré l’altitude élevée. Par l’ouest de la crête principale et directement au sud les crêtes se reconnecte au Kokshaal-Too.

Les cols de la chaîne du Sary-Beles sont d’une difficulté supérieur ou égal à 2. Le tour du massif présente d’intéressant parcours de randonnée de difficulté 1. Si l’on souhaite explorer plus complètement le massif du Sary-Beles en randonnée il faudra soit se munir d’une petite embarcation pour traverser la rivière et le lac Kelsu soit remonter plus en amont du lac Kelsu, sur la rivière Kurumduk pour trouver un passage à gué. Les rives du lac sont la plupart du temps impraticables.

Géologie

Les roches des deux massifs sont pour la plupart représentées par du marbre et du calcaire, et dans une moindre mesure du basalte et du granit. Au pied des pistes et sur le bord des rivières on rencontre souvent des roches érodées formant de formes bizarres, empilement que l’on nomme « Kekurs », fruits de l’érosion de l’eau, ainsi que quelques gros monolithes posés dans le fond des vallées. L’érosion des torrents a formé des terrasses alluviales se terminant en falaises de plusieurs mètres de haut que l’on rencontre souvent en Kirghizie. Les kekurs ont une hauteur de 10 m et certains blocs atteignent 3-5 m. Le fond des vallées est plat ou faiblement ondulé. Les seuls obstacles majeurs lors du déplacement sont les nombreux ravins, et les falaises des terrasses fluviales, ainsi que la grande extension du lit rocheux des rivières. Lorsque les vallées secondaires ne présentent pas un fond plat alors elles ressemblent à des canyons et des gorges aux parois rocheuses escarpées et étroites, recouvertes de pierres charriées par l’eau. Parfois les éboulements ont complètement occupé leur lit et le passage dans ces vallons devient très difficile, et parfois même impossible. Les sols montagneux sont presque universellement dominés par la roche et les éboulis. Ce n’est seulement que dans les grandes vallées de montagne que l’on retrouve le limon des sïrts parsemées de galets.

La région du Kekkya et du Sary-Beles est une zone sismique active. Par le passé des tremblements de terre y ont atteint l’échelle de 9 points et même plus.

Hydrographie

Les plus grands cours d’eau du district administratif sont les rivières At-Bashi, Ak-Say et Kokshaal. La largeur de ces rivières est de 15-25 m, et de 0,5 à 1,6 m de profondeur, la vitesse de l’écoulement assez puissant est de 2 m/sec. Le fond des lits des rivières est rocheux, sableux. Les bords sont des gravières, souvent surplombés par des bancs de terre/gravier durci formant alternativement des terrasses hautes et raides. La plupart du temps les lits des rivières de l’At-Bashi et de l’Ak-Say forment en entrelacs de nombreux canaux d’une largeur variant de 3 à 10 m. Entre ces manches on trouve des bancs de sable, de galets et des îlots rocheux, inondés lors des hautes eaux (après-midi à l’heure de la fonte maximale). Les rivières intérieures aux massifs ont une largeur maximale de 5 m et une profondeur allant jusqu’à 1 m. L’écoulement des rivières est rapide, avec de nombreuses chutes d’eau, hautes et raides.

La principale voie d’eau de la vallée de l’Ak-Say est la rivière Ak-Say du même nom, se nourrissant principalement des glaciers sur la crête frontière sino-kirghize du Kokshaal-Too. En raison de la pente extrêmement douce de la vallée, la rivière et ses affluents ont un large lit, brisé en plusieurs branches. A proximité du village de Chatyr-Tash, la vallée a une altitude de 3000 m. Après la fusion avec l’affluent du Miudiuryum, la rivière est appelée Kokshaal et par une réduction significative de la crête du Kokshaal-Too passe en Chine vers le bassin du Tarim. Là elle fusionne avec les eaux du Sarydjaz. L’énorme volume de débit d’eau alimente le lac Lop Nor dans la province chinoise du Xinjiang (ex Turkestan chinosi), puis se perd dans les sables du Taklamakan.

