Posté en tant qu’invité par Paulo Grobel:
De retour de 3 mois d’expé, le moins qu’on puisse dire c’est que la réalité que j’ai vécu, vu ou entendu cet automne au Népal m’a profondément bousculé. Nos comportements d’alpinistes (et le mien aussi) m’inquiètent beaucoup. C’est pour exprimer ce malaise que j’ai écrit ce texte… forcément trop long, un peu bordélique et pas vraiment fini.
Mais vous, vous en pensez quoi ? Merci pour vos contributions…
Bonne fin d’année
Paulo
En ce début décembre, le calme règne à La Grave.
Au comptoir du Bar des Glaciers, un vin chaud odorant fume dans les bols. Avec quelques amis et des guides d’ici et d’ailleurs, le temps s’écoule doucement en une discussion animée.
- Lionel m’interpelle : Dis Paulo, on t’a pas beaucoup croisé cette automne par chez nous, racontes nous un peu tes trois mois d’expés au Népal ! A ton départ, tu m’avais dit que l’ascension du Ratna Truc Much était un projet important pour toi et un peu compliqué.
- Tu veux parler du Ratna Chuli, dans la vallée de Phu ?
-Lionel : Oui, le 7000 un peu technique qui est décrit dans votre livre avec Jean Annequin, « Sommets du Népal ».
Ça a marché, vous avez réussi ? - Pas vraiment. En fait, on ne peut parler ni de réussite ni d’échec car nous n’avons même pas essayé… On a été obligé de s’arrêter avant le dernier camp, juste avant le sommet, car les porteurs d’altitude n’ont pas voulu aller plus loin sans cordes fixes.
- Bruno : Ben, t’as fait quoi pendant un mois, t’as pas eu le temps d’équiper la montagne ? T’as jouer aux cartes à Phu ? T’as une copine là-bas ? - Mais non, c’est juste un peu compliqué à expliquer. Pour faire simple, alors que nous étions en route pour le dernier camp à 6500 m, nous avons été obligé de faire demi-tour car nos deux porteurs d’altitude n’ont pas voulus aller plus loin. Ils ont été impressionnés par l’ambiance d’une grande traversée en neige qui menait au col où nous devions installer notre camp 4, juste avant le sommet.
- Pierre : c’est pas cool comme situation. Et tes clients ne t’ont pas lynchés, toi et tes népalais ? - Aller ne t’excite pas. Pour comprendre il faut commencer depuis le début. Déjà, il faut savoir que le Ratna Chuli n’est pas un 7000 facile. Même si c’est pas un grand 7000, il est loin, peu fréquenté et techniquement plutôt AD. Ce qui n’est pas rien en altitude et avec un groupe de clients. Il faut savoir que la grande majorité des sommets gravis en Himalaya sont plutôt cotés entre F et PD et surtout, ils sont équipés de cordes fixes.
- Franck : Mais pourquoi diable t’as pas installé des cordes fixes du camp de base au sommet, comme tout le monde ?
C’est cool, une fois tous tes clients vachés sur les cordes, t’as plus rien à faire. Et au moins t’as l’esprit tranquille, si ça marche pas c’est d’ leur faute ! - Pfft, t’es lourd des fois ! T’as toujours pas compris que les cordes fixes c’est la mort du métier de guide en Himalaya, pour nous comme pour les Népalais. Et que d’installer une via ferrata jusqu’au sommet, c’est renier toutes les valeurs de l’alpinisme. Au Ratna, ce qui m’intéressais justement, c’était d’expérimenter la progression douce sur un sommet un peu technique (mais pas trop quand même) et donc d’évoluer en cordée alpine avec le moins possible de cordes fixes.
- Victor : Comme d’hab., t’es complètement à côté de la plaque et un brin utopique. Et en plus, ton histoire de cordes fixes, c’est complètement incompréhensible pour la grande majorité des alpinistes, et je ne parle même pas du grand public. Tes clients, ils ont envie de faire un 7000 et basta. Peu importe les moyens. Cordes fixes, oxygène, pléthore de Sherpa ou même dopage. C’est la réussite du sommet qui est importante. Un point c’est tout.
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