Posté en tant qu’invité par Qern:
Ayant apprécié de pouvoir m’appuyer sur certains témoignages dans mes préparatifs, voici un retour d’expérience sur mon ascencion de l’Aconcagua qui s’est déroulé au début du mois de février 2009. Ascencion sans guide, et donc sans formule Expédition non plus.
Pour être honnête, je dois avouer que, contrairement à la grande majorité des gens qui ont et vont tenter l’Aconcagua , j’ai très largement improvisé mes préparatifs, le contexte de mon ascencion étant un peu particulier : voyage longue durée en Amérique latine.
2 semaines avant l’ascencion je ne pensais pas monter l’Aconcagua.
Dates :
Nous devions initialement entamer l’ascencion le 30 janvier. En voyant que le permis coutait 1/3 moins cher à partir du 1er février, nous avons volontairement repoussé l’entrée dans le parc à cette date. 500 pesos (150 $) de moins quand même… Prix finalement payé : 1000 pesos (300 $ à l’époque).
Matériel :
Du fait de ce contexte, j’ai dû louer une bonne partie de mon équipement dans la ville de Mendoza, qui ne manque pas pour celà de boutiques spécialisées (notamment en haut de la rue Las Heras). Vous pouvez facilement négocier un prix si vous louez comme moi une grande quantité de matériel. Attention : le matériel peut être assez fatigué. Demandez à voir ce qui vous intérèsse avant de vous engager.
Pour une liste du matériel, reportez vous à la liste proposée David (http://forum.camptocamp.org/viewtopic.php?id=122467) , assez complète je pense. Ne lésignez pas sur la protection des extrémités, sauf si vous avez toujours rêvés d’avoir de jolis doigts tous violets, comme mon compagnon d’ascencion.
Impératif : bâtons (ou piolets, mais batons largement suffisants pour la voie normale), et crampons.
Inutile : corde
Courses alimentaires :
De nombreux magasins Carrefour, dont deux rue Las Heras, vous permettront de trouver le principal. Nous n’avons par contre pas trouvé de purée en sachet ni de lait en poudre. Pour les adeptes des lyophilisés, il va falloir en ramener de votre pays d’origine.
Mules :
Pour faire l’Aconcagua dans de bonnes conditions, il vous faudra souscrire à un service de portage d’équipement par mule. Le service consiste à porter une charge déterminée de l’entrée du parc jusqu’à « Plaza de Mulas », le principal camp de base de l’Aconcagua (4365m)
C’est, je pense, plus qu’une option, c’est une obligation. Le service coutait à l’époque 160 $US pour une charge jusqu’à 60 kg. Lidéal est de partager une mule avec 2 autres personnes, ce qui fait 20 kg par personne, ce qui est globalement suffisant pour transporter le matériel inutile au premier camp : Confluencia (3300m), soit principalement les coques, les crampons, la nourriture et les cartouches de gaz (ou essence) sauf ce qui sera nécessaire à Confluencia.
Généralement le fait de souscrire à un service de mules vous donne accès à d’autres services :
- Transport Aller et Retour de los Penitentes ou Puente del Inca jusqu’à l’entrée du parc
- Accès aux toilettes permanentes du prestataire aux camps Confluencia et Plaza de Mulas (à priori ce service est une obligation pour l’accés au parc)
- Prise en charge des déchets
- Service de bagagerie (deposito) aux camps Confluencia et Plaza de Mulas
Nous étions passés par la société INKA Expéditions, qui a très bonne réputation, et nous n’avons pas été déçus. Les prix sont les même partout. Si c’est moins cher, checker bien si tous les services sont bien compris.
Transport :
Nous avons pris un bus classique de Mendoza jusqu’à Los Penitentes. 3 par jour en été austral. Prix : 16 pesos (4,5 $US). A los Penitentes, ainsi qu’à Puente del Inca , tout type d’hébergement. Nous avons dormi dans des dortoirs pour 35 pesos (10 $US) à Los Penitentes.
Programme d’acclimatation :
Le plus important c’est l’acclimation, c’est un conseil récurrent, mais c’est tellement vrai.
Bon, à ce sujet, je suis un très mauvais exemple. Je suis allé beaucoup trop vite dans mon ascencion (6 jours pour atteindre le sommet, pour profiter d’une fenêtre météo suivie ensuite d’une tempête de durée indéterminée), mais j’avais bien en tête de redescendre pour retenter plus tard à la moindre difficultée.
J’avais préparé un programme largement inspiré de David, tjrs le même, qui a eu la bonne idée de faire un retour très précis à ce sujet. Allez donc consulter son témoignage : http://forum.camptocamp.org/viewtopic.php?id=122467 (le même que plus haut)
Je précise quand même que, à la vue de ses temps de parcours et de son programme chargé, il semble que David ait un sacré rythme. Prévoyait sans doute un peu plus, et 1 ou 2 jours de repos en plus à Plaza de Mulas peut peut-être être apprécié par votre organisme, y compris d’ailleurs pour une meilleure acclimatation.
