[COURS] Le mal aigu des montagnes

[i]Bonsoir à tous,
Il m’est venu l’idée en prenant ma douche, de faire des résumés utiles des symptômes et affections que l’on peut rencontrer en pratiquant les sports de montagne, et ce retranscrit à partir de cours universitaires, avec des termes que tout le monde comprend.
Les informations que vous trouverez dans cet article sont issues de sources fiables (CHU), le but était d’éviter de se renseigner sur doctissimo ou autre sites type « angoisse à vieille » où les informations sont données hors contexte donc inappropriées…

Avant toute chose, sachez que je ne suis pas médecin, seulement étudiant en médecine et que ces informations sont à titre indicatif et ne dispensent pas d’un avis médical en cas d’incident.

Le premier sujet abordé est celui du mal aigu des montagnes. Si cet article vous plait, je pourrais en faire d’autre sur des thèmes qui vous intéressent. J’ai donc essayé de faire un condensé de tout ce que j’ai trouvé/ apprit à la fac sur cette patho.
[/i]
Le mal aigu des montagnes

Une affection fréquente que tout alpiniste rencontre au moins une fois dans sa vie, le plus souvent bénigne, mais qui peut aussi se compliquer en œdème pulmonaire (eau dans les alvéoles pulmonaires) et en œdème cérébral (hyperpression intra-crânienne à cause de l’œdème).

Facteurs de risques favorisant le développement du mal aigu des montagnes

  • hypertension artérielle
  • haute altitude et ascension rapide (devient significatif au-delà de 3500m)
  • altitude à laquelle on dort
  • effort soutenu chez une personne non acclimatée qui réside d’ordinaire en basse altitude

lutter contre les idées reçues :

  • même prévalence chez les hommes que chez les femmes
  • ne dépend pas de la forme physique ou de l’entraînement.
  • dépend principalement de l’ACCLIMATATION

Les SYMPTOMES typiques du mal aigu des montagnes

  • sensation de faiblesse
  • maux de tête
  • insomnies, souvent mises sur le compte du manque de confort du campement…
  • anorexie (= perte d’appétit et non pas amaigrissement), nausée, vomissements
  • vertiges, sensation de glisser même avec des crampons (je sais de quoi je parle)…
  • essoufflement anormal à l’effort (très subjectif, surtout que le stress joue beaucoup la dessus, si vous vous dites que vous êtes essoufflés, vous le serez forcément)
  • diminution du débit urinaire
    La forme bénigne classique du MAM ne présente pas de signes neurologiques : confusion, spasmes, vomissements en jet qui témoignent d’un œdème cérébral, complication grave et rare.

LES SIGNAUX D’ALARMES de complications graves du MAM :

  • vomissements en jet, coma, confusion, mouvements anormalement saccadés : témoignent d’une hyperpression intra-crânienne
  • sensation de crépitements à la respiration, crachat mousseux et rosés, essoufflement très intense surtout en position couchée : témoignent d’un œdème aigu des poumons.

Les symptômes qui n’y sont pas associés pouvant prêter à confusion

  • fièvre
  • douleurs musculaires
    Souvent ces symptômes sont tout simplement la conséquence d’une petite infection virale, à ne pas confondre avec un MAM.

Mais alors, à quoi sont dus ces symptômes ?
Comprendre simplement les mécanismes physiopathologiques : En altitude, la pression en oxygène de l’air diminue. Le corps s’en aperçoit grâce à des récepteurs à l’oxygène sanguin situé dans les artères carotides et provoque une adaptation : une hyperventilation, qui, à long terme, change le pH du sang le rendant plus basique, responsable des symptômes observés. Ce phénomène est le même que celui observé dans les crises de tétanies mais se fait progressivement sur 24 à 48h avant de rentrer dans l’ordre en restant à la même altitude.

