Pourquoi Grimper ? Pourquoi la Montagne nous attire-t-elle?

Fana de grimpe, de montagne, « d’alpinisme » classique, je me demande POURQUOI je suis comme ça ?

J’ai essayé de mettre mes réflexions « noir-sur-blanc » http://fcorpet.free.fr/Denis/Justification.html

J’ai trouvé des réponses intéressantes dans

  • D. Buzzati, Montagnes de verre, Ed. Guérin, Chamonix. 2002. pages 109-113 (texte recopié dans lien ci-dessus)
  • Le Sommet des dieux, de Jiro Taniguchi, un beau-gros Manga (Ed.Dargaud)

mais cela m’intéresse aussi
(1) de savoir ce que vous en pensez: donc si tu sais POURQUOI tu grimpes, merci de me répondre ici
(2) de retrouver ce qu’en dit SAMIVEL, qui d’après Dino Buzzati a pondu « une des théories les plus intelligentes qu’il m’ait été donné de lire ». Si tu sais quelle est cette théorie, ou dans quel bouquin Buzzati a pu la lire, merci de me l’indiquer < HELP]

Chacun a « ses » raisons de grimper, d’aimer la montagne: les votres éclairent les miennes: Merci

???

Bonne et belle réflexion! :wink:
C’est comme si quelqu’un me dit…pourquoi vous faites ça?..ça sert à quoi?..vous ne faites que ça?..y a rien à voir ici?..(réflexion en Laponie Suédoise d’une personne qu’on a eu dans le groupe)!!!surprenant non?
Moi je dis que ces personnes n’ont pas étés à leur place et donc ce sont isolés des autres à faire leur activité. Tu me diras c très bien ça évite de nous pourrir notre séjour ski!!!surtout que bien souvent ce sont des personnes aigris et oui même les personnes qui voyagent on en trouve de ces spécimens!
On entend de tout quand on part comme ça!
Moi ça me fait rire et me dit c’est pas possible je dois rêver!!je n’y crois pas encore!
On ne peut pas contenter tout le monde…mais de là dire ah bon!!! je croyais que c’était comme ça…
Viv’ l’internet et l’avantage de pouvoir s’informer avant de partir…
A suivre…

A méditer:

Un visage souriant est le plus beau des paysages.

Et me concernant…j’ai tout appris depuis que je pratique le sport en général et bien sur la montagne…
J’en apprend chaque jour et à chacune de mes sorties.
C grave doc? :wink:

A tu posé la question à des erudits de l’oeuvre de Buzzati ?
Ils sont surement italiens, et ne parlent sans doute que l’italien (damned), mais connaissent forcément le latin !
Quelque chose me dit que toi aussi :rolleyes:
Ils seront tellement surpris qu’un français les sollicite en latin qu’ils accorderont une attention particulière à ta requete :wink:
Et si Buzzati aimait la montagne, alors eux aussi, ça fait une raison de parler ensemble des dolomites (qui ont inspiré Buzzati d’ailleurs) en latin via Buzzati :smiley:

Posté en tant qu’invité par raould:

Peut être dans " L’ amateur d’abîmes" de Samivel

Personnellement je me retrouve pas mal dans ce qu’a écrit Buzzati dans les Montagnes de Verre…bon c’est peut-être lié à ma passion pour cet écrivain génial. Et ce n’est bien sûr pas la seule raison, mais sans doute la plus importante.

Posté en tant qu’invité par lebgi05:

Je crois qu’on grimpe par plaisir (plaisir physique immédiat, gestuel et sensuel, joie et liberté de s’élever au sens de Bachelard « L’air et les rêves », plaisir de se faire peur avec la montée d’adrénaline concomitante, plaisir de se concentrer en oubliant tout le reste) et ensuite on grimpe pour satisfaire son amour propre (la réussite, faire mieux que l’autre, progresser, se mettre en scène, etc. …).

