Et voila, c’était prévu,
voici un petit texte trouvé dans le livres d’or du promontoire. Je le tire moi même d’une magnifique histoire « la croix de belledonne » de Pierre Persat http://persat.free.fr/croix.htm, découverte grace à ce forum.
La montagne est le dernier domaine de liberté qui nous reste. On est libre de passer où on veut, de tenter l'aventure qu'on veut, et même de s'y tuer, à la condition de respecter la liberté des autres, de ne pas attenter à leur vie si on y expose la sienne. C'est ce qui lui donne son prix inestimable. Le jour où l'un de ces génies qui nous gouvernent du haut de leurs bureaux dorés de grands fonctionnaires pondra un droit de la montagne, le jour où il le fera voter à la sauvette au petit matin par une poignée de députés présents, ce jour-là on pourra dire adieu à cette liberté. Alors on verra des conneries de ce genre.
Attendu que l'accès normal au refuge passait par la traversée du torrent,
Attendu que pour permettre cette traversée le gardien s'était contenté d'y placer une poutre de bois,
Attendu qu'il était nettement visible qu'un client du refuge, payant sa nuitée, pouvait glisser sur cette poutre et tomber dans l'eau glacée,
Attendu que le gardien n'avait placé sur cette poutre ni rambarde, ni protection d'aucune sorte,
Attendu que de ce fait le plaignant a glissé, est tombé dans l'eau froide et a contracté une bronchite, ainsi que l'attestent les certificats médicaux,
Condamnons le gardien à lui verser la somme de... plus... plus...
Ou alors au Tribunal Correctionnel :
- Vous n'avez donc pas emprunté la voie normale.
- Non, monsieur le Président.
- Vous n'avez pas utilisé un moyen de sécurité, tel un piton ou un anneau de corde, ainsi que monsieur l'expert l'indique dans son rapport.
- Non, monsieur le Président. Mais jamais je n'aurais pensé que mon ami qui était très fort en escalade puisse dérocher à un endroit aussi facile.
- Monsieur l'expert dit qu'il est constant que celui qui mène une cordée en est responsable. A ce titre vous deviez prévoir tout incident qui pouvait arriver. Votre responsabilité est donc en cause. Après consultation , le Tribunal vous condamne à trois mois de prison avec sursis...
" Ou plus simplement, comme dans toute réglementation , :
" Par décret N° 6.998-15 en date du 31 février 1515, il est interdit :
" D'effectuer des sorties en montagne dépassant l'altitude de 2.000 mètres les jours classés rouges par les services de météorologie de la Commission à la Sécurité en Alpinisme et Spéologie,
" D'emprunter toute voie menacée par des chutes de pierre.
" De passer sous des séracs ou dans toute partie de la montagne pouvant être parcourue par une avalanche de séracs.
" De franchir toute crevasse sans être encordé sur un baudrier certifié, au moyen d'une corde certifiée, fixée sur un point d'attache offrant toute garantie de sécurité, conformément à la norme 7.702 bis déterminant la procédure à employer pour le franchissement des crevasses.
" D'effectuer tout rappel d'une longueur non horizontale de 30 mètres.
" D'effectuer une escalade hors des voies certifiées par la Commission à la Sécurité en Alpinisme et Spéléologie.
" D'omettre sur lesdites voies l'utilisation des pitons de sécurité obligatoires, marqués en rouge suivant la norme 12.004 ter,
" D'utiliser des cordes de plus de trois ans depuis la date de leur visa.
" De bivouaquer par une température de - 10° sans vent ou de 0° par vent de plus de 30 kilomètres à l'heure.
" De laisser sans réponse pendant plus de quinze minutes tout appel de contrôle du Centre de Surveillance des Sports Alpestres.
" Etc... Etc...
" Oui, le jour où la réglementation s'abattra sur la montagne, ce jour-là, c'en sera bien fini de notre liberté. Et c'est ce qui arrivera si on est tous assez cons pour laisser faire. A bon entendeur, Messieurs des Clubs et autres fumisteries, salut ! "
écrit par le « corsaire de la rochasse » par un jour de pluie au promontoire