Depuis la confluence du Kekkya et du Kokshaal, la rivière qui donne son nom au massif est alimentée par les glaciers ouest de la crête du Kekkya et son affluent l’Aksayuru. La rivière Karator est elle originaire des glaciers centraux de la chaîne du Kekkya. Tandis que le Kuneksaldy naît des glaciers à la jonction avec l’arête Kokshaal-Too. Le bassin versant du Kekkya, par son affluent l’Aksayuru, longe d’abord la crête du Kekkya au sud, dans un mouvement tournant ouest, nord-ouest puis nord-ouest pour se jeter dans le Kekkya. L’Aksayuru dans sa partie sud est une plaine inondable avec un fond rocheux large et peu profond. Elle traverse des collines de faibles altitudes formant un paysage paisible au relief doux. La rivière elle-même est divisée en plusieurs branches de largeur 1-5 mètres, de profondeur 0,5 mètres, avec une vitesse entre 0,5 à 1 m/s. Les pentes au nord et au sud de cette partie de la rivière forment souvent des pinces. La rivière Aksayuru en direction du nord a frayé son chemin à travers la roche, comme en témoigne les images satellitaires et les cartes topographiques. A la confluence de l’Aksayuru et du Kekkya, la rivière forme de nouveau une gorge plus resserrée. La différence de hauteur de la rivière atteint 400 m (3700 - dans le cours supérieur de la rivière, 3300 à la confluence avec le Kokshaal).

La rivière Kekkya est formée par deux principaux affluents les rivières Tuyuk Botomoynok et Kelsu. Dans la partie sud (amont) de la rivière à hauteur de la confluence du Tuyuk Botomoynok et du Kelsu la vallée est d’environ un kilomètre de large et présente à certains endroits des zones très marécageuses. Là la rivière atteint 15m de largeur. Dans la partie nord de la rivière la vallée devient en grande partie un canyon. Ici, la rivière est de 20 m de largeur, avec un écoulement de 1,5 m/s. La rivière Kelsu est située entre la montagne Keltan, partie orientale du Sary-Beles et sa partie occidentale. Plus en amont commence un lac de barrage naturel portant le même nom, le lac Kelsu. Ce dernier donne naissance à la rivière Kelsu en aval. Le Kelsu a une largeur dans sa partie médiane d’environ 15 m, son débit est d’environ 1,5 m/s. Les eaux en amont du lac Kelsu proviennent de la rivière Kurumduk. Les falaises des deux côtés du lac le rendent extraordinairement beau. L’affluent Tuyuk Botomoynok lui longe les montagnes Keltan à l’est. La vallée de cette rivière est large avec des pentes de rives herbeuses, et parfois partiellement inondées. Un chemin remonte l’intégralité du Tuyuk Botomoynok pour rejoindre la frontière chinoise à un col à 4026 m, le col Butmakak (voir la carte au 100 000 ème K43-130).

Le Karator est une rivière principalement alimentée par les glaciers centraux de la chaîne du Kekkya. Elle est également alimentée par de nombreux affluents orientaux et occidentaux provenant des vallées suspendues de la crête principale et son éperon central légèrement au nord. Dans la partie sud, proche des sources du Karator, avant de tourner son cours vers le nord et d’atteindre une vallée plus large, la rivière forme un magnifique canyon sur une largeur de 20m dont il est difficile de longer les rives. Là il possible de les contourner sur les hauteurs de la rive sud. La partie centrale de la vallée est un fond rocheux en pente douce. Là le cours d’eau se divise en de nombreux bras d’une largeur de 1 à 10 m à une vitesse de 0,8 à 1 m/s. Le volume d’eau de la rivière augmente énormément à partir de midi. Dans la partie nord, après la fusion avec son plus grand affluent de l’Ouest, la rivière est forme un canal plus étroit et se jette dans la rivière Kokshaal. La largeur de cette partie est de 10 m. A l’embouchure le Kokshaal fait environ 50 m de large.

Les rivières gèlent à partir de Novembre, et dégèlent en Mars-Avril. Les crues printanières associées à la fonte de la neige accumulée pendant l’hiver sur les pentes et dans les vallées sont en Avril-mai. En Juin et Juillet, pendant la période où la fonte des neiges éternelles et des glaciers est la plus intensive il peut y avoir également des inondations estivales. Les niveaux les plus bas sont atteints à partir de septembre et se conservent tout l’hiver jusqu’au printemps suivant.

Le Lac Kelsu et les lacs de la région

Le plus grand lac de la grande région de l’Ak-Say est le lac Chatyr-Kol. Sa superficie est d’environ 170 kilomètres carrés. Sa profondeur, selon diverses estimations, varie de 5 à 20 mètres. Sur les 24 rivières qui s’écoulent dans le lac, seule la rivière Kok Aygyr possède de l’eau constamment. Malgré le fait que le lac soit totalement fermé sa minéralisation est faible et se trouve entre 0,5 à 1 mg/l. La température de l’eau en Juillet et Août varie de 6° à 16°. Les beaux jours on peut donc s’y baigner !