Peut-être que Buzzati est la référence de certains pour répondre à la question « pourquoi on grimpe », mais ce n’est pas la mienne. Je lui trouve un côté vaguement morbide voire sinistre dans sa relation à la montagne et à la vie, cf. « L’écroulement de la Baliverna », « Le désert des tartares » et « Le régiment part à l’aube ». Je n’ai pas lu ses écrits sur sa pratique de l’alpinisme, dans les Dolomites par exemple, mais je le vois assez comme un gars trop lucide et plutôt angoissé, qui dissimule certes, mais d’un caractère tout à fait italien à la manière des ex-voto « La montagne est sévère » qu’on lit partout sur la frontière entre Mt Blanc - Maurienne - Queyras et Italie.

A mon avis, faites une salade des idées qu’on trouve chez G. Sonnier, G. Rebuffat, R. Desmaison, L. Lachenal, G. Livanos, L. Terray, W. Bonatti, G. Gervasutti, C. Destivelle, G. Lammer, C. Mauduit, M. Herzog, R. Messner, M. Batard, C.F. Ramuz, Samivel, L. Hill, J. Simpson, etc. … et vous aurez une idée de pourquoi les autres grimpent, à défaut de savoir pourquoi vous-mêmes vous grimper !

Posté en tant qu’invité par Marco57:

Je pense qu’une partie du plaisir de grimper est de ressentir son existence, son action sur les choses.

Difficile de répondre, ça fait 15 ans que je grimpe et 15 ans que je me pose la question sans trouver de réponse définitive.
Ce qu’il y a de sûr c’est que quand j’ai fait une belle voie en montagne, je plane pendant 3 jours et je trouve mon quotidien moins médiocre. C’est comme un gros fix, la comparaison avec une drogue peut paraître « bateau » mais il y a un comportement addictif derrière cela.
Pendant quelques années, j’avais renoncé à l’alpinisme pour des raisons professionnelles et familiales… je pense n’avoir jamais été aussi malheureux. Alors j’ai repris, d’une manière raisonnée, mais contre l’avis de mes proches : « tu es père de famille maintenant » etc.
Il y a en moi un truc visceral qui m’appelle à grimper en montagne sans que je sache très bien pourquoi. (qui a un bon psy ?)

[quote=D@vid]Quand j’ai fait une belle voie, je plane pendant 3 jours et je trouve mon quotidien moins médiocre… … il y a un comportement addictif derrière cela.
… un truc visceral qui m’appelle à grimper sans que je sache très bien pourquoi…[/quote]
:slight_smile: Là, D@vid, je me sens très proche de toi. Et je te remercie de ton post.

Les messages d’avant, sur « le plaisir de grimper », ne m’apportent pas trop. Pourtant c’est évident qu’on grimpe par plaisir.
Mais pourquoi les autres ça leur fait pas plaisir ?
Et pourquoi ce plaisir là « on y retourne » (alors que d’autres plaisir, pas forcément, par ex. les gros gâteaux).

Ta comparaison avec une drogue n’est pas mauvaise (pourquoi serait-elle bateau ?)

  • Quand on ne grimpe pas, on est malheureux.
  • Mais plus on grimpe, plus on a envie de grimper.

La question « morale » (qui m’intéresse comme on l’voit sur http://fcorpet.free.fr/Denis/Justification.html ) devient alors:

Cette drogue qu’est la montagne, est elle « maléfique » (comme beaucoup de drogues) et doit-on
= (1) éviter d’y pousser les jeunes et interdire la pub (émission télé, films de grimpe…), et
= (2) tenter la désintoxication des malheureux comme toi & moi :wink:

ou au contraire la pratique de la montagne est-elle bénéfique, et c’est peut-être pour ça aussi qu’on continue ?

Bon, il est tard, et chuis pas sur que mes questions fassent avancer le schmilbilk,
mais en tous cas j’ai bien aimé ce que dit D@vid : M&rci !