Prévenir le mal aigu des montagnes :

1/ tout d’abord, surveiller l’apparition des signes, ne pas les ignorer sans non plus ne penser qu’à ça
2/ en cas d’apparition de signes, arrêter l’ascension pendant 1 à 3 jours pour s’acclimater.
3/ l’apport d’oxygène peut soulager efficacement le malade, surtout la nuit.
4/ éviter l’activité physique intense pendant la période d’acclimatation en altitude, l’exercice léger est conseillé.
5/ Les chambres hyperbares portables peuvent soulager les symptômes mais ne permettent pas une acclimatation, elles ne sont utilisées que pour les complications graves.

Note : les caissons hyperbares portables sont louables dans les hôpitaux normalement.

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE COMPLICATION GRAVE DU MAL AIGU DES MONTAGNES :
devant des signes neurologiques énoncés ci-dessus ou des signes d’œdème pulmonaire, il convient IMPERATIVEMENT de :

  • faire descendre immédiatement le malade en plus basse altitude (au moins 1 000m), ou si impossible, utilisez le caisson hyperbare portable
  • si le caisson n’est pas disponible, utilisez de l’acetazolamide, médicament augmentant le débit urinaire et diminuant la sécrétion de liquide céphalo-rachidien, luttant donc contre la formation d’œdème. (Médicament sur ordonnance que vous pouvez demander à votre médecin avant de partir).
  • le dexaméthasone est un corticostéroïde anti-inflammatoire également utile dans le traitement du MAM.
  • faire descendre tout malade dont le traitement ne fonctionne pas où les signes ne régressent pas.

Traitement des symptômes bénins du MAM

  • anti-émétique pour les nausées
  • ibuprofène pour les maux de tête.
  • AIDER ses coéquipiers, ça peut paraître con mais un grimpeur qui ressent des vertiges sur une ascension peut se blesser tout seul en tombant s’il n’est pas soutenu…

CHOSES A NE PAS FAIRE :

  • prendre de l’aspirine avant l’ascension : malheureusement, c’est quelque chose que l’on voit fréquemment, l’aspirine n’est pas un médicament anodin, c’est un antiagrégant plaquettaire qui empêche la coagulation, les conséquences pour un surdosage peuvent être dramatiques en cas d’hémorragie (un coup de piolet dans l’avant bras ou n’importe quoi c’est vite arrivé). Sachant que le gros risque est l’hémorragie intra-crânienne sur un choc (chute de glace/ pierre etc…) facilité par la prise d’aspirine.
  • prendre de la réglisse et d’autres substances provoquant une augmentation de la pression artérielle.

Voila, j’espère que cet article vous a plu, si vous avez des questions, je reste à votre disposition…

Cordialement

[Edit modération : l’auteur en a fait un article qui est ici, merci à lui :
/articles/595535/fr/medecine-le-mal-aigu-des-montagnes]

En cas de mal aigu grave, il y a aussi la dexamethasone par voie intra-musculaire à considérer!

Juste pour illustrer… ça m’est arrivé. Mal acclimaté, fatigué, je ne sais pas quelle est la cause du MAM ce jour-là. Bref, stoppé au dome du gouter lors de la 2eme tentative avec ma femme, on redescend. Elle est déçue et s’occupe surtout de flipper un peu car elle est la seule à ce moment à être vraiment lucide, étant donné que je suis totalement dans les vapes, et qu’elle a l’habitude de se reposer sur moi… On arrive sur l’arête qui surplombe le nouveau refuge du gouter, plate donc… je me suis vautré comme une merde, complètement stone. Ici ça va, mais ailleurs… ?

Donc oui, faites gaffe à ce que celui qui vous oblige à redescendre ne soit pas en train de vous foutre en bas avec lui :smiley:

Tout à fait, c’est un corticostéroïde, il agit comme anti-inflammatoire mais on ne connait pas bien les mécanismes qui sont utiles dans le MAM même si on sait que c’est efficace. Je vais le rajouté à l’article.

Oui, la sensation d’ébriété peut être vraiment très importante même à des altitudes pas vraiment extrêmes, l’important c’est de savoir s’arrêter avant de se mettre en danger. :wink:
Surtout que pour des ascensions comme le MB, pas mal de gens ne s’acclimatent pas assez comme tu le dis donc il y a parfois plus d’accidents que dans les chaînes de montagnes de haute altitude où les grimpeurs prennent mieux le temps de s’acclimater.