Vers l’est dans la proche vallée de l’Ak-Say, il y a beaucoup de petits lacs, les lacs Kelsu , Kosh-Kol et d’autres encore. Certains d’entre eux constituent des réservoirs d’eaux minérales de qualité, mais en raison de l’inaccessibilité de la zone, ils n’ont guère été étudiés. Les eaux souterraines dans ces montagnes se retrouve à des profondeurs très variables, mais souvent très basses. On a pu mettre en évidence des eaux souterraines dans les vallées à 5-30 m de profondeur. Sur le territoire du district d’At-Bashy, il y a effectivement plusieurs sources d’eau minérale riches en carbonates de calcium. Certains d’entre elles sont utilisées dans le domaine de l’industrie alimentaire pour la production d’eau minérale potable.

Flore

La végétation forestière dans la région est faible, elle est constituée notamment de l’épinette du Tien-Shan, surtout concentrée sur le versant nord de la crête de l’At-Bashi. Aucune présence d’arbre dans les massifs du Kekkya et du Sary-Beles. Les pentes méridionales sont complètement dépourvues de forêts à cause de l’exposition au sévère climat continental extrême. L’extension des versants sud est souvent moins prononcée, avec une longueur maximale de cinq kilomètres avec un piémont qui se trouve à une altitude de parfois de plus de 3500 mètres. Les vallées fluviales sont profondes dans les montagnes où poussent l’archa (genévrier) et quelques autres arbustes. La plupart des pentes de montagnes sont couvertes de prairies d’herbes courtes. Au dessus de 3600 m dominent les diverses plantes alpines résistantes au froid, souvent rassemblées en touffes resserrées. La végétation des grandes vallées inter-montagneuses est steppique. C’est un paysage typique où l’armoise des steppes (variété d’absinthe) abonde à une altitude entre 3100-3550 m, les herbes fourragères comme la fétuque forme le restant de cette steppe (3500-3800 m). Selon les conditions la steppe est semi-désertique et à désertique froide (3550-3800 m).

Faune

La composition habituelle de la faune de montagne au Kirghizstan est présente dans la région dans toute sa diversité. On trouve des oiseaux comme la cigogne noire, l’épervier, l’aigle royal, le Gypaète barbu, l’oie à tête barrée, l’aigle des steppes, le vautour, … Parmi les mammifères: le bouquetin, le mouton de « Marco Polo » (argali), le loup rouge, la gazelle, l’ours, le lynx, le léopard des neiges. Cette ancienne profusion d’animaux attire la chasse pour sa valeur commerciale. C’est une région où l’on organise beaucoup (trop) de tours de chasse, en particulier pour les moutons de « Marco Polo » et les bouquetins, ce qui suscite un grand intérêt de la part des chasseurs étrangers. Hélas, cette dernière circonstance conduit à ce que les animaux sauvages se rencontrent de plus en plus difficilement. Et la vallée est littéralement jonchée de cornes d’animaux morts. Il convient de noter que le mouflon « Marco Polo » (Ovis Argali ou Ovis Ammon Serverstovi) est sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

Les parages du lac Chatyr-Kol sont une zone de nidification pour des milliers d’oies sauvages, canards et autres oiseaux.

Climat

Les conditions météorologiques de la région sont tout à fait stables et prévisibles. La plupart du temps sec et les bonnes conditions de neige et de glace se produisent dès la première moitié d’Août. Le régime des vents dominants et l’ouest et le nord-ouest. Le climat est continental. La température annuelle moyenne est de -5°c à -6°c, la maximale est de 24°c en été mais sur une période courte, et l’hiver cela peut atteindre -50°c. En été à une altitude de plus de 3000 m, il gèle chaque nuit.

L’hiver la plupart des pistes deviennent impraticables de la mi-Novembre à mars inclus (dans les grandes dépressions de montagne, à partir de mi-Novembre à mi-Mars). La saison hivernale se caractérise par un temps froid et nuageux. La température de l’air dans l’après-midi, en fonction de l’altitude varie de -3°c à -15°c, et pendant la nuit de -20°c à -30°c. (une température minimale d’environ -50°c a déjà enregistrée). Les précipitations neigeuses sont fréquentes. L’épaisseur de la couverture de neige sur les parties inférieures des pentes et dans les vallées est entre 1-2 mètres de haut et dans les montagnes atteint 5-6 m, parfois jusqu’à 10 m. A ces altitudes les avalanches sont fréquentes principalement au printemps. Il arrivent qu’en vallée le mois de janvier soit presque sans neige. Le printemps dans la plupart de la région dure les deux mois d’Avril et Mai, dans les vallées plus basses deux mois et demi (de la mi-Mars à Mai). La météo au printemps est instable, généralement avec de fortes précipitations (le maximum en Avril). Le jour la température varie de 10°c à -3°c. La nuit de 5°c à -20°c. L’été dure de Juin à Août, cette saison est fraîche et sèche. Les températures diurnes vont de 5-7°c à 15-20°c et la nuit de 4-6°c et 0 à -10°c pour les minimales. Il y a un peu de précipitations estivales, principalement sous la forme de courtes averses ou de grêle. L’automne commence en Septembre et dure jusqu’à la mi-Novembre. Elle est marquée par un temps clair et stable. Dans les montagnes les premières chutes de neige peuvent commencer début septembre. La température diurne varie de 12° à -7°c, et la nuit de 0° à -20°c.