J’avais écrit cet article sur mon blog il y a quelques temps à ce sujet…

++

[quote=corpet]Les messages d’avant, sur « le plaisir de grimper », ne m’apportent pas trop. Pourtant c’est évident qu’on grimpe par plaisir.
Mais pourquoi les autres ça leur fait pas plaisir ?
Et pourquoi ce plaisir là « on y retourne » (alors que d’autres plaisir, pas forcément, par ex. les gros gâteaux).[/quote]
C’est très sympa pour ceux qui ont pris la peine de te faire une réponse de leur répondre ce qui est écrit au dessus !

Encore un qui ne sait pas ce que sont les bonnes manières (pourtant plus si jeune que ça et à qui la vie pas même la montagne n’aura pas appris grand chose … :confused:

Je doute qu’à l’avenir tu aies beaucoup de réponses ! en tout cas ceux que tu désignes comme "les messages d’avant " dont moi ne s’attarderont sans doute plus sur tes pseudos pensées profondes

Pour sur ,on est bien loin de la question et de l’interet qu’elle aurait pu soulever …Et de D.Buzzati que tu as sans doute survolé comme beaucoup mais que tout le monde se plait à citer, histoire de mettre un peu plus de confiture sans doute …

Et donc ,puisque nos réponses n’ont pas trouvé grâce à tes yeux ,je vais de ce pas faire un gros delate !!!

Salut à toi l’artiste
:confused:

Ni tes réponses d’ailleurs !

Je dirai même que plus que le vide c’est le néant …

Allez ,fais de beaux rêves bien creux :rolleyes:

Evidemment une reminiscence d’une obsession archaique du plus profond de notre enfance.
Pour un petit, les meubles de sa maison sont des montagnes.
Il doit pencher la tete en arriere pour en voir le haut, car lui est à 4 pattes en bas.
Et dans la cuisine, il y a un meuble tout particulier, le meuble des meubles, le grand buffet !
Et au sommet du buffet, le tresor.
Le pot de nutella que maman a planqué là.
Ce petit ferait n’importe quoi pour acceder à son sommet.
Il prendra tous les risques pour monter sur le chien et se rapprocher du plat de la chaise. Puis agripper les poignées des tiroirs, et ensuite crocheter le talon sur celui d’à coté, et tirer sur le napperon tenu par le lourd saladier de pommes etc etc …

Moi j’vous l’dit, les forces qui nous meuvent prennent racine dans notre enfance.
Vous tous, montagnards que vous etes, vous vous croyez libres !
Prisonniers du pot de nutella, oui ! :smiley:

Mais comment admettre, nous autres adultes, qu’un des moteurs de notre vie carbure au plus gras des cacaos italiens ?
Alors on travesti la raison de cette attirance de la montagne.
De la montagne, de la meme façon que pour le ciel et la mer (pas forcement à cause du nutella certes).
Ces milieux immenses, mus par des forces gigantesques et que nous craignons depuis la nuit des temps.
Les anciens voyaient au sein d’eux des dieux.
Notre evolution materialiste n’a cependant pas pu evacuer de nos ames ces pulsions romantiques

Enfin moi, ce que j’en dis …

Posté en tant qu’invité par machin, là…:

Houlala, elle pète le feu Manga !

Pour moi, c’est loin, très loin, d’être évident.
En falaise, peut-être, mais en montagne, j’en chie bien avant de ressentir du plaisir.
La comparaison avec la drogue est peut-être bateau, je ne sais pas, mais pour moi elle est assez pertinente. Un type (louche) avait écrit, naguère, à ce sujet :
« L’alpinisme est une malédiction. Tel le drogué, l’alpiniste se met lui-même dans des situations périlleuses, dont il a parfois le plus grand mal à se sortir sans assistance médicale et/ou héliportée. Pendant que l’homme normal dort, l’alpiniste fait le con, par -20°C, en plein vent, et pourquoi, hein, pourquoi ? Pour épater sa copine ? Même pas : elle le prend pour un fou, et préfèrerais qu’il soit dans son lit, plutôt qu’à 30 km du premier magasin Lafayette. Pour la gloire ? Non plus, la mode est au football. Pour l’argent alors ? Que nenni : c’est très mal rémunéré, un doigt gelé, et l’alpinisme coûte cher, foi de smicard. Alors pourquoi ? Parce que la haute montagne est une drogue, tout ce qu’il y a de plus dure, et que si l’alpiniste souffre là haut, c’est encore pire en plaine. »

C’est provocateur, bien sûr, et à prendre au second degré, mais il y a du vrai, en tout cas pour moi.

