Posté en tant qu’invité par Dezellus:
Certains affirment qu’il y a plus de vérité dans les romans que dans l’histoire… Sans aller jusque là, je crois que les romans qui sont un peu les pointillés de l’histoire, s’engouffrent dans les zones d’ombre, voire dans les vides laissés par les historiens et les hagiographes de tout poil. Car les romanciers n’ont de comptes à rendre qu’à leurs lecteurs, pas à l’histoire.
Alors… « Herzog et Lachenal ont-ils réellement été au sommet de l’Annapurna ? ». La question a été posée. Pourquoi?.. Peu importe. Elle ne concerne que les historiens. Au demeurant, elle n’a pas grand intérêt. Sauf dans le contexte de l’époque, celui d’un d’alpinisme colonial (la domination du sommet) aujourd’hui passé de mode. Les photos d’Herzog brandissant le drapeau français au bout de son piolet ne prouvent rien, si ce n’est l’envie de prouver qu’il était au sommet. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont été aux limites extrêmes de ce qui était humainement possible. Sans parler d’héroïsme (l’alpinisme n’est pas la guerre !), leurs souffrances ont été terribles, leur courage immense. Cela justifie amplement l’admiration qu’ils ont suscité, même si cette admiration n’a peut-être pas été répartie à parts égales.
Cela dit, rien n’empêche de se demander : « Si Herzog et Lachenal n’avaient pas été au sommet, qu’est-ce qui aurait pu se passer ? ». Cette fois, la question intéresse non plus l’historien (qui ne s’égare pas dans les supputations), mais le romancier. Car elle lui ouvre un champs de créativité très vaste - celui d’un « roman policier haletant » ou d’un « bazar ». C’est selon.
Embarrassant pour Maurice Herzog ? Bien au contraire. Cette « Conjuration » accrédite de façon définitive la "victoire " de l’expédition française à l’Annapurna en 1950. C’est d’ailleurs ce que doit penser Maurice Herzog :« Hé bien… heureusement que nous avons été au sommet, sinon, vous vous rendez compte de ce qui aurait pu se passer ! Merci Yves Ballu, pour cette démonstration magistrale. »
La preuve par l’absurde.