Pour pérenniser ton post et éviter qu’il se perde dans le forum, il serait mieux de créer un article : /articles/edit
Le mieux étant de choisir de le mettre en article collaboratif afin qu’il puisse être enrichi par d’autres contributeurs.

[quote=« Bubu, id: 1702418, post:5, topic:150398 »]Pour pérenniser ton post et éviter qu’il se perde dans le forum, il serait mieux de créer un article : /articles/edit
Le mieux étant de choisir de le mettre en article collaboratif afin qu’il puisse être enrichi par d’autres contributeurs.[/quote]

Merci de conseil, j’ai hésité à le faire, je voulais d’abord voir si les lecteurs du forum trouvaient ça instructif avant de le passer dans la rubrique des articles. Je vais le rajouté aux articles.

Merci ! :slight_smile:
Bubu t’a donné l’endroit où créer ton article collaboratif,
et l’aide est ici : /articles/107051/fr/aide-article

merci pour le temps passé et bravo

Merci d’avoir saisi l’article : /articles/595535/fr/medecine-le-mal-aigu-des-montagnes ! :cool:

Ce serait top d’améliorer un peu le formatage (un peu trop de souligné à mon goût :stuck_out_tongue: ).
Un exemple d’article assez bien présenté : /articles/271559/fr/techniques-et-astuces-en-cascade-de-glace (« éditer » l’article pour voir comment c’est fait).

[quote=« âlex, id: 1702488, post:9, topic:150398 »]Merci d’avoir saisi l’article : /articles/595535/fr/medecine-le-mal-aigu-des-montagnes ! :cool:

Ce serait top d’améliorer un peu le formatage (un peu trop de souligné à mon goût :stuck_out_tongue: ).
Un exemple d’article assez bien présenté : /articles/271559/fr/techniques-et-astuces-en-cascade-de-glace (« éditer » l’article pour voir comment c’est fait).[/quote]

Ok j’en prend note, j’essaye de faire ça ce soir, merci pour l’exemple =)

[quote=« Psycho, id: 1702327, post:1, topic:150398 »]Les SYMPTOMES typiques du mal aigu des montagnes

  • diminution du débit urinaire[/quote]

En altitude, j’ai tendance justement à beaucoup pisser.
Je pensais que c’était un symptôme du MAM. Serait ce donc plutôt un mécanisme d’ adaption ?

Merci pour l’article.

tout à fait :slight_smile: , c’est un mécanisme d’adaptation, d’ailleurs il est conseillé de beaucoup s’hydrater pour permettre au corps de mieux éliminer les produits du métabolisme et de réguler le pH du sang et pour éviter les engelures qui sont favorisés par une mauvaise hydratation.

De façon général, un malade qui ne pisse plus c’est jamais très bon signe… :expressionless:

sur ce thème je me souviendrai toujours des écrits de Messner en altitude : il s’imposait de boire. peu importe la météo, peu importe le temps qu’il lui restait pour ascension. tel qu’il le décrivait, boire suffisamment était aussi vital que respirer

d’où ton avatar? :smiley:

j’y avais jamais pensé… mais ouais… heureusement qu’il y a pas de tests d’alcoolémie en trail :smiley:

Merci pour cet article!
Petite question qui en résulte. Tu conseille d’éviter l’aspirine. Est-ce que c’est spécifiquement l’Aspirine qui est en cause, ou des médicaments comme le doliprane sont aussi à éviter?

Posté en tant qu’invité par Lag:

Merci pour le travail et le partage ! :slight_smile:

Pour les complications graves du MAM, j’ai entendu dire qu’il fallait un certain temps en altitude pour qu’elles se développent et qu’on était donc pas vraiment à risque avec des petites ascensions dans les Alpes, mais je n’ai pas pu vérifier l’information… Est-ce vrai ou idée reçue ?

