Posté en tant qu’invité par machin, là…:
Houlala, elle pète le feu Manga !
Pour moi, c’est loin, très loin, d’être évident.
En falaise, peut-être, mais en montagne, j’en chie bien avant de ressentir du plaisir.
La comparaison avec la drogue est peut-être bateau, je ne sais pas, mais pour moi elle est assez pertinente. Un type (louche) avait écrit, naguère, à ce sujet :
« L’alpinisme est une malédiction. Tel le drogué, l’alpiniste se met lui-même dans des situations périlleuses, dont il a parfois le plus grand mal à se sortir sans assistance médicale et/ou héliportée. Pendant que l’homme normal dort, l’alpiniste fait le con, par -20°C, en plein vent, et pourquoi, hein, pourquoi ? Pour épater sa copine ? Même pas : elle le prend pour un fou, et préfèrerais qu’il soit dans son lit, plutôt qu’à 30 km du premier magasin Lafayette. Pour la gloire ? Non plus, la mode est au football. Pour l’argent alors ? Que nenni : c’est très mal rémunéré, un doigt gelé, et l’alpinisme coûte cher, foi de smicard. Alors pourquoi ? Parce que la haute montagne est une drogue, tout ce qu’il y a de plus dure, et que si l’alpiniste souffre là haut, c’est encore pire en plaine. »
C’est provocateur, bien sûr, et à prendre au second degré, mais il y a du vrai, en tout cas pour moi.
Bon, « la drogue », c’est encore trop vague. Pour préciser l’analogie, je dirais que l’alpi se rapproche, pour moi, d’un voyage sous psychotrope :
- la peur avant la prise
- la distonction entre la montée (vers l’extase) et la descente (faite de nostalgie)
- les visions célestes pendant le voyage (à rapprocher des hallucinations)
- la modifications des sensations corporelles (à partir d’un certain degré de fatigue, je ne ressent plus la douleur, et mes pensées s’aèrent, comme dans une séance de méditation post-yoga)
- les effets secondaires, qui se prolongent bien après la prise (une grosse course en montagne me fait de l’effet toute la semaine qui suit : je me sens plus fort, plus calme.)
Il faudrait s’entendre sur ce qui est maléfique, et sur ce qui est bénéfique. C’est forcément subjectif. Et ça peut varier dans le temps.
Il m’est arrivé de penser que j’aurais mieux fait de me mettre au golf.
Mais globalement, je pense que ma pratique de la montagne, même si elle m’abime les genoux et me fait courir des risques, en valait la peine. Ne serait-ce que parce qu’elle m’a rendu un peu moins con, un peu plus sensible à la beauté, en un mot : plus vivant (tiens, non, zut, ça fait deux mots).
[quote=corpet]doit-on
= (1) éviter d’y pousser les jeunes et interdire la pub (émission télé, films de grimpe…), et
= (2) tenter la désintoxication des malheureux comme toi & moi[/quote]
Alors là, je vais être ferme : on ne doit rien du tout, à chacun de voir ce que ça lui apporte, ou pas. A chacun sa pratique, la mienne n’est pas la tienne (d’ailleurs, c’est un des atouts de la montagne : laisser au voyageur la liberté de l’aborder comme il le sent). Dans mes débuts, j’étais très prosélyte. Je ne le suis plus : ce qui est bon pour moi ne l’est pas forcément pour mes amis. Je conçois tout à fait qu’on puisse s’épanouir dans le ping-pong.
Un peu de psychologie de (très) bas étage, pour finir : heu… comment dire… y’a p’têt’ une histoire de rapport au père là-dessous. Formes phalliques… Austérité, distance… Peut-être qu’avec un père plus « présent », ou plus « démonstratif », j’aurais fait un très bon spéléologue… On est dans les approximations, là, hein, je n’affirme rien…