Les vents dominants de la saison chaude sont occidentaux, orientaux à la saison froide. La vitesse du vent est de 2-3 m/s. La force maximale des vents est atteinte en hiver (15 m/s ou plus). Ce territoire est également caractérisé par des vents thermiques locaux dans le sens montagne-vallée de petite et moyenne puissance. Ils soufflent sur les pentes de montagnes et des vallées la nuit et le matin dans un sens et l’après-midi dans la direction opposée.

En raison de la nature de l’orographie des Kokshaal-Too, Kekkya et Sary-Beles, ce sont les versants nord qui sont les plus humides, là où les glaciers sont les plus conséquents. La glaciation a une grande influence sur le taux d’humidité. Par exemple l’humidité relative des mois d’été à proximité des rivières comme l’Ak-Say (Kekkya) ou l’Uzengegush (Kokshaal-Too) est de 65 à 70%, qui s’avère au taux d’humidité de l’air relativement suffisant, alors que l’humidité relative dans l’est du Pamir est de l’ordre de 21 à 28% et peut même souvent tomber à 9%.

Conditions d’accès à la zone et organisation du séjour

La zone est dans le district At-Bashi. Elle est également suffisamment loin du centre régional de Naryn, et encore plus loin de Bishkek. Pour se rendre à la vallée de la rivière Ak-Say de Bichkek, il vaut mieux disposer d’un véhicules 4x4 pour parcourir les diverses altitudes et cols variant de 2500 à 3800 mètres. La route depuis Naryn emprunte le col de Kaindy pour rejoindre la route en direction du col de Torugart dans la dépression de l’Ak-Say. On peut également partir de Naryn et contourner l’At-Bashi par le col de Torugart et le lac de Chatyr-Kol en sens inverse, ceci étant moins direct mais donne l’occasion d’admirer le lac Chatyr-Kol et les massifs éloignés du Torugart-Too et du Djaman-Too. Le point d’arrivée sur le route est le village de Chatyr-Tash.

De là il faut rejoindre le « Kultur Center » Kekkya ou Cyrashtash sur la carte (en amont sur la rivière Kekkya). Il est parfois possible d’atteindre ce « village » à l’aide de véhicules 4x4, sachant que le moyen le plus commun et le plus abordable reste dans la région le transport à cheval, qui peut être loué à des bergers. L’endroit constitue un bon camp de base pour rayonner vers les hautes vallées montagneuses environnantes. L’estimation des prix du portage en 2006 pour la location d’un cheval portant une charge de 30 kg était de 600-700 roubles pour 15 km, ce qui donne en euro pour l’époque quelques 20 euros.

On se munira de tout le nécessaire en terme d’alimentation fraîche et/ou de base dans les grandes villes comme Bishkek ou Naryn, l’endroit étant relativement isolé et les magasins totalement inexistant dans les campements d’élevage estivaux (jaïloo), même si les populations locales sur ces pâturages lointains sont très accueillantes et seront prêt à ajouter à votre menu du soir un agneau en votre honneur. Par conséquent, et par équité nous vous recommandons d’apporter quelques « friandises » inhabituelles dans ces contrées.

Pour les plus aventureux qui souhaitent parcourir les eaux du lac Kelsu, des kayaks peuvent être utilisés afin de passer plus rapidement sur la rive opposée et d’étendre ainsi dans le temps imparti les possibilités d’exploration. Inutile de dire qu’il vous faudra les amener avec soi depuis Bishkek.

La région est en zone frontalière et un permis spécial d’accès y est requis, comme pour toutes les vallées qui se situent au sud d’une ligne At-Bashi, Janyjer et Borkoldoy. Il est conseillé de prendre plusieurs copies du permis d’accès aux zones pour les donner aux unités militaires dans les postes de contrôles et de frontières.

Cartographie. Cartes 1/50 000ème : k43-117-4, k43-129-2 et k43-118-3 ; 1/100 000ème : k43-117, k43-129 et k43-118 ; ; 1/200 000ème : k43-29.

Le massif du Kekkya

Le massif du Sary-Beles

Merci encore pour ce partage de précieuses connaissance sur ce beau pays !!

super, merci.