Lors d’une tentative du Mont-Blanc, un compagnon de cordée à eu des hallucinations, ça se classe dans qu’elle catégorie de symptômes? confusion? donc risque d’oedème cérébral ?

Dans le chapitre « prévenir le mal aigu des montagnes », c’est plutôt des conseils adaptés aux expés. Y a-t-il d’autres conseils que l’acclimatation à utiliser dans les Alpes, pour les courses des week-end. Alimentation, hydratation, gestion du sommeil,…? Et sur comment gérer l’acclimatation ? Car pour ma part c’est toujours un défi, j’ai l’impression que l’acclimatation ne dure que 2 semaines, donc un week-end avec une contrainte (comme la météo) qui ne permet pas d’aller en montagne, ça va, mais 2 de suite et je peux retourner dans des petits sommets… c’est très contraignant et s’il y a d’autres idées, trucs et astuces pour aider à gérer cette difficulté, ce serait super !

Encore merci !

Bonjour,
Très bon article sauf la fin.

[quote]CHOSES A NE PAS FAIRE :

  • prendre de l’aspirine avant l’ascension :[/quote]
    Entre se prendre une pierre sur la tête et mourir d’hémorragie et mourir dans son lit la 1ère nuit en altitude pour un oedème, le 2ème cas est malheureusement beaucoup beaucoup plus fréquent.

Se reporter plutôt à l’ifremmont qui préconise en préventif du diamox (et non curatif), et aussi aspirine mais pas en 1er choix.
http://www.ifremmont.com/index.php?option=com_content&view=article&id=243%3Amal-aigu-des-montagnes&catid=61&Itemid=396&lang=fr

Pour répondre à tout le monde

  • Comme tu le dis David, l’aspirine je la déconseille en première intension, c’est à dire avant l’ascension pour prévenir d’éventuelles gelures parce que c’est un médicament qui peut être dangereux si on en abuse. (comme tout médicament, même sans ordonnance).

  • le paracétamol (doliprane) n’a pas de propriété d’anti-aggrégant plaquettaire ou anti-coagulant donc pas de soucis sur ce point de vu la. Il est utile pour les maux de têtes. Par contre paracétamol et alcool font mauvais mélange parce qu’ils sont métabolisés par la même enzyme hépatique.
    Après pour les médicaments, ce ne sont que des conseils ! Par exemple, le type qui veut faire de la musculation en achetant son saut de protéines chimiques, tant que tout se passe bien il va être content mais il faut qu’il sache qu’il s’expose à des risques cardio-vasculaires.

  • tout à fait, le mal aigu des montagnes est normalement une complication à moyen terme de l’appauvrissement de l’air en oxygène, c’est à dire qui survient en quelques heures à quelques jours, mais parfois ça se manifeste plus vite que prévu. de façon général, pour les petites ascensions dans les Alpes (entre 3000 à 4000), l’important c’est d’essayer de monter progressivement, sans courir quoi :wink:
    Après si ça se passe mal une fois et que vous savez que vous êtes sensibles, il serait peut être intéressant de passer quelques jours à la montagne avant de tenter l’ascension.

  • l’acclimatation anticipée, c’est à dire plusieurs jours à rester sur un camp de base sans bouger, c’est surtout important pour les ascensions à plus de 5000. Il est bien sur important de bien boire. Après pour l’alimentation, je ne pense pas que ça joue beaucoup sur le MAM, plutôt sur l’hypoglycémie. :wink: Comme beaucoup de choses, c’est variable selon les gens et à part les conseils généraux, on ne peut pas savoir ce qui est mieux pour eux… Certains ne ressentent que rarement le MAM, d’autres y sont plus sensibles. Mais je ne vous apprends rien la dessus :cool:

  • hallucinations de quels genres? ça peut s’assimiler à une « sensation d’ébriété » mais dans le doute ou en cas d’aggravation, je pense que le mieux c’est de retenter une autre fois.

Le diamox est également curatif, d’ailleurs l’Ifremmont que tu cites le mentionne (pour un stade 3) et c’est une des indications présentes dans l’AMM du médicament.