Checking medical obligatoire et de toute façon apprécié à l’arrivée à Confluencia et Plaza de Mulas (tention + rythme cardiaque + taux d’oxygènation du sang).
Plaza de Mulas :
De nombreux services sont accessibles sur place, payables en dollars US.
Entre autres : services de restauration, d’hébergement si le confort d’un lit vous manque cruellement, d’internet (10 $ le ¼ d’heure je crois), de téléphone (2$ la minute pour l’étranger, raisonnable…).
Pour la météo, étant passé par INKA, j’étais allé me renseigner auprès d’eux. Météo à 5 jours disponible.
J’imagine une journée de repos, si vous prévoyez d’en faire (et je vous le conseille), longue à Plaza de Mulas, donc un lecteur MP3 ou livre peuvent s’avérer utiles.
Ascencion :
Chacun sa « tactique » pour l’ascencion. Il existe différents camps d’altitude pour dormir la ou les nuits précédent le sommet. J’ai personnellement dormi une seule nuit à Nido de Condores. Le confort étant particulièrement sommaire dans ces camps d’altitude, et les nuits particulièrement difficile en ce qui me concerne, j’ai préféré n’y passer qu’une nuit, quitte bien sûr à donc enchainer plus de grimpe en moins de temps. Certains préfèrerons dormir une première nuit à Canada (5000m) ou Alaska (5200m), et une deuxième à Nido de Condores (5500m), Berlin (5900m) ou Cholera (6000m), avec toutes les contraintes que celà pose : nuits difficiles (froid, vents forts…), fonte de neige pour cuisiner et boire, besoins fecaux dans des sacs plastiques… Ceci dit, après coup on m’a dit qu’il y avait un petit lac à Nido de Condores, et un trou par lequel il est possible de récupérer de l’eau.
Concernant la dernière nuit avant sommet, autre grand débat. Certains préfèreront monter le plus haut possible (jusqu’à Berlin ou Cholera), au risque d’avoir des conditions particulièrement difficiles en terme de vents forts. Il parait également que l’organisme a beaucoup de mal à se reposer à 6000m. A vous donc de faire votre choix.
Pour information, il n’y a qu’une heure à 1h15 de marche entre Nido de Condores et Berlin. Cholera est juste au dessus de Berlin.
Nous sommes parti à 4h de Nido pour une arrivée au sommet à 12h30. Concernant les étapes intermédiaires, je ne sais plus trop si ce n’est 5h à Cholera.
La partie la plus difficile, et de très loin, est la partie finale (finale mais qui dure), la Canaleta. De la fatigue, des pentes raides, mais surtout un sacré manque d’oxygène. Alors ne vous dites pas en regardant la carte : « j’ai fais la moitié ». Dites vous que le pire est à venir, au risque malheureusement peut-être de vous décourager.
Aucune difficulté technique, sauf si marcher avec des crampons est pour vous difficile (auquel cas je vous déconseille l’Aconcagua), mais, comme dit précédemment grosse difficulté physique. Crampons chaussés à mi-chemin entre Cholera et Independencia.
Pour ceux qui louraient leurs crampons à Mendoza, checkez les biens avec vos coques avant d’entamer l’ascencion (et même de quitter Mendoza). Conseil qui peut paraitre évident, mais des amis se sont fait avoir avec des crampons mals réglés par le loueur. Et pas de crampons, pas d’Aconcagua…
Vents parfois violents, froid mordant, donc protégez impérativement pieds et mains.
Nous avons eu droit à du -15°C et 20km/h de vent, mais c’étaient d’excellentes conditions.
Il peut faire -30°C et 60km/h de vent. Par plus de 50km/h de vent, ne montez pas, ou attendez-vous à vraiment en baver.
En conclusion, l’Aconcagua par la vie normale, si on prend toutes les précautions élémentaires, n’est pas particulièrement dangereux. Mais son ascencion reste très difficile physiquement, et les risques toujours présents. Les décés et disparitions ne sont pas rares. Une dizaine pour l’été austral 2008/2009, dont un guide expérimenté. Donc à ne bien sûr pas prendre à la légère. Mais à mon avis à faire. Avis non partagé par tous, certains considérant cette montagne comme un vulgaire tas de cailloux poussiéreux. Je ne les suis pas dans cette analyse, je me suis régalé même si les conditions spartiates des camps, la malbouffe, le froid, le vent… m’ont couté. Et je n’étais pas mécontent de partir, pourtant au bout de 7 jours seulement. Et il est clair qu’à cette altitude ne vous attendais pas à une faune et une flore luxuriante. Au dessus de 4000 m, il n’y a plus ni plantes, ni animaux. Mais les montagnes environnantes restes admirables.
Si vous avez des questions plus précises, vous pouvez me contacter.
Quelques photos visibles sur mon blog : www.sylvamerica.com sur l’article concerné (en date du 11 février 2009).
L’album complet est accessible à cette adresse : http://picasaweb.google.fr/Sylvain.ANGEBAULT/090131ArgentineAconcagua?feat=directlink