Bon, « la drogue », c’est encore trop vague. Pour préciser l’analogie, je dirais que l’alpi se rapproche, pour moi, d’un voyage sous psychotrope :

  • la peur avant la prise
  • la distonction entre la montée (vers l’extase) et la descente (faite de nostalgie)
  • les visions célestes pendant le voyage (à rapprocher des hallucinations)
  • la modifications des sensations corporelles (à partir d’un certain degré de fatigue, je ne ressent plus la douleur, et mes pensées s’aèrent, comme dans une séance de méditation post-yoga)
  • les effets secondaires, qui se prolongent bien après la prise (une grosse course en montagne me fait de l’effet toute la semaine qui suit : je me sens plus fort, plus calme.)

Il faudrait s’entendre sur ce qui est maléfique, et sur ce qui est bénéfique. C’est forcément subjectif. Et ça peut varier dans le temps.
Il m’est arrivé de penser que j’aurais mieux fait de me mettre au golf.
Mais globalement, je pense que ma pratique de la montagne, même si elle m’abime les genoux et me fait courir des risques, en valait la peine. Ne serait-ce que parce qu’elle m’a rendu un peu moins con, un peu plus sensible à la beauté, en un mot : plus vivant (tiens, non, zut, ça fait deux mots).

[quote=corpet]doit-on
= (1) éviter d’y pousser les jeunes et interdire la pub (émission télé, films de grimpe…), et
= (2) tenter la désintoxication des malheureux comme toi & moi[/quote]
Alors là, je vais être ferme : on ne doit rien du tout, à chacun de voir ce que ça lui apporte, ou pas. A chacun sa pratique, la mienne n’est pas la tienne (d’ailleurs, c’est un des atouts de la montagne : laisser au voyageur la liberté de l’aborder comme il le sent). Dans mes débuts, j’étais très prosélyte. Je ne le suis plus : ce qui est bon pour moi ne l’est pas forcément pour mes amis. Je conçois tout à fait qu’on puisse s’épanouir dans le ping-pong.

Un peu de psychologie de (très) bas étage, pour finir : heu… comment dire… y’a p’têt’ une histoire de rapport au père là-dessous. Formes phalliques… Austérité, distance… Peut-être qu’avec un père plus « présent », ou plus « démonstratif », j’aurais fait un très bon spéléologue… On est dans les approximations, là, hein, je n’affirme rien…

Posté en tant qu’invité par machin, là…:

Tiens, je viens de « survoler » tes réflexions, et ton premier paragraphe me parle beaucoup (sauf l’histoire de gène… mouarf…).
J’aurais bien deux-trois trucs à plussoyer, mais j’ai pas envie de parler solo ici.
Un autre jour, à un autre endroit, peut-être ?

Posté en tant qu’invité par dhb:

ta question du pourquoi on grimpe ou pourquoi on va en montagne me fait penser à ce que j’avais lu une fois :
si le rossignol savait pourquoi il chantait, il y a de bonnes chances qu’il ne chanterait plus

Et donc si on sait très précisément pourquoi on grimpe, cela suffirait à nous emplir de manière économique ?? … mais c’est peut-être difficile pour le chercheur Denis Corpet de garder une part de mystère dans ce qu’il vit ?? :wink:

Posté en tant qu’invité par dhb:

précision, je crois que la citation plus juste est :

si un rossignol savait pourquoi il chante, il n’éprouverait plus le besoin de chanter

et donc chercher pourquoi on va en montagne, on le trouve en allant en montagne … et un jour en n’y allant plus ?

dhb

pourquoi???

ben parce que…