Hugues Beauzile

En cherchant sur le net je suis tombé sur cet article.

[quote=GILLES CHAPPAZ|http://www.liberation.fr/sports/1995/02/16/hugues-beauzile-le-rasta-meteore-de-l-altitude_123032]16 FÉVRIER 1995

Hugues Beauzile : le rasta météore de l’altitude

HUGUES BEAUZILE s’était attaqué aux Alpes en candide grimpeur de
falaises, mais deux exploits solitaires, dans les Grandes Jorasses et les Drus, avaient imposé sa silhouette de métis ébouriffé. Il vient de se tuer dans les Andes, à 28 ans.

Le rasta météore de l’altitude - CETTE ANNÉE, Hugues Beauzile n’est pas venu chercher le cristal (1) récompensant sa performance dans la voie Thomas-Gross, aux Drus en mars 1994. C’est sa compagne, Laure, qui est montée sur l’estrade du Majestic de Chamonix, le 4 février dernier, pour récupérer le symbolique petit objet fragile comme… l’existence d’un alpiniste qui s’engage. Trois jours avant le cristal, Hugues Beauzile est mort. Mort de sa passion pour un alpinisme romantique, chevaleresque, généreux et candide. Mort d’épuisement après avoir tout donné pour venir à bout de la face sud de l’Aconcagua, le géant d’Amérique du Sud.

Hugues était parti là-bas avec Lucien Bérardini, l’un de ceux qui, en 1954, ont vaincu l’imposante face sud de l’Aconcagua. En faisant ainsi corde commune dans une aventure partagée, les deux hommes voulaient sceller une amitié née au hasard d’une rencontre heureuse au pied d’une falaise languedocienne. Entre le sexagénaire gaillard et le rasta balèze, le courant était passé avec une force catalytique. L’ancien jovial avait tout de suite détecté chez le jeune turbulent, le possible continuateur; le jeunot aux dreadlocks avait trouvé chez le papy aux cheveux blancs l’initiateur inconsciemment attendu.

Pourtant rien ne prédisposait Hugues Beauzile à l’alpinisme. Né en Charente-Maritime, grandi au soleil de Côte-d’Ivoire, il tâte d’abord de ces sports où les métis bien balancés excellent. De l’athlétisme, qu’il pratique gamin et ado, il garde le goût du geste juste et un corps sculpté pour la performance. Mais aussi des genoux endommagés. Hugues, qui cherche une discipline de substitution pour canaliser son trop plein d’énergie, troque alors ses pointes contre des chaussons d’escalade: les films de Patrick Edlinger viennent d’aimanter son regard vers l’horizon vertical des falaises. Hugues le rasta devenu grimpeur pose son dévolu sur la falaise de Claret, près de Montpellier, où il impose très vite sa silhouette de métis ébouriffé, rebelle et déconcertant.

Claret, c’est le jardin d’entraînement d’Hugues. Il a tant équipé et parcouru la muraille qu’il en connaît les moindres secrets. C’est là, à l’école de Claret, qu’il exerce ses talents de moniteur d’escalade pour une cinquantaine de gamins. Là aussi qu’il travaille les maniements de corde, les techniques d’assurage, l’autonomie technique… Et c’est là, quand celui qui va devenir son prof d’altitude, «Lulu» Bérardini, croise son chemin pour lui instiller goutte à goutte le virus de la montagne, qu’il sent le moment venu de répondre à l’appel de l’alpinisme.

En 1993, Lulu emmène l’apprenti alpiniste en voyage initiatique dans le massif du Mont-Blanc. Apercevant la grandiose face nord des Grandes Jorasses, Hugues s’exclame: «C’est là que je veux aller!» «Attends, petit. Il te faut encore grandir…», lui répond le vieux baroudeur des cimes. De retour dans la vallée, à peine Lulu a-t-il le dos tourné qu’Hugues s’échappe pour s’attaquer en solo à l’éperon Walker des Jorasses. «La» Walker pour une première course! Tandis que Chamonix incrédule crie au fou et que les hélicoptères virevoltent sur sa tête pour filmer… Catherine Destivelle engagée dans une voie voisine, Hugues Beauzile, inconnu au bataillon, réussissait la troisième hivernale solitaire d’une des voies mythiques des Alpes! L’un des meilleurs alpinistes du moment, Fred Vimal, aujourd’hui disparu, a alors ce commentaire explicite: «C’est un peu l’histoire d’un type qui aurait fait une journée de dériveur et s’embarquerait pour sa première sortie dans la traversée de l’Atlantique.»

En soignant ses membres gelés à l’hôpital de Chamonix, Beauzile s’étonne du ramdam provoqué par son épopée de quatre jours: «Je suis parti là-dedans comme si j’allais faire une voie dure à Claret», répond-il naïvement aux micros qui se tendent: «Je croyais que tout le monde faisait comme ça! J’étais à bloc. Mais j’aime me battre.» Il ajoute surtout: «Bérardini m’a fait découvrir cet univers. Il m’en a parlé avec un tel bonheur…»

Un peu plus d’un an après, Beauzile va de nouveau bluffer tout son monde, les vieilles barbes comme la jeune génération. Après deux échecs spectaculaires (deux dévissages) et quelques blessures rapidement rafistolées, il réussit la Thomas-Gross aux Drus, encore en solo. Une réalisation née du profond attachement de Beauzile pour une approche éthérée et poétique de la montagne. En 1975, Thomas Gross, un géant tchèque de deux mètres, avait passé dix-huit jours dans la face ouest des Drus avec pour seule compagne… sa guitare! Hugues passera 11 jours de lutte et de violence, avant de rentrer de nuit, vainqueur, à Chamonix.

Cette nouvelle expérience alpine l’a encore grandi. Il rêvait de plus en plus d’Himalaya. Mais à 28 ans, il avait tout le temps de se colleter avec les inconnues de l’altitude. Dans cette perspective, une escapade andine avec «le papy-pote» ne pouvait qu’être bénéfique. Le projet de l’Aconcagua «quarante ans après» pouvait prendre corps. Quand, au pied du monstre andin, Lulu Bérardini voit la face Sud enneigée, il cherche à calmer la fougue du gamin: «Attendons un peu que ce soit en condition», conseille-t-il. Sur ce, Lulu décide de partir s’acclimater vers la face Nord moins hostile. A peine a-t-il le dos tourné qu’Hugues s’engage dans la face. Il y retrouve une cordée française. Ensemble, ils réussissent à «sortir la voie». Onze jours de combat, le mauvais temps et l’altitude ont eu raison de la résistance du rasta conquérant. - (1) Pour 1994, la Fédération française de la montagne et de l’escalade a attribué le Cristal alpin ex-aequo à Catherine Destivelle pour son solo dans la voie Bonatti au Cervin, et Hugues Beauzile. Le Cristal Expédition est revenu à Jean-Christophe Lafaille pour l’ouverture d’une nouvelle voie au Shishapangma, en Himalaya.[/quote]

P…ain 20 ans déjà …

la même année que jean marie, 20 ans…presque au même endroit…

Posté en tant qu’invité par CamCam:

Lulu est mon grand père.

Je me souviens bien d’Hugues.

J’avais 10 ans.